La République territoriale - Une singularité française en question
de Pierre Sadran

critiqué par Veneziano, le 5 février 2017
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
Des singularités et pesanteurs administratives locales françaises
La décentralisation a été difficile à mettre en place et n'est apparue véritablement qu'avec les lois de 1982 et 1983, après plusieurs projets inaboutis, en raison de la lourdeur d'un passé unitaire "jacobin" et des réminiscences du centralisme forcé du régime de Vichy. La tutelle sur les collectivités territoriales a donc sauté, et il a fallu réinventer le rapport entre les services locaux de l'Etat - qui constituent la déconcentration - et ces dernières. Aussi, l'érection des régions comme collectivités à part entière, à compétences propres, a été une innovation. Ces réformes ont apporté leur facteur de complexité, en raison des compétences croisées, des clauses générales de compétences à chaque niveau, auxquels s'ajoutent les intercommunalités.
Le bilan en demi-teinte est régulièrement dressé, tel un marronnier, mais le législateur ne parvient pas à en tirer les conséquences, en raison du lobby départementaliste qui joue contre les régions, malgré les velléités de renforcer ces dernières, et un attachement irrationnel aux toutes petites communes, qui les laissent à un nombre exponentiel (plus de trente-six mille). Ceci est d'autant plus troublant que les Etats voisins se sont réformés en la matière il y a vingt-cinq ans environ.
Ce goût des baronnies locales, avec son lot de compétences croisées, a de lourdes conséquences financières, dont on a du mal à se répartir. Toutes les réformes sont détournées ou inachevées, en raison d'intérêts catégoriels qui ne rencontrent donc pas toujours l'intérêt général.

Ce livre court retrace cette évolution, qui relève plutôt de la stagnation. La prise de distance permet de toucher du doigt la singularité du phénomène de l'évolution de la décentralisation en France et la lourdeur de ses conséquences. Le style est clair et didactique. Comme il s'avère accessible à toutes et tous, il est à recommander, d'autant plus que son thème relève de l'utilité publique. Et son éditeur est public, donc non commercial.