Parcours commando: Le destin exceptionnel d'un soldat des Marines
de Marius

critiqué par LisbethK, le 24 novembre 2016
( - 58 ans)


La note:  étoiles
Parcours commando
Les hommes de terrain ont rarement les mots pour décrire leurs actions.Parfois, les chefs méditent sur l'action passée et à venir. Le simple soldat est souvent silencieux. La rencontre de Marius avec le cinéma, par le biais d'un documentaire: "A l'école des bérets verts", puis d'une fiction "Forces spéciales", où il jouera son propre rôle, y sont sûrement pour quelque chose.

Marius, le pseudo évoque déjà la faconde du personnage. Son récit de vie n'a pas besoin de tournures stylistiques complexes pour exposer un destin singulier. Avec le recul de l'âge mûr, Marius décrit une enfance difficile à Marseille, l'attrait de la délinquance, la rencontre salutaire avec un policier compréhensif qui lui conseille de devancer l'appel pour le service militaire encore en vigueur en ce temps, plutôt que de rester avec ses amis actuels dont une bonne part sont , indique-t-il, aujourd'hui morts ou en prison.
Marius décrit son intégration dans l'unité d'élite des commandos de marine, la difficulté et aussi l'exaltation d'aller au bout de son courage physique, la sélection drastique, l'héroïsme de certains de ses cadres ou camarades et la veulerie de quelques-uns. Il décrit la fierté de son changement symbolique d'identité: il devient Marius, et intègre le commando Montfort en tant que major de sa promotion. Sur 42 postulants, huit auront obtenu le fameux "béret vert"au terme d'un "parcours commando" de plusieurs semaines connu comme un des plus durs du monde.

Marius décrit avec fierté ses agissements en tant que quartier-maître intervenant avec la police militaire à Djibouti, mais aussi ses doutes quand la mission amène à des compromissions impossibles, assistant par exemple en temps que témoin impuissant à une fête en l'honneur de l'excision d'une petite fille.Les missions opérationnelles, encore récentes, sont évoquées de manière brève.
Un commando vieillit vite, Marius devient instructeur. A ce moment prend place une expérience cinématographique qui amène deux univers improbables à se rencontrer et, explique-t-il, à s'apprécier. De mon point de vue, Marius est pourtant peu crédible dans le film "Forces spéciales"du fait de son âge.
Retraité de l'armée, père de famille exerçant un emploi de sécurité, Marius conclut son témoignage par ses doutes. Hanté par les démons de sa jeunesse, il écrit avoir envisagé le suicide et termine en citant le "If" de Kipling. L'homme sauvé par l'action et la fraternité des armes croit également au pouvoir des mots.

Le récit est prenant. Les rodomontades de l'homme d'armes qui s'était cru un destin de caïd n'effacent pas la force du témoignage, qui comporte également beaucoup d'humilité. Je pense que les commandos se reconnaîtront en Marius. Mais aussi tous ceux qui, d'une façon ou d'une autre, ont fait le choix d'aller au bout d'eux-mêmes quel que soit leur domaine.