Blasphemes a Tout Vent et Autres Propos Salaces
de Marc Tilman

critiqué par Débézed, le 27 janvier 2017
(Besançon - 76 ans)


La note:  étoiles
Pour équilibrer la balance
Marc Tilman ne prend pas les lecteurs au dépourvu, il les informe très clairement de ses intentions : il va blasphémer et même blasphémer à tout vent sans retenue aucune et pour que tous comprennent bien sa démarche il s’explique dans un avertissement en forme d’avant-propos. Il a été élevé par une mère très croyante, trop selon lui, qui lui a inculqué la religion comme on fait ingurgiter le maïs aux canards destinés à être sacrifiés sur l’autel des fêtes de fin d’année. Il en a bouffé de la religion, de la religiosité, des bondieuseries, à haute dose et à toute aussi fréquence. La soixantaine se profilant à l’horizon, il en est écœuré à vomir, « La souffrance est parfois intenable ». Alors pour rééquilibrer les plateaux de la balance entre spiritualité et blasphème, il fallait qu’il lâche une grosse, grosse, caisse d’injures, insultes, blasphèmes, obscénités et autres gros mots contre toutes les religions qui sévissent sur la planète et leurs fidèles apôtres, curés, imams ou autres autorités chargées de dispenser la parole dite bonne. Il tire avec sa plume comme un forcené avec sa kalachnikov.

« Que le pape aille se faire mitre ! », pour que l’auteur puisse, sans scrupule aucun, s’adonner aux plaisirs terrestres : « Ma chérie, cette nuit, je lègue mon corps à ta science ». Et même si « Il y a loin de la croupe aux lèvres … Quoique ! », « Elle a donné sa chatte à la langue ». Je suis convaincu qu’il en veut au clergé quand il déclare : « Sans le moindre scrupule, ils ont pris du bon temps et ne l’ont jamais rendu », sans doute l’œuvre de quelque aigri : « Ce pisse-froid a la chaude pisse. Ca ne risque pas de le dérider ! » Quand je dis le clergé, je comprends également les bonnes sœurs qu’il affuble de bien des défauts : « Elle est tellement radine qu’elle use ses strings jusqu’à la corde », « Devant la pâtisserie, ses yeux avides jetaient des éclairs au chocolat ».

Ce ne sont là juste quelques exemples que j’ai insidieusement extraits du recueil pour illustrer à ma façon les propos que l’auteur énonce dans son avertissement, je crois avoir respecté son opinion même si j’ai ajouté quelques adresses de mon propre cru. J’ajouterai encore que les flèches de Marc Tilman ne sont pas toutes destinées aux religions et à leurs apôtres, il a d’autres cibles dans le monde laïc, notamment une dont j’ignore tout sauf la fonction, à qui il décoche une flèche en forme de sandwich beurre cornichon : « Jan Jambon a lu tout Francis Bacon », trop bons l’aphorisme et le sandwich ! Et comme dit notre auteur, comme « Le ver déprimé : « On n’est pas encore sorti de l’aubergine ». ».

Voilà un joli recueil d’aphorismes plein de finesse et d’espièglerie, si l’auteur dit vouloir blasphémer, il le fait toujours sans aucune grossièreté, seulement avec intelligence et malice. Et pour conclure, nous lui laisserons ce serment digne d’un encyclopédiste du XVIII° siècle :

« Je pense que je penserai toujours.
Je crois que je ne croirai jamais. »