Sans terre
de Marie-Ève Sévigny

critiqué par Libris québécis, le 8 décembre 2016
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Combattante écologiste
Marie-Ève Sévigny a brossé un tableau intéressant de ce qui se passe dans la mare aux grenouilles. Dans son eau stagnante, le magouillage échappe aux observateurs pressés. L’auteure vient y débusquer la problématique des travailleurs saisonniers du Mexique embauchés par les maraîchers, en l’occurrence ceux de l’île d’Orléans. Elle ajoute à ce volet la présence d’un oléoduc peu enviable dans le village de Beaumont qui fait face à l’île sur la rive sud.

La trame circonscrit les activités de Gabrielle Rochefort, une combattante écologiste qui croise le fer avec les dirigeants du pipeline. Elle paiera chèrement le prix de son engagement. On incendiera sa résidence d’été en plus d’abattre son amant mexicain, tous les deux à l’emploi de la maraîchère. Le polar est ainsi engagé. Des suspects défilent dans le collimateur. Pour les identifier, il faudra un policier à la retraite qui reprend du galon par amour pour son ancienne amante et il faut aussi compter sur la policière noire affectée à la sécurité des insulaires. La tâche s’avère colossale quand l’auteure mouille sa trame dans l’effluve nauséabonde des politiciens corrompus. Qui a intérêt à ce que les oléoducs serpentent à travers le Québec ? Et quoi de plus simple que de détourner les soupçons vers les travailleurs sans défense venus du Mexique si jamais la criminalité s’invite au concert des magouilleurs !

L’écriture est particulièrement efficace et bien ciselée. Elle prête aussi sa plume à plusieurs personnages qui apportent leur grain de sel à l’échafaudage du récit. Toutes ces voix réunies forment une bonne chorale policière. À lire.