L'impossible exil, Stefan Zweig et la fin du monde
de George Prochnik

critiqué par Veneziano, le 29 octobre 2016
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
Les tourments d'un écrivain hanté par les conflits
Stefan Zweig décide de quitter l'Autriche, alors qu'il apprécie tant le mode de vie de cette Vienne cosmopolite, intellectuelle et paisible. Les Juifs y sont menacés. De plus, la probabilité de l'Anschluss, l'avènement des régimes autoritaires en Italie et en Espagne, l'indifférence que procure l'état des affaires intérieures autrichiennes n'arrangent rien à l'état d'esprit ouvertement hostile de l'environnement de Zweig. Il part avec sa compagne en Amérique, naviguant entre New York et le Brésil, en Petropolis et Rio de Janeiro, pays où il finit sa vie en se donnant la mort.
Cette biographie décrit ce sentiment angoissé d'exilé, ces immenses regrets de tout perdre et de ne détenir aucun avenir, malgré le plaisir de la douceur et de la beauté des paysages qui l'entourent, notamment au Brésil. Il est condamné à contempler de loin un monde qui s'écroule, cette sanction indue s'avérant fatale à l'auteur.

Ce livre est sombre, beau et pudique, même s'il livre des renseignements personnels sur la vie en exil de l'écrivain. La place de l'écriture et son évolution y sont décrites. Son rôle d'intellectuel tente d'être maintenu. Les hommages et intérêts dont il fait encore l'objet sont restitués. Personne ne maîtrise ce qui peut advenir, ni en géopolitique ni de manière plus spécifique le concernant. Cette instabilité traverse tout le livre et cette existence.
Savamment proche et distancié tour à tour, cet ouvrage s'avère très enrichissant et détaille. Il vaut bien la peine, et sa lecture n'est en rien vaine, par ces moments également troublés.