Les frontières de la tolérance
de Denis Lacorne

critiqué par Colen8, le 28 janvier 2017
( - 82 ans)


La note:  étoiles
On les cherche depuis 350 ans…
Il y aura eu des siècles d’atrocités commises au nom des monothéismes les plus répandus à vocation universelle et prosélyte. Les polythéismes de ce point de vue auront été une voie plus facile vers la tolérance. Conséquence des ravages de la guerre de Trente ans qui prit fin par le traité de Westphalie (1648) John Locke fut l’un des premiers à défendre la liberté de conscience comme un droit universel, qu’il transmit aux colonies anglaises de l’Amérique naissante. Plus tard la tolérance religieuse s’inscrivit naturellement dans la philosophie des Lumières, matérialisée par l’œuvre de Voltaire dans ses écrits puis quand il se mobilisa pour l’affaire Calas.
En France comme aux Etats-Unis existe un principe constitutionnel de séparation de l’Eglise et de l’Etat dont découlent ensuite tolérance, liberté de conscience, liberté d’expression. L’interprétation des textes de loi et leurs modalités d’application autrement dit l’interprétation politique et judiciaire de manquements à ces libertés fondamentales diffère entre les deux pays. S’agissant par exemple des codes vestimentaires la tradition jacobine française s’avère plus rigide que le pluralisme multiculturel américain. Repousser les limites de la tolérance vis-à-vis de l’intolérable peut faire progresser une société plus que de multiplier les interdits au prétexte du maintien de l’ordre public.
La notion philosophique de tolérance est une chose, sa mise en œuvre se révèle complexe en fonction du lieu, des circonstances, des époques, des traditions y compris dans les sociétés démocratiques les plus libérales. Aucun régime ne peut se prévaloir d’un modèle universel. C’est ce que montre cet essai en multipliant les exemples dont le moindre n’est pas la tolérance qui a pu être observée dans l’Empire Ottoman.