Soyez imprudents les enfants de Véronique Ovaldé

Soyez imprudents les enfants de Véronique Ovaldé

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Sentinelle, le 25 novembre 2016 (Bruxelles, Inscrite le 6 juillet 2007, 54 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (24 202ème position).
Visites : 2 611 

Avant toute chose, déterminer ce qu’on ne veut pas être

J’apprécie beaucoup Véronique Ovaldé, tant son écriture, sa verve, son humour, sa mélancolie, son originalité et son imagination m’enchantent. Elle manie également avec adresse le mélange des genres : conte, légendes familiales, roman de formation, road movie, enquête, … Sans oublier ses thématiques ou ses obsessions, qui me plaisent également beaucoup : la famille, la filiation, l’héritage et la transmission, la féminité, les rapports de force et de séduction entre les hommes et les femmes, l’emprise et le pouvoir de domination et la nécessité vitale de s’en libérer pour s’accomplir pleinement, quitte à prendre des risques.

Qu’en est-il avec son dernier roman, que certains lecteurs ont accueilli peut-être plus fraichement que d’habitude ? Et bien force est de constater que Véronique Ovaldé m’a une nouvelle fois totalement conquise.

Un rythme enlevé, une alternance de phrases courtes et d’autres plus longues (comme écrites en urgence), l'art de la digression pour un récit foisonnant qui remonte dans le temps, des courts chapitres aux titres plein d’humour et de références (pour en citer quelques-uns : Tout ce que j’ai failli devenir à Paris, Atanasia se croit maline, Des lieux hasardeux où nous sommes nés, Comment échapper au discours de nos mères, De la mauvaise évaluation du puissant, Protect me from what I want, Je serai l’ombre de ta main, Au cœur des ténèbres, Les Dents de la mer, Chacune de mes vertèbres est un récit).

Ne plus passer de divinité en divinité (une mère, un père, un amant, ou comme dans ce roman, un artiste peintre) mais s’affranchir de toute tutelle ou comment s’émanciper des légendes familiales et de l'ascendant maternel et masculin. Un roman qui s’intéresse de très près aussi à la paternité et à la lignée, avec tout ce que cela comporte de fantasmes, de récits transmis de génération en génération, de secrets et de non-dits.

Ce que nous dit Véronique Ovaldé, roman après roman, c’est que la fatalité n’existe pas et qu’il faut oser aller de l’avant en prenant des risques pour rompre les schémas répétitifs de son existence. Car il n’y a pas pire geôlier que soi-même, et l’emprise d’une personne n’est jamais autre que celle que nous voulons bien lui attribuer. Il n’y a finalement aucune malédiction ni de destins tout tracés et il ne faut pas hésiter à bifurquer de chemin pour contrer les déterminismes potentiels. Et ce même si cela ne se fera pas sans épreuve ni sans un sentiment de solitude et d’isolement, pouvant parfois nous mener vers des rivages plus mélancoliques. Mais c’est le prix à payer pour ne plus subir. Je termine mon billet en reprenant l’intitulé du titre d’un chapitre du roman : « Avant toute chose, déterminer ce qu’on ne veut pas être ».

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Séduite par le titre

8 étoiles

Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 65 ans) - 28 janvier 2020

Puis par cette jeune fille Atanasia Bartolome qui s’ennuie du haut de ses treize ans jusqu’à un face à face saisissant avec un tableau de Roberto Diaz Uribe ; une révélation, une sorte de déclencheur dans sa vie d’adolescente bien solitaire entre ses parents et ses poissons rouges.
Auprès de sa grand-mère Esperanza, elle va essayer de reconstituer son arbre généalogique à travers une galerie de portraits aux destins épiques passionnants et tous plus originaux les uns que les autres.
En grandissant, elle poursuivra son enquête sur ce peintre, allant à Paris rencontrer l’étrange Velevine, qui voue à Diaz Uribe une véritable passion.

Contrairement à ce que laissaient penser les premières pages, on ne s’ennuie pas en suivant la vie d’Atanasia (qu’on a tendance, comme Velevine à appeler Anastasia), une adolescente dans toute sa splendeur, tour à tour, exaspérante, touchante, passionnée, passive, égoïste, rebelle…
"J’aimais me trimballer avec un livre sous le bras – cela me donnait ce que ma mère avait toujours appelé une contenance. Et quand je lisais assise dans un square,je m’interrompais pour me dire , Quel plaisir, quel plaisir, ce plaisir est à mettre tout en haut de la liste de mes plaisirs".

Une narration dynamique et drôle, passant du « je » à la troisième personne, interpellant le lecteur qui devient le cameraman imaginaire (et imaginé) d’Atanasia.
Une lecture sympathique.

Une idée fixe à creuser

8 étoiles

Critique de Ddh (Mouscron, Inscrit le 16 octobre 2005, 82 ans) - 4 novembre 2017

Est-ce bien prudents d'inciter les enfants à être imprudents ? La lecture du roman montre que la vie des personnages est bien particulière !
Atanasia Bartolome, 13 ans, a un choc devant une peinture de Roberto Diaz Uribe. Toute sa vie tournera autour de ce peintre qui a mystérieusement disparu. Une belle recherche généalogique qui mène le lecteur dans la phalange franquiste, dans la colonisation avec Pierre Savornian de Brazza, dans l'histoire de l'Espagne, les mœurs de ses habitants, la ferveur basque.
Véronique Ovaldé possède une plume hors du commun : classique selon l'écriture descriptive mais originale et impressionnante dans les dialogues de disputes familiales où l'absence de tirets rend le style particulièrement nerveux.

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