Ma voisine a hurlé toute la nuit de Anne-Michèle Hamesse

Ma voisine a hurlé toute la nuit de Anne-Michèle Hamesse

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Kinbote, le 14 décembre 2016 (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (12 610ème position).
Visites : 2 658 

Nouvelles du temps qui passe et de l’amour qui reste

Anne-Michèle Hamesse a l’art de l’incipit qui happe, qui fait mouche pour nous emporter dans ses histoires.

Ce qui frappe à la lecture de ces dix récits, c’est la variété des genres employés, tous unis par une écriture enveloppante, fluide musicale, qui prend les mots dans les rets de ses phrases pour ne plus nous lâcher.

Anne-Michèle Hamesse décrit, à l’instar d’Aragon, l’amour qui n’est pas - ou plus - heureux, des êtres, souvent des femmes, au bout du chemin de l’existence qui trouvent toujours à s’émouvoir, au fond, en ayant troqué des plaisirs vifs contre des satisfactions plus abordables, en savourant mieux le temps qu’il reste. Ce sont des nouvelles nostalgiques dans le bon sens du terme, qui accrochent tant de vives émotions en un temps et un lieu donnés qu’elles nous les rendent précieuses et, finalement, inoubliables.

De ces moments sauvés du tourbillon de la vie et du flux de l’existence, elle fait des histoires à raconter avec un début, un développement et une fin, jamais anodine, toujours surprenante, qui n'excluent pas la poésie ni la sensualité.

Les récits possèdent souvent un retournement, une déviation par rapport à la conclusion annoncée, qui nous montrent que les choses ne sont jamais aussi simples que telles qu’on les présente, avec des "je" qui sont des autres et des tout un chacun qui sont un peu nous-mêmes. Comme la narratrice de la nouvelle éponyme ou celle de "Loterie" qui dénigre la pingrerie de sa sœur, ou encore du couple de "Pas de deux" en vacances de neige dans le Valais Suisse...

Ou bien s’agit de personnages qui retombent sur le sol de leur existence après un envol, un déséquilibre, en (dé)niant parfois ce qu’ils ont appris en traversant les apparences, après un passage par une sentier de traverse ou une voie parallèle comme la Gina d’"Intermezzo" et la Juliette de "La vallée du Kashmir" qui croient comprendre que leur homme la trompe mais feront comme si ce de rien n'était; comme Monsieur Perdange qui fête un 80ème anniversaire de rêve ou Judith découvrant "le papier gris" de son amie Cerise puis l’oubliant, ou encore les spectatrices des films d’amour qui concluent par la voix de l’auteure : « L’amour finit toujours par revenir. Ou alors plus jamais. »

Un recueil de dix récits que je vous défie d'abandonner avant d’en avoir lu tout, jusqu’à la dernière ligne.

La photo de couverture est signée Claire Veys.

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La vie quoi !

9 étoiles

Critique de Nathavh (, Inscrite le 22 novembre 2016, 59 ans) - 25 avril 2017

Chouette recueil de nouvelles à travers dix récits de femmes et de solitudes.
Coup d'oeil dans le rétroviseur : regrets, émois, souvenirs, rêves du passé et tristesse.


La loterie : La vie n'a pas toujours été tendre avec notre narratrice mais là c'est certain tout va changer. Il faut pouvoir saisir sa chance ou pas... Deux vies, deux solitudes, trop peu de dialogues et de communication.
Ma voisine a hurlé toute la nuit : drame de la solitude, n'est pas coupable qui l'on croit
L'anniversaire de Monsieur Perdange : Une tendresse particulière pour cette nouvelle que j'ai adoré, un joli conte érotique.
Pas de deux : amour, passion, destruction. 35 ans de vie commune, 35 ans où ils viennent chaque année à Crans Montana. Décision cruelle.
Coxyde : tout en tendresse, premiers émois, premier chagrin.
Clinique du soleil : passion en soins palliatifs, la vie est parfois cruelle.
Le papier gris : on croit bien se connaître mais on garde son jardin de secret. Bonheur et tristesse. Coup de tendresse pour cette nouvelle.
Un recueil mêlant joie et tristesse, regrets du temps qui passe. Une plume très agréable, fine, élégante agrémentée d'un zeste de joie et de bonheur et d'un petit trait de noirceur.

C'est la vie quoi !

Une chouette découverte ainsi que celle de la maison d'édition "Cactus inébranlable Éditions" , que je remercie pour cette belle découverte.

Ma note : 9/10 ♥

Trop tôt ! Trop tard ! Ailleurs...

8 étoiles

Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 76 ans) - 30 janvier 2017

Je suis sûr qu’Anne-Michèle Hamesse ne m’en voudra pas, si je dis que dès les premières lignes de ce recueil, ma mémoire m’a proposé le nom de celles que j’appelais il y a une ou deux décennie « mes chères vieilles anglaises » (vieilles elles ne l’étaient peut-être pas plus que moi) quand j’ai traversé, dans mes lectures, une période britannique. Ainsi, des noms ont ressurgi dans ma tête : Barbara Pym, Mary Wesley, Muriel Spark, Elizabeth Taylor… avec des souvenirs de lecture très agréables. L’air de rien, derrière un texte bien lécher, elles possédaient la férocité ces braves dames, elles savaient insidieusement distiller le venin, elles connaissaient à merveille le petit monde qu’elles mettaient sur le grill qui leur servait de scène. Elles avaient l’œil infaillible et la plume impitoyable, j’ai retrouvé un peu ces caractéristique dans les nouvelles d’Anne-Michèle quand elle dresse le portrait sans concession de dames plus toute jeunes, pas toujours gâtées par la vie, parfois un peu dans leur petit monde, ailleurs… qui ont des problèmes à régler avec leur entourage, leur histoire, le sort qui leur a été réservé.

Ces héroïnes sont surtout des femmes qui ne peuvent plus supporter la vie qu’elles mènent, elles sont arrivées à un point où il faut qu’il se passe quelque chose, qu’elles prennent leur vie en mains pour remettre leur existence dans le bon sens. Mais, même si elles prennent des décisions irrémédiables, brutales, diaboliques, dignes de Barbey d’Aurevilly, leur férocité se brise souvent les dents sur la carapace des aléas. Ainsi, la petite sœur toujours méprisées n’aura pas la vengeance qu’elle serrait dans sa poche, elle a trop attendu. Trop tôt, trop tard, à contre temps, ailleurs, dans un autre monde, …, elles ratent toujours leur objectif. Ainsi va la vie, c’est le hasard qui tient les cartes dans ses mains, les rêves restent souvent dans le monde fantastique où la magie peut tout changer, mais hélas s’éteignent au réveil.

Anne-Michèle Hamesse voudrait-elle nous faire comprendre qu’il est inutile d’essayer de se rebeller contre le sort qui nous est infligé et que nous devrions tout simplement le subir pour mieux le supporter ? Il est sûr qu’à la lecture de ces nouvelles, on comprend vite qu’elle n’a pas une confiance illimitée en l’humanité qui distille la méchanceté à flots généreux. Elle croit plus dans le sort qui sait coincer le grain de sable diabolique qui dérèglera la machine de n’importe quelle histoire, de n’importe quelle existence.

Avec son style limpide, académique, précis, appuyé sur des phrases plutôt courtes même si elles sont suffisamment longues pour être souples et agréables à lire, l’auteure livre dans ce recueil une dizaine de nouvelles qui démontre ses talents de conteuse. Elle sait très bien raconter les pires histoires, créer des personnages diaboliques, sans jamais sombrer dans la vulgarité ou l’approximatif. En toute innocence, elle peut laisser supposer les pires horreurs comme savais si bien le faire mes « vieilles anglaises ». Il y a aussi dans ses textes très souvent une dimension charnelle qui confère une plus grande véracité aux histoires racontées et une plus grande réalité aux personnages mis en scène. J’ajouterai que j’ai détecté quelques zeugmes du plus bel effet, judicieusement placés comme pour donner encore plus de nerf au texte.

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