La manufacture des belles enveloppes
de Chris Oliveros

critiqué par Blue Boy, le 27 octobre 2016
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
Ma petite entreprise (connaît la crise)
Un fabricant d’enveloppes artisanal, au bord de la faillite, est sur le point de fermer son atelier. Les machines sont usées et l’argent manque pour les réparer. Que faire quand toutes les portes se ferment et qu’il ne semble y avoir aucune issue ?

Étrange ce petit OVNI n&b au graphisme minimaliste, pas très engageant de prime abord. D’une ligne claire géométrique, il représente des humains un peu figés, comme désincarnés, dans un univers urbain et industriel que l’on pourrait situer dans les USA des années 50. L’introduction du récit et les vignettes en contreplat résument d’ailleurs assez bien l’ensemble de cet ouvrage qu’on peut qualifier d’expérimental, où l’on voit des machines et des paysages urbains vides de toute présence humaine. L’homme ici n’est qu’un faire-valoir, victime d’une époque qui change à toute allure, où les modes de production vite désuets sont mis au rancart, emportant avec eux leurs utilisateurs.

Cette histoire de faillite est aussi intemporelle dans le sens où elle nous parle aussi de notre époque, où pour survivre il faut sans cesse s’adapter à un monde sans pitié. Jack Cluthers, le patron de l’entreprise, confronté à la baisse des ventes, ne peut plus joindre les deux bouts. Alors que toutes les solutions semblent épuisées, la détresse finira par le pousser au suicide. C’est alors que le récit va prendre une tournure poétique, avec un « saut de l’ange suspendu » qui risquerait bien d’être sa planche de salut…

Chris Oliveros, éditeur canadien indépendant de bandes dessinées (Drawn and Quarterly) a certainement voulu mettre en pratique son amour de la bande dessinée. Avec « La Manufacture des belles enveloppes », nul doute qu’il y a mis un peu de son expérience personnelle, lui-même étant vraisemblablement confronté aux grandes maisons d’édition. Si son livre comporte quelque intérêt graphique et poétique, le récit, même s’il est vite lu, reste tout de même un peu balourd et parfois confus. Soyons magnanime, on a dit que c’était de l’expérimental…