Flux
de Pascal Garnier

critiqué par Alma, le 13 janvier 2017
( - - ans)


La note:  étoiles
Pauvre riche !
Marc a toujours été un taiseux, un être un peu simplet, influençable, de ceux qu'on peut gruger facilement . Lorsqu’il a gagné au loto, certains en ont profité. Marié à une femme active et ambitieuse, il s'est laissé convaincre de lui laisser son pactole à gérer . Il en est réduit à passer sa vie à ne rien faire, « comme un millionnaire »  S'il sort, les seules personnes qu'il a coutume de rencontrer sont le Pakistanais gérant d'un lavomatic où il se plaît à se laisser absorber par la contemplation du linge qui tourne et, sur un banc, une vieille femme qui fait prendre l'air à son vieux chien puant à l'arrière-train paralysé .

Quand s'ouvre le roman, Marc est amené au « Chateau», un établissement peuplé d'êtres à son image « fossilisés par les médicaments , résignés comme des voyageurs pris dans une grève »
Suite à une grave blessure, Marc a perdu la vue et s'il se mure dans le silence, il représente pour les autres internés  « une sorte de sac à doléances, un coffre-fort à confessions » qui paraît les comprendre sans les juger.
Seules, les promenades dans le parc en bordure d'un fleuve en compagnie d'une soignante lui apportent quelque bien être .
Mais un jour le fleuve «  ivre de lui-même » déborde et va envahir le Château …..

Le roman est constitué d'une alternance de chapitres consacrés au séjour dans l'établissement de soins et de chapitres concernant la période antérieure qui permettent de saisir progressivement la raison de l'internement et celle de la blessure qui a rendu Marc aveugle,.

Il offre un heureux vagabondage dans la vie d'un être en décalage, qui semble flotter à la surface des choses, un nouvel exemple d'anti-héros meurtris par l'existence autour desquels Pascal Garnier construit ses histoires .

Un court roman empreint de poésie, qui oscille entre humour, tendresse et cruauté ,