Le goût du baiser d'un garçon
de Mikael Niemi

critiqué par Jeparo, le 2 avril 2004
(Bruxelles - 59 ans)

La note: étoiles

Que du bonheur!

Extraordinaire roman sur l'enfance et l'adolescence de deux garçons vivant dans la profonde campagne du nord de la Suède. A peine se sont-ils rencontrés que les événements rocambolesques se succèdent à bon rythme. Voyage improvisé en avion, apprentissage d'une langue qu'eux seuls comprennent jusqu'au jour où un prêtre africain débarque dans le village... Nous ne sommes qu'au 2ème chapitre et nous avons déjà ri abondamment! Ce n'est pourtant qu'un début.
Matti et Niila se découvriront une passion pour le rock'n roll et monteront le groupe de rock le plus boîteux des années '60 (mais aussi le plus inoubliable pour nous lecteurs).
On assistera aussi à quelques mémorables réunions de famille où les vantardises entre hommes, les beuveries, les défis et les disputes iront crescendo vers des conclusions désopilantes.
Dans ce grand nord, les rites de passage sont eux aussi pittoresques : chez Matti, on lui transmet ce qu'il faut savoir quand on est un homme (mais ça n'a rien à voir avec ce que l'on imagine!!); chez Niila, l'ambiance est plus tragique et si on ne commet pas un véritable meurtre ( freudien) du père, on n'en est pas loin.
Le 4ème de couverture évoque Göran Tunström qui nous a hélas quittés mais en effet ce n'est pas un coup de marketing : le burlesque cède le pas aux scènes touchantes (ah! la timidité des adolescents!) pour retomber ensuite dans le cocasse. Je parierais gros que John Irving adorerait ce roman.

Un beau livre du grand nord...
Un livre extrêmement captivant ; on le lit vraiment tout de respire. Il ouvre un monde méconnu, terres perdues aux limites de l'extrême Nord, terres de frontière, entre Suède et Finlande, les habitants de lesquelles sont trop finlandais pour se sentir entièrement suédois et trop suédois, pour pouvoir se définir des finlandais. Avventures et # ébauches # de vie recomptées avec la passion et la nostalgie de celui qui a passé les instants plus charmés de sa vie, ceux de l' enfance, à # boire # légendes, à dilater des sensations et des émotions, le tout exprimé avec une façon d' écrire attrayante, riche de métaphores, mais au même temps crue et coupante, parfois comme cette glace qui fait de contour à la vie quotidienne. Quelques descriptions, comme cette du # dégèle # ou de l'arrivée de la musique rock, qu'il bouleversera la vie des jeunes protagonistes, sont vraiment extraordinaires. Et, à ne pas sousestimer, le # légèreté # et le humor qui flottent, de toute façon, sur toutes les pages C'était ma fille me l'avait conseillé , passée la licence dans Littérature scandinave, mais moi je craignais de m'embarquer dans une prose lourde, lointaine de mon genre. Rien de tout ceci je dois dire que dans quelques passages il me rappelle même la prosa de Niccolò Ammaniti, que j' aime beaucoup ! Une curiosité: pourquoi le titre français ne respecte pas le vrai sens du titre original ? "Musique rock de Vittula" ??? ( que je trouve beaucoup plus apte à l' ésprit du livre!! ) ;-) Leslilas - Como_ Italia - 66 ans - 26 février 2006

Drôle et absurde
De nombreux écrivains ont revisité leur enfance et leur adolescence, ici l’originalité de cette auto-fiction provient d’une vision ludique de la Suède rude et froide des années 60s. Chaque chronique révèle un épisode loufoque de la vie de Matti. L’humour cache parfois le tragique. Après tout, ce n’est pas vraiment rigolo de se retrouver les lèvres collées à une plaque commémorative congelée? Ou suer jusqu'à l’épuisement pour rester le dernier dans un sauna? Niemi possède une plume fringante et un sens inné du rythme lui permettant de garder l’intérêt du lecteur malgré le manque d’intrigue. L’approche est crue et résolument masculine. Mais, quoi qu’il en soit, le charme bien scandinave, empreint de nostalgie et d’humour, rend les moments les plus cruels parfaitement digeste. Aaro-Benjamin G. - Montréal - 54 ans - 12 décembre 2005