"Un président ne devrait pas dire ça..."
de Gérard Davet, Fabrice Lhomme

critiqué par Bernard2, le 21 novembre 2016
(DAX - 74 ans)


La note:  étoiles
Champion d'échecs
Un titre maladroit, malheureusement commercial, pour un livre que beaucoup de politiques ou journalistes ont largement commenté sans l'avoir lu (il faut dire qu'il fait presque 700 pages).
François Hollande certes critique abondamment ceux qu'il n'aime pas ou qui l'ont déçu (Cécile Duflot, Arnaud Montebourg, et bien d'autres). Mais ce n'est pas nouveau. Rien qui justifie qu'il « ne devrait pas dire ça ». Sa bête noire reste Nicolas Sarkozy, qu'il déteste, mais avec des arguments : un ego maladif, le sentiment d'être le seul sauveur possible, un comportement compulsif vis-à-vis de l'argent. Extrait du livre : « Nicolas Sarkozy lui détaille les tarifs qu’il pratique, 100 000 à 200 000 euros par prestation. Fait miroiter à François Hollande l’intérêt de cette nouvelle vie : « Alors tu vois, ça dure qu’une heure, on est tranquille, ils paient le voyage… ». Mais François Hollande aurait mieux fait de dépenser son énergie ailleurs, les électeurs se sont chargés d'écarter Sarkozy d'un retour possible.
C'est plus ennuyeux lorsqu'il parle d'Obama, et surtout de Donald Trump. Extrait : « Aux yeux de Hollande, le milliardaire américain, inattendu vainqueur de la primaire républicaine et postulant crédible à la succession de Barack Obama, fait désormais figure de repoussoir absolu ». Aujourd'hui, on connaît la suite. Ces propos sont peu propices à de bonnes relations futures...
En ce qui concerne les prévisions budgétaires, François Hollande est direct : quand on annonce les chiffres, on sait d'ores et déjà qu'ils seront faux. Il s'étonne ensuite de la défiance des Français à l'égard des politiques !
Concernant ceux qui l'ont trahi (Cahuzac, Morelle, etc) Hollande a fait preuve d'une naïveté quasi-enfantine. Dans le livre, il loue la sincérité d'Emmanuel Macron à son égard. On ne peut que sourire, en pensant qu'il devait être le seul alors à n'avoir pas compris...
Les affaires de fraude ayant émaillé le quinquennat amènent de sa part des commentaires ridicules : c'est la preuve que la justice fonctionne bien ! Rappelons toutefois qu'il s'était engagé à mettre un terme à l'immunité présidentielle. Une des nombreuses promesses non tenues. Et lorsque les auteurs du livre abordent ce sujet, il répond de manière évasive : « C’est vrai que c’est quand même très compliqué. Imaginons qu’on la lève : autant d’un point de vue civil c’est facile, autant d’un point de vue pénal c’est compliqué, car cela veut dire qu’un juge peut démissionner un président de la République ». Réponse un peu facile, on en conviendra.
Il semble que la presse ait globalement jugé trop sévèrement son action à l'international : rapports avec Angela Merkel, intervention dans le conflit entre la Russie et l'Ukraine, frappes en Syrie. Chacun jugera, mais le président doit-il être d'abord un globe-trotter ou s’intéresser prioritairement à ceux qui l'ont élu sur des engagements largement oubliés dès le lendemain ?
Car il est manifeste que François Hollande plane sur un nuage, dans un déni permanent, n'ayant aucune idée de ce que vit le peuple français. Le chômage, c'est une statistique, et c'est ennuyeux pour sa cote de popularité. Mais la détresse des familles, manifestement il ne l'imagine pas. Aucun mot sur les salaires plombés, quand, sous un quinquennat annoncé socialiste, l'écart entre les hauts et les bas revenus a explosé.
Bien sûr il a été interrogé sur les attentats, le terrorisme. La réponse est claire : ce n'est pas sa politique qui est en cause. La pirouette est facile.
Que conclure ? Que Hollande n'a jamais eu l'envergure d'un président. C'est un « politique » pure souche, que rien d'autre n'intéresse. Naïf, dépassé par une fonction qu'il n'a pas comprise, il s'est régulièrement enfoncé, accumulant les échecs. Son impopularité est telle que même ses actions positives (nécessairement il y en a) se sont retournées contre lui.
Depuis le début du quinquennat il rêve d'un nouveau mandat. Un rêve de plus...
Bof, bof, bof ! 5 étoiles

Que reste-t-il du quinquennat de François Hollande ? Fut-il vraiment le président le plus impopulaire, le plus calamiteux et le plus insignifiant de la Ve République ? Frais émoulu de l’ENA, il fut d’abord auditeur à la Cour des Comptes, puis chargé de mission à l’Elysée pour son idole François Mitterrand. Elu député de Corrèze en 1988, il fut battu en 1993. Maire de Tulle puis président du Conseil Général, il s’épanouit comme petit potentat local. Il se plaça d’abord dans le sillage de Jacques Delors puis dans celui de Jospin qui l’imposa comme premier secrétaire du PS. En 2006, Ségolène Royal lui brûla la politesse en se déclarant candidate à l’élection présidentielle. Trop commun, trop mou, trop terne, en mars 2011, il ne rassembla que 3% des votes à la primaire socialiste, alors que DSK caracolait en tête. Survint le scandale du Sofitel de New-York. Hollande se relança alors dans la campagne. Discours du Bourget, (« Mon ennemi, c’est la finance ! »). Victoire contre Sarkozy et accession à la magistrature suprême. « Il ne trouve que je suis président », dit-il comme s’il n’en revenait toujours pas ou comme s’il avait conscience de ses limites et de celles de son pouvoir. Et voilà celui que ses adversaires surnommaient Flanby, Pépère ou Culbuto embarqué dans cinq années de crise économique, d’horreur terroriste, d’avancées sociétales discutables, d’augmentation d’impôts, de recul de la démocratie, d’opérations militaires en Afrique et de déliquescence de la gauche. Mais il aura quand même goûté à « la drogue ultime, le pouvoir suprême ». « J’aurais vécu cinq ans de pouvoir relativement absolu », avoue-t-il, satisfait de son bilan.
Quel pensum, la lecture de ce gros pavé de 720 pages tout rempli de politique politicienne, de politicaillerie, de négociations de boutiquiers, de petites manœuvres sans grand intérêt pour l’Histoire. Le lecteur qui attendait des scoops, des révélations fracassantes, de grands coups de projecteurs dans les coulisses du pouvoir en sera pour ses frais. Il n’apprendra quasiment rien qu’il ne sache déjà si ce n’est que Poutine aurait prévenu Hollande que la Grèce avait demandé à la Russie de lui imprimer des drachmes lors de la crise et qu’Hollande se teignait pas les cheveux. L’affaire du mariage pour tous avec ses manifestations monstres à Paris et dans tout le pays est à peine évoquée et juste pour dire combien Christiane Taubira fut efficace et courageuse. Tous les scandales qui entachèrent le quinquennat sont minimisés : Cahuzac n’a eu qu’un « petit souci fiscal », Aquilino Morelle « s’est pris les pieds dans une boîte de cirage », Thomas Thévenoud « était allergique aux impôts », sans parler de Kader Arif, Faouzi Lamdaoui et de quelques autres indélicats. Les deux journalistes du « Monde » auraient pu en apprendre bien plus lors de ces dizaines d’heures d’entretien, répartis sur quatre années et demi et 61 séances. Ils n’en ressortent qu’une tentative ridicule de donner une absolution et presque un satisfécit à un personnage qui abaissa encore plus que son prédécesseur la fonction présidentielle et ne réalisa même pas qu’avec ses dénis de réalité et son manque de respect de la volonté populaire, il ouvrait la route à toutes les dérives autoritaires de son successeur. Rien à garder de ce bouquin, excepté l’anaphore finale en forme de coup de sabot de l’âne. (À lire dans les citations, pour le reste, on peut faire l’impasse.)

CC.RIDER - - 65 ans - 26 décembre 2021


Un quinquennat pour rien ? 8 étoiles

Je ne sais pas si ce livre, comme l'indique la couverture, est une affaire d’État. C'est pour moi plus une accroche marketing pour faire vendre. Alors qu'il n'en a pas besoin. Un livre sur les années Hollande, en soi, c'est intéressant. Le monde va tellement vite, la France de Macron n'est plus celle de Hollande qui n'était plus celle de Sarkozy et ainsi de suite, c'est bon de se poser et il fallait bien huit cent pages pour retracer ce quinquennat hors normes.

Hors normes pour un président se voulant normal pendant sa campagne. C'est paradoxal. Avant de s'attaquer sur le fond, j'ai été surpris de le voir autant s'épancher auprès des journalistes. On dirait qu'il n'a fait que ça pendant cinq ans ! Déjà qu'un quinquennat, c'est court... Et encore, les deux auteurs, Davet et Lhomme, affirment qu'il s'est sûrement entretenu avec d'autres qu'eux. En clair, s'il avait peut-être travaillé un peu plus et parlé un peu moins...

Je suis méchant mais j'aime bien Hollande. C'est un brave type. Ils disent qu'il n'a pas de casserole et c'est vrai. Si on le compare à tous les présidents depuis Giscard, aucun n'est épargné...

C'est ce côté débonnaire qui l'aura perdu finalement. Déjà, son élection due à un concours de circonstances. C'était Strauss-Kahn qui aurait dû y aller. Est arrivé ce qui est arrivé. Hollande démarre à 3 %. Il remporte la primaire puis bat Sarkozy. Première erreur de sa part. Croire qu'il y avait un désir de gauche. Les gens ne voulaient plus de Sarkozy, de sa vulgarité, son goût pour le pouvoir, pour l'argent. Ce n'est pas pareil.

Une campagne, c'est bien beau. Il y a eu son discours du Bourget où il a pu enflammer les foules. Mais le propos dominant de Davet et Lhomme, c'est qu'en fonction, il n'y sera jamais arrivé. Il aura vendu du rêve parce que c'est la campagne qui l'exige. Une fois en place, il est piégé. Isolé à l’Élysée. Seul. Et là, c'est le ciel qui lui tombe sur la tête. La liste est longue.

Il est confronté à la hausse du chômage consécutive à la crise de 2008 qui s'éternise. Hollande fait, en plus, la promesse folle d'inverser la courbe d'ici fin 2013. Las. Elle mettra trois ans. Au revoir la crédibilité. Ce sera son boulet. Ce ne sera pas le seul, en réalité.

Il doit composer avec un gouvernement de sensibilités différentes. Duflot, Montebourg, Taubira. Concrètement, les écolos et l'aile gauche du PS. Jamais, il ne sera parvenu à les faire travailler ensemble. Le nombre de couacs est hallucinant. Je comparerai ça à un entraîneur de football. Si on veut qu'une équipe ait des résultats, il faut que tous les joueurs tirent dans le même sens. Là, ce n'était que des buts contre leur camp... Le Premier Ministre est censé servir de bouclier. Il n'en a rien été. Ayrault aura été beaucoup trop terne. Quant à Valls, il avait fait 5 % à la primaire socialiste...

Tout le début du quinquennat, grosso modo jusqu'au tournant social-libéral de 2014, est considéré comme raté par Hollande lui-même. Quant au changement d'orientation comparable à celui de 1983, il ne sera pas compris par l'opinion. Ce qui aboutira à la loi Travail de 2016 et au blocage du pays pendant six mois. On ne peut pas blâmer les Français. Ce n'était pas dans son projet présidentiel.

Le projet. C'est ça qui aura manqué à Hollande. Les auteurs avancent tout ce qui lui a manqué justement. De la préparation alors que la gauche avait quitté le pouvoir depuis 2002. De la pédagogie. Une vision à long terme. Hollande ne sera jamais parvenu à se glisser dans l'habit présidentiel. Un habit probablement trop grand pour lui. Tout juste pourra-t-il se consoler en se disant qu'il ne l'aura pas davantage sali.

Ce qui ne veut pas dire qu'il n'aura pas eu de fulgurances ici ou là. Globalement, sa politique étrangère aura été réussi : organisation de la COP 21, le Mali, l'entente avec l'Allemagne, le sauvetage de la Grèce. Si malheureusement il aura eu sous sa présidence les pires attentats depuis la Libération, il se sera comporté en ces tristes occasions en vrai chef d’État... le temps de quelques jours. Une fois l'émotion passée, le quotidien reprend ses droits : les difficultés économiques, la montée du FN, les défaites électorales.

C'est difficile de détester Hollande comme c'est difficile de détester Chirac. Il a cette humanité que n'ont pas Sarkozy et Giscard d'Estaing. Comme Mitterrand, il aura été confronté à des problèmes économiques l'ayant empêché, je pense, d'appliquer vraiment ses idées. C'est quelqu'un de passionné par la politique, d'intelligent, de cultivé, connaissant ses dossiers. Un gestionnaire. D'ailleurs, le bouquin se termine sur les mots de Mitterrand : "après moi, il n'y aura plus que des comptables". Sous entendu, tout se joue à Bruxelles désormais. Le président français a moins la main qu'auparavant.

Il est plus complexe qu'il n'y paraît et peut-être que dans quelques années, pour lui aussi, on se dira que ce n'était pas si mal à son époque. Je ne veux pas forcément le réhabiliter mais c'est une autre conception du pouvoir qu'un Macron. Plus calme, plus tranquille. Peut-être pas adaptée à notre époque tout simplement.

Incertitudes - - 39 ans - 27 février 2020


Mémoires de Saint-Simon ? 8 étoiles

Non ce ne sont pas les mémoires de Saint-Simon relatant la vie au siècle du Roi Soleil, mais tout de même on y pénètre avec un certain plaisir comme ces voyeurs autorisés à contempler l'exercice du pouvoir des puissants ou tout du moins de ceux qui croient l'être.
François Hollande, être complexe et secret, n'est pas si simple à aborder et comme nombre d'hommes, son enfance peut aider à saisir la quintessence de sa personnalité.
Livre un peu long il est vrai, surtout quand les auteurs nous immergent dans les arcanes de l'économie, cette religion moderne du consumérisme ambiant.
Les scènes du quotidien, les rapports humains, les réflexions des uns et des autres sont passionnants.
Toutefois n'oublions pas que si la critique est aisée, l'art est difficile.
Les Français restent un peuple complexe et fort délicat à diriger.
Ce bout de continent au climat changeant causé par une façade maritime importante explique peut-être la folie qui déjà du temps des tribus gauloises expliquait le malin plaisir à se diviser pour mieux se détruire.
Tout est là et rien ne change. Ces Français restent unis dans la division comme le constatait déjà un De Gaulle.
Livre à lire pour comprendre qui est qui et qui fera quoi désormais que l'ère Hollande semble révolue, quoique ???

Angel54 - - 70 ans - 25 mai 2017


vachard, mais efficace 7 étoiles

Moi non plus je n'aime pas beaucoup le titre racoleur. Et c'est vrai qu'on a un peu trop tapé sur ce pauvre Hollande.
Cela dit, personne ne l'a forcé à devenir président, et il devait quand même savoir à quoi s'attendre. Et ce livre fait ouvrage de salubrité publique, il y a des choses que le public a le droit de savoir

Jeanno67 - - 43 ans - 29 décembre 2016


Livre polémique politique 7 étoiles

Après la polémique engendrée par ce livre, j'ai voulu me faire mon idée, moi qui suis plutôt apolitique.
Ça se laisse lire, mais c'est un peu long, et oui près de 700 pages.
La politique avec ses coups bas et ses retournements de veste, mais ça on le savait déjà.

Free_s4 - Dans le Sud-Ouest - 49 ans - 26 décembre 2016


Un Président trop bavard 7 étoiles

Que ce livre est long.... les auteurs auraient pu écrire la même chose avec moitié moins de pages.
Je suis assez désemparé par le Président Hollande. Outre ce qui a été largement commenté par la presse les divulgations du Président sont hallucinantes : la règle des 3 % doit simplement être annoncée, chacun sait qu'elle ne sera pas tenue, aucune prise en compte de la compétence pour faire un gouvernement (seuls comptent les équilibres de la composante majoritaire, la parité, ....), .....
Les auteurs nous affirment souvent avoir en face d'eux un être intelligent et stratège.... mais aucune phrase prononcée par François Hollande ne vient confirmer cette affirmation. On est très loin d'un de Gaulle, d'un Mitterrand, d'un Jaurès, Blum ou Clemenceau ou même d'un Buisson (voir ma critique).... Cet homme est une belle illustration du principe de Peter. En espérant que le/la suivant(e) redore le blason de cette auguste fonction de Chef de l'Etat.

Fredericpaul - Chereng - 62 ans - 10 décembre 2016