La consolation
de Flavie Flament

critiqué par Marvic, le 6 janvier 2017
(Normandie - 65 ans)


La note:  étoiles
"La mémoire enfouie"
Flavie Flament est un personnage médiatique à qui tout semble réussir ; professionnellement, elle suit une carrière de journaliste; familialement, elle a deux enfants qu'elle adore ; et physiquement, c'est une superbe jeune femme blonde.
Jusqu'au jour où elle est terrassée par un malaise si violent qu'elle en perd connaissance. Après avoir écarté tout problème médical, le diagnostic est posé : dépression. Commence alors un engrenage de praticiens, de traitements médicaux jusqu'à la rencontre salutaire avec le Docteur G.
Son passé, qu'elle a occulté pendant si longtemps, est responsable de ses pulsions suicidaires.
Alors, elle va raconter son enfance, son adolescence, et dire enfin, ce qu'elle a tu jusque là.
Elle le raconte en alternance avec son présent ; elle parle de Poupette, comme si ce n'était pas elle. Seul procédé qu'elle a trouvé pour tenir à distance ces viols dont elle a été victime dès l'age de 13 ans. Avec l'accord de sa mère, femme malade, perverse, qui vit par l'intermédiaire de sa fille, la vie qu'elle aurait voulue.
"Si j'avais ta gueule, ma pauvre fille… Et si tu avais mon intelligence.. » Tout était dit."

Le début du livre est déroutant ; des phrases un peu chargées, que j'ai trouvées déplacées dans un contexte d'autobiographie, manquant de naturel.
Puis, le témoignage devient plus direct. (remerciements à Grégoire Delacourt ?)
La mémoire étant par nature subjective, il m'est arrivé de douter de certains comportements parentaux, de regretter qu'elle ne garde que les pires de ses souvenirs. Mais aucun doute sur ces viols programmés, organisés, sur sa façon d'y survivre.
Il faudra attendre le travail de son psychiatre pour que les souvenirs remontent à sa conscience mais aussi pour qu'elle se rappelle que non, son enfance n'a pas été qu'une torture, qu'elle a aussi vécu des moments heureux.

L'auteure ne parle pas de sa vie privée, ni de sa vie professionnelle. Je reste convaincue qu'elle n'a pas cherché une quelconque notoriété, mais une reconnaissance de ses souffrances et surtout un témoignage ; car son cas est tristement banal ; le silence, le secret, les tabous , ravagent chaque année des milliers de vies.
Un témoignage que je suppose sincère, loin des polémiques médiatiques, pour rappeler l'ineptie de cette phrase "Elle a tout pour être heureuse". Et je n'ai jamais oublié cette autre célébrité répondant à cette affirmation : "Qu'est-ce que vous en savez ?"

Je souhaite à tous de ne jamais avoir besoin de lire ce genre de livres. Mais j’espère aussi qu'un personnage qui fait la une des magazines "people" sera plus susceptible d'être entendu qu'un essai clinique.
Une petite fille meurtrie 7 étoiles

On vacille entre manque d'amour et méchanceté maternelle.
La mère qui prostitue sa fille pour être heureuse est impensable mais bien réelle dans ce récit douloureux pour Flavie Flament.
Les mots employés sont simples ; ce qui montre la douleur exprimée par une petite fille qui a déjà trop souffert dans la vie.
Quand un enfant est considéré comme une chose, on assiste à toutes sortes de dérives humiliantes.
Entre le viol qu'a subi Flavie Flament enfant et la pression de sa mère, Flavie Flament cherche á se reconstruire.
Ceci est admirable et courageux.
La dénonciation de ce célèbre photographe reconnu violeur par Flavie Flament n'a pas dû être chose facile. Un vrai parcours du combattant qui laisse de terribles cicatrices.

Jordanévie - - 48 ans - 14 janvier 2024