L'espace public : Archéologie de la publicité comme dimension constitutive de la société bourgeoise
de Jürgen Habermas

critiqué par Laphilo, le 6 décembre 2016
( - 41 ans)


La note:  étoiles
Espace public et démocratie
La notion d’ « espace public » a été employée pour la première fois par Habermas dans sa thèse, publiée en 1960, intitulée L’espace public. Archéologie de la publicité comme dimension constitutive de la société bourgeoise, dans laquelle il dégageait, tant sur le plan historique que théorique, l’émergence du principe de publicité. Selon lui, Kant a, le premier, donné à l’espace public « sa structure théorique achevée » dans un texte de philosophie politique, plus précisément dans sa réponse envoyée au journal le Berlinische Monatsschrift, intitulée Réponse à la question : qu’est-ce que les Lumières ? Il s’agit pour nous de montrer à travers l’étude de la notion kantienne de publicité la nouveauté et la radicalité de ce texte, autrement dit en quoi Kant signe l’acte de naissance de l’espace public moderne.

L’Espace public et la philosophie politique

Dans l’héritage de Lessing et de Mendelssohn, Kant définit les Lumières comme la « sortie hors de l’état de tutelle » c’est-à-dire la situation de l’homme hors d’état de faire usage par lui-même de sa raison. Cette condition hétéronome est le fait de l’homme. Or, pour Kant, cet état de minorité n’est pas naturelle : l’homme est doté d’une raison qui lui permet de découvrir des vérités. Cependant si sa raison n’est pas cultivée, il restera en enfance. Ainsi, les Lumières sont précisément un appel adressé aux hommes à devenir majeurs, leur permettant d’accéder à l’autonomie du jugement. Néanmoins ce processus d’affranchissement par rapport aux tuteurs est plus facile à conquérir collectivement qu’individuellement. C’est pourquoi l’éclaircissement progressif d’un peuple est suspendu à une condition : que l’usage public de la raison, la libre circulation des idées et des opinions, de manière orale ou écrite, soit érigé en « droit sacré de l’humanité ». La censure est jugée comme un « despotisme spirituel » qui ne nie pas seulement la liberté de publier ou de communiquer oralement des idées, mais également la liberté de penser puisque, comme nous allons le constater, la raison ne s’élève qu’au contact de celle d’autrui. A partir des « quelques êtres pensant par eux-mêmes », un effet d’entraînement se crée, la libération se propage en cercles concentriques pour atteindre tous les citoyens : le processus est qualifié « d’inévitable pourvu qu’on accorde [au peuple] la liberté ».

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