Terre pourpre
de William H. Hudson

critiqué par Falgo, le 7 février 2017
(Lentilly - 84 ans)


La note:  étoiles
Une découverte
Anglais né en Argentine, William Henry Hudson a publié ce roman en 1885. Il s'agit de la chronique, inventée mais également tirée de la vie de l'auteur, des errances d'un dénommé Richard Lamb dans l'Uruguay, "La Bande Orientale", du XIX° siècle. Quittant Montevideo le héros parcourt à cheval de larges parties de ce pays plus ou moins en proie à des révolutions contre le pouvoir central. Richard Lamb fait d'innombrables rencontres, participe à une bataille, rend compte de toutes ses aventures. Ses voyages le conduisent de ferme en ferme où il peut soit passer une nuit, soit rester quelques jours en participant à certains travaux. Chacune de ces visites lui permet de décrire un lieu, une exploitation, une famille, des parents, etc. et de constituer peu à peu une sorte de chronique de l'Uruguay de cette époque. Partant de cette vision d'une nature sauvage peuplée de personnages hauts en couleurs, Hudson en vient à des considérations plus élevées comme celle de la page 2358: "Ô civilisation, avec tes innombrables protocoles, ta pruderie qui flétrit l'âme et le corps, la vaine éducation que tu nous fais donner à nos petits, toi qui exiges que nous allions à l'église en habits noirs, toi qui qui nous inspires la soif antinaturelle de la propreté et nous pousses à conquérir fiévreusement un confort qui ne réconforte point le coeur." Bien des termes employés et des idées sont encore valables pour notre monde moderne.
Chaque histoire est contée rapidement, il n'y a rien en trop et c'est à une sorte d'aventure trépidante que le lecteur assiste. La langue sent un peu le XIX°, mais elle est finalement assez moderne dans sa précision, sa fluidité et une certaine poésie. Loué à l'époque par les plus grands écrivains anglais, de Galsworthy à Conrad, ce roman est une vraie délectation pour qui veut bien découvrir ces aspects de l'Amérique du Sud.