La force du système immunitaire - vers de nouveaux traitements des plus grandes maladies
de Jacques Thèze

critiqué par Colen8, le 2 janvier 2017
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Sacrées lignes de défense
L’immunité biologique, quelle belle invention, n’a pas encore livré tous ses mystères. Alliant stratégie, complexité, réactivité et robustesse, dotée d’une redoutable efficacité, elle s’est construite dans les cellules depuis 3 milliards d’années au fil de l’évolution darwinienne, au gré des échanges de matériel génétique, à la suite de mutations chromosomiques induites selon les cas par l’environnement ou par le hasard des erreurs de recopie lors de divisions cellulaires. Le système immunitaire est un organe réparti dans l’ensemble du corps, au même titre que d’autres systèmes majeurs avec lesquels il collabore : systèmes nerveux, vasculaire, endocrinien, digestif. Sa communication s’opère au moyen d’une sorte de langage tantôt chimique, tantôt physique.
Dans son expression générale le système immunitaire régit trois mécanismes de protection qui s’exercent soit localement par des cellules, essentiellement les lymphocytes, soit par les molécules circulantes que sont les anticorps, principalement immunoglobulines et cytokines. Ces mécanismes peuvent agir ensemble, séparément ou successivement selon la nature de l’agression antigène. Ils se classent en défense innée plus ou moins commune à tous les individus en bonne santé, présente à partir de la naissance, en immunité adaptative transitoire et spécifique déclenchée après une première agression antigène et enfin en mémoire immunitaire dont la réactivité provient de la « sélection clonale » ou multiplication rapide des types de défenses appropriés.
Avant d’être confrontés aux armées du système immunitaire les antigènes ou autres agents pathogènes, bactéries, virus, parasites, champignons, particules plus ou moins toxiques auront dû franchir et déborder les multiples barrières de protection naturelles antiseptiques que sont la peau, les muqueuses buccale et génitale, celles du système respiratoire et enfin la muqueuse intestinale dont les interactions avec le microbiote commencent à être de mieux en mieux interprétées. Les armées en question, leur nature, leurs modes d’action sont utilement répertoriées dans des tableaux synthétiques.
Surprenant par l’étendue de ses fonctions, le système immunitaire l’est aussi par la finesse de ses régulations, celles qui maintiennent l’homéostasie de l’organisme. Point n’est besoin d’en retenir tous les détails pour comprendre les espoirs thérapeutiques attendus de l’immunologie et de son corollaire la vaccination pour vaincre les maladies responsables de dizaines de millions de victimes tous les ans dans le monde, paludisme, tuberculose, sida. Moins mortifères mais néanmoins invalidantes et fort coûteuses pour la collectivité les maladies inflammatoires sont consécutives à des dérèglements d’un système ayant subi trop d’agressions ou atteint par l’âge et le vieillissement. Présents sous une autre forme dans les maladies auto-immunes telles que la sclérose en plaque ou le diabète de type I, ainsi que dans les allergies, ils sont la conséquence d’une hyperactivité non régulée du système immunitaire. L’immunologie, avec elle l’immunothérapie, ces voies porteuses d’espoir confirment la nécessité d’approfondir le corpus des connaissances. Améliorer la tolérance aux greffes, comprendre les intrications neuroimmunologiques, prévenir l’immunodéficience due à certains traitements ou tout simplement au stress sont des champs à creuser pour les disciplines médicales, biologiques et bio-physico-chimiques qui demandent encore bien des recherches, qu’elles soient fondamentales, appliquées et cliniques.