L'âge d'or
de Pierre Herbart

critiqué par Cyclo, le 7 octobre 2016
(Bordeaux - 78 ans)


La note:  étoiles
l'âge de la pureté
Pierre Herbart nous livre un regard d'une pureté absolue sur ses amours de jeunesse.
Ça commence ainsi : "À seize ans, j'aimais les filles. comme j'étais beau, elles me le rendaient bien. cela dura jusqu'au jour où je m'aperçus que leur plaisir ne ressemblait pas au mien".
Pendant l'été de ses dix-sept ans, il rencontre Alain, son amour de vacances en bord de mer du Nord, et qui mourra tragiquement, Puis Lucienne, pour laquelle il écrit (trente ans après) : "Aujourd’hui encore, je ne puis penser à elle sans estime. C’est un sentiment dont je ne suis pas prodigue". Les visites au bordel le laissent de marbre : "c’est que la vue de la chair si généreusement exposée m’invite à la chasteté". Quand il décide qu'il va vivre pour écrire, il fuit Paris et Lucienne, rencontre Pétrole, le jeune marinier, avec qui il participe à des bagarres mémorables : quand ce dernier le blesse, "je ne lui en voulais pas du tout : la rancune est un sentiment qui m’est étranger, surtout envers ceux que j’aime", Puis, à la campagne, il aime Auguste, le jeune paysan. plus tard, un jeune saltimbanque gitan, Pedro, puis les jeunes Provençaux du village où il trouve à se loger, Bruno, Pascal et Mathieu (ce dernier, son grand amour après Alain, meurt tragiquement aussi), enfin en Corse, Micha le Russe, tous en général plus jeunes que lui de quelques années. des amours pures et sans chichi, aux joies limpides, dues à leur commune jeunesse. : "Parce que nous étions semblables et que l'un pouvait voir réfléchi dans le regard de l'autre l'éclat d'un même désir et d'une même tendresse, la démesure de l'amour nous était épargnée".
Évidemment, le livre pourra choquer les chantres des bonnes mœurs et de la prétendue normalité, et ceux qui voient le mal partout. Je persiste à penser que la finesse de la langue, l'élégance des sentiments évoqués, notamment de l'amour, en font un chef d'œuvre d'une grande pureté. Albert Camus, le présentant à sa sortie écrivait : c'est "un livre pur qu'on ne voudrait mettre qu'entre des mains nettes". On ne saurait mieux dire.