Homicide, une année dans les rues de Baltimore 01. 18 janvier - 4 février 1988
de Philippe Squarzoni

critiqué par Hervé28, le 9 novembre 2016
(Chartres - 54 ans)


La note:  étoiles
Un polar trop classique
Sans le jury auquel je participe pour désigner la meilleure bd de l'année, je n'aurai sans doute pas prêté une attention particulière sur cet album.
Le pitch en quatrième de couverture souligne que ce récit policier est très éloigné des feuilletons américains que l'on connait. Je n'ai pas ressenti cette impression, au contraire. Au travers de ce documentaire en bd, j'ai retrouvé les stéréotypes des séries américaines policières: du policier chevronné et sage (Addario) au flic de terrain aguerri (Landsman), en passant par le pistonné (Pellegrin)qui se révèle un excellent enquêteur, rien de neuf sous le soleil de Baltimore.
Le dessin de Squarzoni est très bon , voire un peu froid.En prenant le parti d'une voix off quasiment tout au long du récit, l'aspect documentaire et froid est accentué.
Bref, je suis sans doute passé à côté de quelque chose, mais en tout cas je n'ai pas envie de connaître la suite.
Dans les rues assassines de Baltimore 8 étoiles

Après une échappée peu concluante vers la fantasy (« Mongo est un troll »), Philippe Squarzoni revient à un genre qu’il affectionne et pratique avec talent : le documentaire. De son trait sobre et réaliste, il met en images les textes - très bien écrits - de l’auteur américain, toujours avec ce même sens du découpage et de la précision affutés, nous faisant pénétrer un univers urbain à la violence sous-jacente, loin des clichés hollywoodiens et autres flics à Miami… Le quotidien de ces flics est plus dominé par la routine que par les poursuites en voitures (ou même à pied), inexistantes ici. D’ailleurs, reflétant bien tout cela, la colorisation a été réduite à un niveau quasi-monochromatique dans une palette désaturée, à l’exception du rouge pour les tâches de sang, ce qui permet de mieux se concentrer sur le propos. Ici, nous sommes à Baltimore, grande cité portuaire du nord-est des Etats-Unis qui n’invite pas spécialement au rêve. Et comme on est dans un documentaire, c’est une voix off qui accompagne la narration la plupart du temps, les dialogues restant assez rares. On y apprend qu’une enquête est souvent un travail de longue haleine (quand le meurtre est un « whodunit », à l’inverse d’un « dunker »), avec des indices souvent peu nombreux et durs à déchiffrer, et qu’il faut toute l’intuition et la persévérance de ces hommes pour identifier les assassins, face à la pression de la hiérarchie.

« Homicide » saura passionner tous les adeptes de séries et de romans policiers, plus particulièrement ceux privilégiant l’intellect à l’action pure. Et malgré cette impression d’inertie visuelle, l’auteur sait insuffler ce qu’il faut de tension pour retenir le lecteur, fasciné par un univers où la mort semble s’amuser d’une partie de cache-cache interminable. Projet à la fois ambitieux et minutieux de Squarzoni, cette série est prévue en cinq tomes.

Blue Boy - Saint-Denis - - ans - 15 avril 2017