Jhen, tome 1 : L'Or de la Mort
de Jacques Martin (Scénario), Jean Pleyers (Dessin)

critiqué par Vince92, le 13 février 2020
(Zürich - 46 ans)


La note:  étoiles
Un nouvel héros martinien
La naissance de Jhen dans les pages du magazine Tintin en 1978 sous le nom de Xan puis Jhen marque une nouvelle évolution de l'univers de Jacques Martin. Désormais, l'auteur prolixe, créateur notamment des séries Alix et Lefranc explore la période du Moyen-âge au travers de son héros, tailleurs de pierre et sculpteur. L'album, qui ne verra le jour qu'en 1984 au Lombard puis chez Casterman débute par la tentative de libération de Jeanne d'Arc à Rouen par un groupe de partisans du Roi de France. Auparavant, ces derniers avaient recruté Jhen, jeune et hardi compagnon travaillant à la cathédrale.
Las... alors qu'ils parviennent à pénétrer dans la cellule de la captive, ils s'aperçoivent que cette dernière a été déplacée discrètement. Elle sera exécutée le lendemain. Le coeur lourd de l'échec de leur mission, Jhen et ses compagnons s'échappent de la ville et rejoignent Gille de Rais, le commanditaire du coup de main. Jhen décide de rester à son service et de retrouver le traître qui a vendu Jeanne aux Anglais. Suit une série de péripéties qui conduisent la petite troupe à Tiffauges, fief de Gilles de Rais dont le lecteur devine avec Jhen qu'il a beaucoup à cacher: quelles sont ces fumées acres qui empestent l'atmosphère la nuit?
Voici un album en demi-teinte avec Jacques Martin au scénario et Jean Pleyers au dessin. Ce dernier s'acquitte de sa tâche avec maestria en offrant un trait classique et détaillé. Les cases de paysages, même si elles sont souvent trop petites sont magnifiques perpétuant une tradition d'excellence dans les décors pour les différentes séries de Jacques Martin.
Le scénario en revanche est beaucoup moins convaincant car il effectue plusieurs fois. Pourquoi par exemple, Jhen décide-t-il d'interpeller le faux évêque alors que Gilles et lui avaient conclu qu'il pouvait le conduire au destinataire de la récompense funeste?
L'ensemble de l'album est dominé par la personnalité de Gilles dont chacun sait combien il est porteur d'une aura négative portée par sa légende noire de tueur d'enfants. Jacques Martin est suggestif, il évoque et le lecteur est glacé par ce qui se trame dans le dos de Jhen, ce héros qui devra sans doute prendre des mesures fortes contre cet homme qui dans la dernière case de l'album réaffirme son amitié.