L'année stratégique 2017 - Analyse des enjeux internationaux
de Pascal Boniface

critiqué par Colen8, le 9 novembre 2016
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Violences et chaos d’un côté, multipolarité et « smart powers » de l’autre
C’est la synthèse annuelle des analyses géopolitiques et des statistiques sur l’état du monde de cette collection*.
La présidence d’Obama s’achève sur une note jugée positive par les observateurs, mais suscite dans l’opinion américaine la crainte d’un déclassement relatif**. Obama a privilégié un ordre mondial multipolaire en renonçant au traditionnel rôle de gendarme attendu des Etats-Unis. Le réchauffement des relations avec Cuba, la signature de l’accord sur le nucléaire iranien, le ralliement à la COP21, le désengagement d’Irak avant la reprise des frappes aériennes sur Daech, les tentatives de normalisation diplomatique avec le Vietnam et la Birmanie sont à mettre à son actif. Sur le plan intérieur la croissance et l’emploi sont repartis à la hausse, le maintien de sa réforme-clé du système de santé « Obamacare » dépend d’une victoire démocrate à la présidentielle.
Partout dans le monde le climat anxiogène dû au terrorisme, les conflits armés demeurent, pendant que se multiplient les « smart powers » faites de diplomatie, de rayonnement culturel, d’aides au développement. A long terme le sujet le plus grave devient le changement climatique. Le ralentissement de la croissance en Chine, le redéploiement de ses investissements sur le marché intérieur déstabilisent le Brésil et avec lui l’ensemble latino-américain auxquels s’ajoutent la faillite politique des régimes « progressistes » tels celui du Venezuela. Parallèlement les cours du pétrole maintenus volontairement bas par l’Arabie Saoudite ne favorisent ni la transition énergétique, ni les investissements. Les mêmes facteurs affectent le continent africain fragilisé en plus par la menace climatique sur ses ressources en eau. L’accord mondial de la COP21 signé à Paris fin 2015 est à rapprocher des émissions de CO2/hab. (en tonnes) : plus de 40 au Qatar, plus de 20 dans les autres pays du Golfe, 17 aux Etats-Unis, inférieures à 0,2 pour chacun des 20 pays les plus sobres (tous en Afrique hormis le Laos, le Népal et le Timor-Leste), ce qui est un comble.
Les données démographiques mondiales rapportées aux PIB ont peu changé sur un an***, si ce n’est une poussée africaine de 50 millions d’habitants. Celle-ci provoque l’afflux des migrants vers une Europe dans laquelle 13 pays enregistrent un taux de mortalité supérieur au taux de natalité : Allemagne, pays Baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie), Balkans (Bosnie-Herzégovine, Croatie, Serbie), Europe centrale (Bulgarie, Hongrie, Roumanie), Europe du Sud (Grèce, Italie, Portugal). Une même inversion mortalité/natalité qui s’observe dans trois pays de la CEI (Biélorussie, Moldavie, Ukraine) ainsi qu’au Japon, est sur le point de se produire en Pologne qui a perdu des habitants.
En France peu d’objectifs économiques sont atteints, que l’on considère la croissance, le déficit public, le chômage, hormis le record à 16 milliards d’euros pour les commandes militaires à l’export. Notre classement s’en ressent : toujours 6ème en PIB mais 25ème en PIB/habitant en parité de pouvoir d’achat, recul au 20ème IDH (indice de développement humain), dette publique de 95,6% du PIB (+3,6%).
*Les analyses et commentaires géopolitiques portent sur l’année prenant fin à mi-2016. Pour des raisons d’homogénéité et de cohérence les fiches statistiques des pays (plus de 190) fournissent les chiffres 2014 en dollars.
**Crainte confirmée par l’élection du nouveau président républicain
***Comparaison avec les statistiques de la précédente édition.