Main basse sur l'information de Laurent Mauduit

Main basse sur l'information de Laurent Mauduit

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités

Critiqué par AmauryWatremez, le 28 décembre 2016 (Evreux, Inscrit le 3 novembre 2011, 54 ans)
La note : 9 étoiles
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L'info aux ordres

Ce que l'on pourrait reprocher à cet ouvrage ainsi qu'à la plupart des ouvrages et sites internet s'affirmant « politiquement incorrects » c'est qu'ils ont parfois tendance à redécouvrir l'eau tiède. Et Mauduit n'y échappe pas. Il expose des faits que tout citoyen éclairé ou un peu lucide, toute personne du « pays réel », connait depuis longtemps. Mais que ce soit lui qui le fasse donne de la solidité à son propos et permet de mettre en lumière le scandale de la censure et l'auto-censure, encore pire, de la chape de plomb idéologique s'exerçant sur la presse en France.



On ne peut pas soupçonner Laurent Mauduit d'être un fasciste, un réac amer, un jaloux tenant un blog caustique pour se défouler car extérieur au « système » des médias. Du moins est-ce que ce que l'on dit d'eux dans les médias traditionnels. Mauduit a travaillé à « Libé », au « Monde », et a été un des fondateurs de « Médiapart ».



Encore une fois, cela fait tout l'intérêt de son livre car c'est dire s'il connaît son sujet de l'intérieur.



Il y dénonce la mainmise des intérêts financiers et économiques de quelques grands patrons et oligarques richissimes sur les journaux français de droite et de gauche, que ce soit Vincent Bolloré, Serge Dassault, Patric Drahi pour la droite plutôt libérale, Xavier Niel, Mathieu Pigasse et Pierre Bergé pour la gauche sociétale, la gauche bourgeoise pédagogue.



Ces personnages ont le véritable pouvoir entre les mains en 2016, celui de l'argent, un pouvoir allant largement au-delà des frontières. Ils ont des relais partout au sein des gouvernements et des partis politiques, des obligés. Ils se fichent complètement de la liberté d'expression ou de celle de la presse en France. La seule chose comptant à leurs yeux est la défense de leurs propres intérêts économiques et de ceux de leur classe hyper-favorisée. Cela passe aussi par la défense de leur vision idéologique du monde imposée dans les médias en favorisant tel ou tel discours au détriment des autres, au mépris du peuple et des angoisses que cette vision très arbitraire peut provoquer.



Ils rajoutent dorénavant à leur avidité matérielle traditionnelle une prétention grotesque à poser aux guides culturels et politiques du monde. Et ils savent aussi que leur domination passe par le contrôle de l'information en 2016 à l'ère des réseaux dits sociaux et du web tout-puissant. Leur vanité à se croire plus légitimes que d'autres pour guider les peuples leur vient de leurs privilèges matériels et de la certitude d'être tous à l'avant-garde du progrès des mœurs. Que la société progresse quant à l'égalité des revenus, l'équité, à la justice sociale ne les intéresse que médiocrement. Cela mettrait en péril leurs affaires, le pain -de plus en plus dégoûtant- et les jeux qu'ils vendent aux petites gens pour les distraire de leur précarisation, les endormir, les laisser dans une apathie intellectuelle propice à leur soumission.



Ils rallongent de temps à autre la longueur de la laisse afin de donner l'illusion de la liberté. Quelques journalistes et éditorialistes sont dans l'emploi du poil à gratter réactionnaire ou révolutionnaire, du contradicteur d'ailleurs persuadé d'avoir un rôle important alors qu'il n'est qu'un comparse. Mais ce n'est qu'un emploi de comédie et rien d'autres. Cela n'empêche pas la connivence, la collusion abjecte dans les coulisses et les vases communicants entre les différents médias. On se garde bien parmi ces littérateurs incorrects de remettre en question l'essentiel et "l'origine du mal" à quelques exceptions notables.



Ce sont eux qui dans les médias leur appartenant quasiment tous, y compris les pseudo politiquement incorrects qui eux aussi pratiquent l'auto-censure, promeuvent l'idée qu'il n'y a qu'une seule politique économique possible, qu'il n'y a pas d'alternative à la mondialisation qui est forcément heureuse pour toute l'humanité. Bien entendu, ils détestent le net et l'expression réellement libre bien que parfois maladroite des internautes, que ce soit des blogueurs, des intervenants de forum, des contributeurs à tel ou tel « pureplayer » ou journal en ligne. Jusque là ils n'ont pas réussi à museler le réseau, jusque là tout va bien mais on peut être à peu près sûr qu'un jour ou l'autre ils y arriveront.

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