Géolocaliser l'amour
de Simon Boulerice

critiqué par Libris québécis, le 23 janvier 2017
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Homosexuel en quête d'amant
Le livre de Simon Boulerice se présente sous deux chapeaux. C’est une œuvre qui épouse le poème comme forme romanesque. Comme pour les autos, c’est un roman hybride. Le lecteur suit les pérégrinations d’un trentenaire homosexuel, l’auteur en l’occurrence, qui court après l’amour. Il veut se présenter comme une pièce de choix au menu du buffet de la baise. Pauvre jeune homme ! La nourriture est tellement en abondance, qu’il ne sait pas quels mets rempliront son assiette d’amoureux pressé. Autrement dit, c’est facile à Montréal de se dénicher un amant d’un soir grâce aux applications qui facilitent les rencontres. Mais l’amant d’une vie est une denrée rare.

Aujourd’hui les quêteux d’amour ne reçoivent pas d’obole à toutes les portes. C’est une époque épique pour ceux qui cherchent à satisfaire leur besoin affectif malgré les moyens qu’offre l’ère de la cybernétique. Simon Boulerice se démène comme un diable dans l’eau bénite pour arriver à ses fins. Mais jamais il ne réussira à mettre la main sur le pain bénit. Déceptions, frustrations, désillusions composent le menu de l’auteur, Il en faut de l’humilité pour affronter la situation, d’autant plus qu’il ne jouit pas d’un corps gracieux qui titille les sens. Il s’offre sur un plat d’argent, mais le client est dédaigneux.

Cette course à l’amant semble caricaturale, mais, dans le contexte moderne qu’est le nôtre, ça calque presque la réalité. Les voyeurs seront déçus. Éros n’a pas été invité au banquet des malaimés. C’est tout simplement l’histoire d’un trentenaire qui cherche désespérément un amoureux. Sa quête l’amène à comprendre l’esseulement des humains malgré toute la technologie au service des rapprochements. Plus que la facilité de rencontrer l’autre, il faut partager les ondes qui assurent la pérennité en amour.

Boulerice lance un cri de désespoir, un SOS, dans un univers de sourds. Vouloir aimer et être aimé ne répondent plus au code de l’humanité. La démarche de l’auteur, qui nous entraîne dans toutes les chambres à coucher, étourdit le lecteur d’autant plus que l’écriture poétique permet d’éviter les parcours linéaires. Ça donne l’impression d’un coq à l’âne qui amenuise la crédibilité de l’œuvre et du héros par le fait même. Ce dernier avec ses pitreries touche finalement très peu les âmes sensibles à la dynamique des homosexuels. Dommage !