Sous le regard du loup
de Gilles Laporte

critiqué par Deashelle, le 4 novembre 2016
(Tervuren - 15 ans)


La note:  étoiles
Cherchez le bouc émissaire
Découvert aux Editions Presses de la Cité depuis le 26 février 2016 voici "Sous le regard du loup", un roman-fable de Gilles Laporte qui contribuera peut-être à notre art de vivre et nous défendra , espérons-le, des peurs qui nous hantent et nous habitent.

Tout ne commence-t-il dès le plus jeune âge avec la fameuse peur du loup, celle des voleurs, celle du ou de la yucky-thing-under-the-bed? Plus littérairement, avec les peurs de la Mare au diable, de la bête du Gévaudan, du poulpe géant des Travailleurs de la mer, sans compter les innombrables peurs bibliques. La très celtique fête d'Halloween, devenue américaine, puis revenue aux pays, est à nouveau dans nos paysages depuis quelques décennies, pour libérer les hantises accumulées, à force de monstres, sorcières ricanantes et toiles d’araignées stupéfiantes. Ce qui est sûr c’est qu’on se précipite à tout âge sur le premier bouc émissaire venu, pour y déposer le poids de nos peurs: ouf! on respire, l’irrationnel a été terrassé comme le dragon sous le glaive de Saint-Michel!

Dans cette histoire de gueux et de châtelain étranger au village, située… au siècle passé, Gilles Laporte s’est donc attaqué avec humour et pédagogie au concept qui fait tout déraper et nous enferme si aisément dans la peur de l’autre, sachant que de toutes les peurs, les peurs collectives sont les pires et se propagent à la vitesse de la peste.

La fable commence par un fait divers. Claude est un joyeux paysan dans le cœur des Vosges. Lors de sa visite quotidienne à ses brebis, il découvre un matin son troupeau sous le choc et huit de ses plus belles bêtes, éventrées. Les autorités du village sont alertées. On crie très vite au loup car d'autres massacres se déclarent dans le pays. La presse locale, gourmande de sensations, s'engouffre dans la panique générale et attise savamment la folie de vengeance. le village est sur pied de guerre! On va débusquer le mal, tuer la bête. La recherche ardente de bouc émissaire part tous azimuts. En cette année de grâce 1977, la France entière s’émeut au fil des reportages audio-visuels sur les mystérieux carnages. Le curé tire la couverture à lui et en profite pour pointer le châtiment divin. Les femmes de tout poil s’en mêlent, et Gilles Laporte rit dans sa barbe. Marie, la fille de Claude, étudiante en philo à Nancy, vient soutenir sa famille désespérée. La galerie de portraits du village gronde de colère, d’impuissance ou de bêtise.
A l'acharnement contre « la bête », la vaillante Marie oppose la raison. Les études de philo se montrent plus efficaces que les battues de chasseurs sanguinaires. Elle mène sa propre enquête et dénoue le mystère.

Gilles Laporte n’écrit pas pour passer le temps. Dans sa verve inimitable, le conteur aborde ce Moselle-gate dans une langue pétillante, pétrie d’ironie et de sens pittoresque. Il fait fleurir les thèmes qui lui sont si chers comme son attachement à la région qui l’a vu naître, son amour de la nature et l'environnement, son admiration légendaire pour la femme qui s’instruit, sa réflexion morale et citoyenne et sa répulsion devant les jugements expéditifs... et les appétits financiers modernes.
Long, si long... 4 étoiles

Dans un village de Lorraine, en 1977, des brebis ont été attaquées et égorgées. Les journalistes viennent enquêter et le village est en émoi. Marie, la fille de la famille paysanne touchée, revient au pays de ses études de philosophie pour épauler ses parents. Mais les méfaits de la bête continuent. Les différentes traques permettront-elles de trouver le loup qu'on accuse de ces crimes ?
Gilles Laporte excelle à créer des atmosphères de campagne, dotée de personnages bien typés. Toutefois, je trouve que dans ce roman, il se répète (ex. dans les mets proposés par la Générale à ses convives). L'histoire présente beaucoup de longueurs et manque cruellement d'actions et de rebondissements.
L'auteur met en garde contre les rumeurs, montre une presse peu scrupuleuse, uniquement préoccupée de vendre le plus de tirages possible. Il reprend également des thèmes qui lui sont chers comme des pamphlets politiques dont je raffole peu.

Pascale Ew. - - 56 ans - 13 novembre 2016