Chroniques de Pékin
de Olivier Vatine, Collectif (Scénario et dessin)

critiqué par Blue Boy, le 27 octobre 2016
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
Le manhua en forme olympique
Il y a dix ans déjà, dix auteurs de Pékin ont conçu chacun un court récit sur leur cité. A l’image de la mégapole asiatique, un ouvrage bigarré, donnant un bon aperçu de la diversité du 9ème art chinois.

Tout doucement, le manhua fait son nid sur les hautes branches de l’international. A l’honneur l’an dernier au festival d’Angoulême, la BD chinoise pourrait bien finir par concurrencer le manga japonais. On s’en rend compte de façon flagrante avec cet ouvrage, les bédéastes chinois ont un style beaucoup plus riche et diversifié que leurs homologues nippons. Peut-être est-ce dû au fait que ce mode d’expression n’a pas encore atteint la notoriété suffisante là-bas. D’ailleurs, l’Empire du milieu ne dispose pas encore d’ « usines à BD », ce qui ne peut être qu’appréciable pour nous autres, bédéphiles européens…

Toutefois il faut avouer, sans vouloir être trop sévère, que ce qui est présenté ici est assez inégal. Mais certains sortent vraiment du lot, en particulier Nie Jun, avec une petite histoire pleine de poésie (« Poisson ») et un dessin tout en rondeur assez proche du roman graphique à l’européenne, ou encore Song Yang avec sa « Ligne 104 », qui frappe par son style moderne et recherché, sorte de patchwork graphique flamboyant mêlant arts pictural et numérique.

De cet ouvrage collectif, la qualité narrative n’est pas ce qui ressort le mieux, car il est évidemment difficile de se faire un véritable jugement avec des histoires aussi courtes. Et là encore, on passe de la fluidité à l’abscons.

Les Jeux olympiques de 2008 en préparation constituent la toile de fond commune à tous ces récits. A défaut de contestation, ou alors une contestation très discrète (que l’on peut aisément comprendre), on pourra trouver comme un vent de fraîcheur dans ce recueil très varié. Le manhua a seulement profité de l’euphorie des JO pour tenter d’accroître sa notoriété hors de ses frontières, et c’est bien légitime. Il n’était pas question d’étouffer l’oisillon dans l’œuf en publiant un brûlot politique dans un pays totalitaire où la liberté n’est que celle d’entreprendre.