La mécanique du vivant : De la cellule à la pensée
de Jean-Pierre Henry

critiqué par Colen8, le 29 décembre 2016
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Une fabuleuse ingénierie à l’œuvre
Notre avenir se joue sur la connaissance, donc nécessairement sur la recherche qui la fait avancer. Ici il s’agit de l’intérêt stratégique des sciences du vivant au sujet desquelles en quelques chapitres simples et pédagogiques destinés à entrainer l’opinion Jean-Pierre Henry(1) met le projecteur sur la formidable usine automatisée qu’est la cellule, l’une des premières structures au cœur de la biodiversité et de l’évolution du vivant. Ce faisant il retrace depuis l’utilisation du microscope en 1650 la chronologie des découvertes qui permettent d’appréhender toujours mieux la complexité et la diversité « miraculeuses » des organismes dans la nature.
Savoir comment se sont emboitées les différentes fonctions caractérisant le vivant : la respiration, la mobilité, l’énergie, la symbiose, la protection contre les agressions, finalement la circulation d’information qui sous-tend la pensée, toute cette succession d’inventions, de sélections, d’essais et d’erreurs est rappelée au moyen d’exemples métaphoriques quitte à s’éloigner parfois de la rigueur scientifique. Il faut imaginer les armées de robots qui s’affairent au sein de la cellule et avec son environnement, les signaux d’échanges et de déclenchement de réactions tantôt électriques, tantôt chimiques, tantôt mécaniques, tantôt thermiques, les mutations, les clés de reconnaissance entre amis et ennemis, les puissances de programmation, de coordination, de régulation à l'œuvre depuis l’œuf originel jusqu’à la fin de vie.
A côté des craintes légitimes de manipulation prométhéenne sont à considérer les attentes thérapeutiques tout aussi légitimes des patients, de leurs familles et de la collectivité. Après être descendues au niveau moléculaire faisant intervenir la chimie, les sciences du vivant poursuivent à l’échelle nano (milliardième de mètre). Elles élargissent leurs champs de compétences à la physique subatomique, à l’imagerie par IRM fonctionnelle, aux big data des ordinateurs surpuissants. Il reste largement de quoi faire pour attirer les jeunes chercheurs vers des carrières prometteuses et gratifiantes et en même temps convaincre les décideurs d’orienter leurs choix budgétaires.
(1) Normalien, chercheur, enseignant universitaire
Conditions non nécessaires 10 étoiles

page 158 :
".... la probabilité de mutations multiples allant dans le même sens est extrêmement faible.."

Je pense qu'il n'y a pas de "sens" cumulatif en l'occurrence.
Ex : Pour l'allongement du cou de la girafe, simplifions pour souligner le principe et supposons une mutation A et une mutation B.
Ni A ni B ne permettent que les vertèbres s'allongent, ces mutations n'ayant pas de rapport avec la longueur, la souplesse ou une quelconque caractéristique des vertèbres, mais les effets combinés de A et B prennent un sens en rapport avec la condition nécessaire pour permettre cet allongement. Il se peut même que d'autres combinaisons d'effets produits par d'autres mutations que A et B pourraient aussi permettre de produire le même effet, ce qui ne rend pas si improbable qu'ils se produisent dans le temps, surtout s'ils en faut non pas seulement deux mais bien plus. Durant des centaines de générations de girafes ces "incidents" de mutations ne tendent pas vers l'allongement, ils sont simplement enregistrés et ne gênant pas les fonctions actives produites par le capital génétique elles sont transmises de générations en générations sans dommage, peut-être dans l'attente d'un signal qui leur donnera un sens. A quoi servent tous les gènes non codants présents dans le génome ? Ne sont-ils pas des mutations anodines sans productivité immédiate qui attendent peut-être une n'ième mutation pour produire un effet efficace.... ou pas ?
Serge Rochain
srochain@gmail.com

Rochain - - 81 ans - 26 avril 2017