The Girls de Emma Cline

The Girls de Emma Cline
(The girls)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Killing79, le 27 septembre 2016 (Chamalieres, Inscrit le 28 octobre 2010, 44 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (22 864ème position).
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Innocence et insouciance

Présentation de l'éditeur (extrait)
Nord de la Californie, fin des années 1960. Evie Boyd, quatorze ans, vit seule avec sa mère. Fille unique et mal dans sa peau, elle n'a que Connie, son amie d'enfance. Lorsqu'une dispute les sépare au début de l'été, Evie se tourne vers un groupe de filles dont la liberté, les tenues débraillées et l'atmosphère d'abandon qui les entoure la fascinent. Elle tombe sous la coupe de Suzanne, l'aînée de cette bande, et se laisse entraîner dans le cercle d'une secte et de son leader charismatique, Russell.

Mon avis: Le cas Charles Manson fait encore beaucoup parler aujourd’hui. Pour preuve, deux livres lui sont consacrés en cette rentrée littéraire: Le « California Girls » de Simon Liberati se focalise sur les crimes perpétrés par la famille Manson, tandis que « The girls » s’intéresse plutôt au contexte historique.

Si le thème du livre vous rebute parce que vous craignez d’assister à des effusions de sang et des scènes atroces, ne craignez rien, ce n’est pas du tout le but de l’auteure. En effet, Emma Cline utilise l’histoire de ces crimes comme prétexte pour nous parler d’une époque. On suit les péripéties d’Evie Boyd, jeune fille un peu désenchantée, comme beaucoup d’adolescents à un son âge. Son foyer familial n’est pas des plus stables elle est donc blasée et en recherche de fantaisie. La rencontre avec Suzanne, fille rebelle qui dégage un sentiment de liberté, va être une bouée de sauvetage à laquelle elle va s’accrocher.

Grâce à cette histoire, j’ai été transporté dans l’Amérique des années 70. L’auteure a su parfaitement recréer l’atmosphère d’insoumission qui régnait à ce moment-là. Dans ces circonstances particulières, ce roman nous parle surtout de l’adolescence et de sa fragilité. Sans véritables repères, les jeunes gens, d’une grande naïveté, sont influençables et certaines personnes peuvent en profiter. L’admiration d’Evie pour Suzanne, va la pousser à tout faire pour lui plaire. Elle va alors se retrouver bien malgré elle dans l’engrenage de la secte dirigée par le charismatique Russell. C’est donc un roman sur la liberté et l’innocence, qui mal encadrées, peuvent conduire à une fin tragique.

Pour son jeune âge, Emma Cline manie une plume de très haut niveau. Le style est en même temps soutenu et envoûtant. J’ai ressenti tout le travail que ce livre a dû lui demander afin de retranscrire au mieux l’ambiance de l’époque. En alternant entre passé et présent, elle nous prouve que le monde a changé mais que les comportements puérils se perpétuent. Elle fait du même coup une entrée fracassante dans le monde littéraire, avec ce roman universel sur la jeunesse, que j’ai trouvé à tous points de vue fascinant !

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Les éditions

  • The girls [Texte imprimé], roman Emma Cline traduit de l'anglais (États-Unis) par Jean Esch
    de Cline, Emma Esch, Jean (Traducteur)
    Quai Voltaire
    ISBN : 9782710376569 ; 21,00 € ; 25/08/2016 ; 336 p. ; Broché
  • The girls [Texte imprimé] Emma Cline traduit de l'anglais (États-Unis) par Jean Esch
    de Cline, Emma Esch, Jean (Traducteur)
    10-18 / 10-18
    ISBN : 9782264066336 ; EUR 8,10 ; 17/08/2017 ; 360 p. ; Poche
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The girls

8 étoiles

Critique de Hcdahlem (, Inscrit le 9 novembre 2015, 64 ans) - 5 octobre 2016

Après California Girls de Simon Liberati, l’actualité de cette rentrée littéraire nous permet de découvrir un second roman inspiré de l’un des fait divers les plus spectaculaires de l'histoire américaine. Avec The Girls, l'Américaine Emma Cline – qui avait 25 ans lorsqu’elle a écrit ce premier roman – bénéficie toutefois d’une aura bien différente de celle de l’écrivain français. Les droits internationaux du roman se sont en effet arrachés dans quelque 34 pays et un producteur de cinéma s’est déjà réservé l’adaptation du livre.
En France, ce sont donc les éditions de la Table Ronde qui ont fait le pari de miser sur cette nouvelle étoile montante aujourd’hui installée à New York. L’avenir dira si le jeu en valait la chandelle, mais il faut bien reconnaître que le récit de l’errance d’Evie mérite le détour.
À 14 ans, le personnage principal vit un moment clé de son existence. Celui où son corps change, celui où on commence à s’imaginer un avenir. Mais plus qu’un roman de formation, nous avons droit à une plongée dans cette période historique qui a durablement changé l’Amérique, voire le monde. Avec ce point culminant que constitue le massacre sanglant perpétré par un petit groupe de partisans de Charles Manson – principalement des jeunes filles – et dont sera notamment victime Sharon Tate, l’épouse de Roman Polanski, alors enceinte. Mais plutôt que de se livrer à une reconstitution historique des faits, Emma Cline a choisi de nous raconter comment on en est arrivé à cette extrémité.
Mais revenons à Evie. La jeune fille n’a qu’une piètre opinion d’elle-même : « Mes parents, bien qu’absorbés l’un et l’autre par leur monde, se disaient déçus, peinés par mes médiocres résultats. J’étais une fille moyenne, et c’était là leur plus grande déception : il n’y avait aucun éclat de grandeur en moi. Je n’étais pas assez jolie pour justifier de tels résultats, la balance ne penchait pas assez franchement du côté de la beauté ou de l’intelligence. Il m’arrivait d’être remplie de bonnes intentions, de vouloir m’améliorer, de m’appliquer, mais évidemment, rien ne changeait. D’autres forces mystérieuses semblaient s’exercer. »
Le divorce qui suit ne va pas arranger les choses. Du coup, elle passe beaucoup de temps avec sa meilleure amie Connie, s’intéresse aussi un peu au frère de cette dernière et tente, notamment en feuilletant la collection des revues de son père, de faire son éducation sexuelle.
Tout bascule quand Connie décide de prendre ses distances. Comme sa mère ne s’intéresse en premier lieu qu’à sa propre personne, elle cherche refuge auprès d’un groupe constitué autour d’un chanteur charismatique du nom Russell.
Mais davantage que le musicien toujours à la recherche d’une reconnaissance, c’est Suzanne qui attire Evie. La jeune femme de 19 ans l’entraîne vers sa première expérience sexuelle en compagnie du musicien.
Dans le ranch où la communauté séjourne, les journées défilent. Entre les expéditions pour trouver de la nourriture, la consommation de drogue et d’alcool et une oisiveté qui semble être le but suprême, il y a de la place pour quelques leçons dispensées par le «gourou», mais aussi pour fomenter quelques mauvais coups. Après avoir trouvé de l’argent dans la famille, dans celle des copains et visité la maison de voisins, Evie est confiée aux bons soins de son père et de sa belle-mère. Mais, après quelques jours, elle s’enfuit pour retrouver Suzanne.
Lorsqu’elle rejoint le groupe, elle n’imagine pas ce qui se trame. Pas plus qu’elle ne comprendra pourquoi elle n’a pas participé à cette sortie, ni même comment la police a mis tant de temps à découvrir la vérité.
Avec le recul nécessaire pour comprendre le jeu de domination, la dynamique de groupe des Girls et la machinerie infernale qui s’est alors mise en marche, l’auteur prend ses distances avec l’adolescente qu’elle était alors. Une époque qu’elle a traversé sans vraiment comprendre pourquoi et comment, un peu paumée.
Les style rend du reste admirablement ce décalage. Le monde que nous décrit Evie balance entre l’innocence de l’enfance, les aspirations de l’adolescente et la recherche d’un sens à la vie, toujours sur le fil du rasoir.
C’est sans doute cette fragilité qui fait de ce roman une œuvre étincelante et magnétique.
http://urlz.fr/4b0R

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