Petit pays de Gaël Faye

Petit pays de Gaël Faye

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Hcdahlem, le 20 septembre 2016 (Inscrit le 9 novembre 2015, 64 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 17 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (752ème position).
Visites : 9 318 

Petit pays

« Je tangue entre deux rives, mon âme a cette maladie-là. Des milliers de kilomètres me séparent de ma vie d’autrefois. Ce n’est pas la distance terrestre qui rend le voyage long, mais le temps qui s’est écoulé. J’étais d’un lieu, entouré de famille, d’amis, de connaissances et de chaleur. J’ai retrouvé l’endroit, mais il est vide de ceux qui le peuplaient, qui lui donnaient vie, corps et chair (…) Je pensais être exilé de mon pays. En revenant sur les traces de mon passé, j’ai compris que je l’étais de mon enfance. Ce qui me paraît bien plus cruel encore. »
C’est sans doute ce constat qui a poussé Gaël Faye à nous proposer ce premier roman sensible. L’occasion pour lui de redonner vie, corps et chair à son enfance et à nous, lecteurs, de découvrir un pays et une histoire aussi joyeuse que dramatique, aussi lumineuse que troublante.
Gabriel a 10 ans, il est le fils d’un entrepreneur français et d’une mère rwandaise et se retrouve au Burundi où la ville est belle. Bien sûr, la famille est éclatée, mais les tracas du quotidien se limitent au vol d’un vélo, l’épisode le plus terrifiant qu’on lui raconte est celui de la circoncision des cousins. Mais quand on vit sur une faille sismique, il ne faut pas s’étonner des secousses. Qui ne vont pas tarder. D’abord au sein même de la cellule familiale : « Oui, ce fut notre dernier dimanche tous les quatre en famille. Cette nuit-là, Maman a quitté la maison, Papa a étouffé ses sanglots, et pendant qu’Ana dormait à poings fermés, mon petit doigt déchirait le voile qui me protégeait depuis toujours des piqûres de moustique. »
Petit à petit, il va voir s’éloigner le petit bonheur dans le petit pays. Déjà on évoque la guerre civile, les risques de coup d’Etat. Quand on jour deux élèves se bagarrent dans la cour d’école, Gabriel comprend la réalité du pays : « J’ai découvert l’antagonisme hutu et tutsi, infranchissable ligne de démarcation qui obligeait chacun à être d’un camp ou d’un autre. (…) La guerre, sans qu’on lui demande, se charge toujours de nous trouver un ennemi. Moi qui souhaitais rester neutre, je n’ai pas pu, J’étais né avec cette histoire. Elle coulait en moi. Je lui appartenais. »
Sans vouloir se départir du ton léger propre au narrateur de 10 ans, l’auteur pressent que les exactions qui lui sont relatées, la façon dont son père s’isole pour écouter la radio ou encore la manière dont les policiers rançonnent les chauffeurs des véhicules qu’ils contrôlent ne laisse présager rien de bon : « Un spectre lugubre s’invitait à intervalle régulier pour rappeler aux hommes que la paix n’est qu’un court intervalle entre deux guerres. »
Alors que les bruits de bottes et celui des tirs d’armes automatiques se rapprochent, il trouve refuge dans les livres, grâce à une voisine aussi généreuse que visionnaire, et dans l’écriture, en envoyant des lettres magnifiques à sa correspondante française.
Gaël Faye signe ici un premier roman épatant dont la musique est bien plus enlevée que ces symphonies classiques qui marquent chaque coup d’Etat. C’est son cœur qui parle plus que sa raison. Et ce par là qu’il nous émeut, nous touche, nous emporte. Que ses réflexions qui semblent à priori empreintes de naïveté nous donnent la clé d’un conflit aussi sanglant : «Je n’avais pas d’explications sur la mort des uns et la haine des autres. La guerre, c’était peut-être ça, ne rien comprendre.»
http://urlz.fr/462T

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Récit bouleversant

9 étoiles

Critique de Ichampas (Saint-Gille, Inscrite le 4 mars 2005, 60 ans) - 11 décembre 2021

Gael FAYE rend un bel hommage à son petit pays, le Burundi. Gaby nous raconte cette enfance, heureuse puis bouleversée par la guerre qui s’achève sur l’exil en France, un récit bouleversant.

Un premier roman réussi pour Gaël Faye

9 étoiles

Critique de Cédelor (Paris, Inscrit le 5 février 2010, 52 ans) - 8 mars 2021

Une magnifique histoire d’humanité aussi belle que tragique. Voilà comment je qualifierai ce petit livre qui raconte une touchante histoire, celle d’un petit garçon de 10 ans, né d’un père français et d’une mère rwandaise Tutsie, confronté à une réalité qui devient trop grande pour lui dans le petit monde où il a grandi, un quartier de Bujumbura, capitale du Burundi, au centre de l’Afrique. Au début, il a une vie normale, avec ses copains du quartier. Il joue avec eux, va à l’école française, fête son anniversaire, se fait voler son vélo, souffre de la séparation de ses parents. Une vie d’enfant comme une autre, ou presque, plutôt privilégiée. Puis peu à peu, les haines ancestrales entre Hutus et Tutsis font sombrer son pays dans la guerre civile, alors que le pays jumeau voisin, le Rwanda, explose dans l’horreur du génocide. Et la vie insouciante qu’il a toujours connu glisse peu à peu dans l’insécurité, la peur et la terreur, tandis que les violences gagnent la capitale et finissent par le toucher personnellement.

L’auteur a réussi là son premier roman. Une histoire d’un abord simple, d’une écriture facilement accessible, qui raconte la vie comme elle est au Burundi, à l’africaine, avec ses joies et ses peines et qui est composé de façon à monter crescendo jusqu’à la fin. C’est efficace, c’est sensible, c’est humain et c’est triste. Gaël Faye, un nom à suivre. S’il en écrit d’autres, de romans, j’en serai preneur !

Grand drame

7 étoiles

Critique de Romur (Viroflay, Inscrit le 9 février 2008, 50 ans) - 16 août 2020

Le génocide rwandais a éclipsé les violences ethniques symétriques qui au même moment ont secoué le voisin burundais.
Gaël Faye nous fait voir à travers le regard d’un enfant métis (père français, mère rwandaise réfugiée au Burundi) la montée des tensions puis l’explosion de haine qui a dévasté les existences, même les plus favorisées : Le génocide est une marée noire, ceux qui n'y sont pas noyés sont mazoutés à vie. Pas de voyeurisme, pas de simplisme : des rumeurs que l’enfant perçoit entre un jeu et un chapardage, les réflexions des adultes, la montée de la peur, puis la violence qui fait irruption. Malgré, ou peut-être grâce à ce regard, pas de simplisme ni de manichéisme dans la présentation du drame
La langue utilisée est simple, la complexité syntaxique limitée, mais les descriptions et les images viennent efficacement faire vivre une ambiance, donner à voir les paysages, faire sentir les rapports entre les personnages. Pas un très grand livre donc, mais un très bon premier roman pour traiter d’un sujet oh combien douloureux.

Destructions

8 étoiles

Critique de Elko (Niort, Inscrit le 23 mars 2010, 47 ans) - 9 septembre 2018

Les événements tragiques du Burundi ont été largement occultés par le génocide Rwandais. Gaël Faye y revient avec sensibilité et intelligence. Au travers des souvenirs d'un enfant, il parle du racisme quotidien, des violences ethniques, des cicatrices de la colonisation, des familles déchirées dans cet imbroglio de l'Afrique des Grands Lacs.

Sur ce sujet, l'émotion et l'humanité de "Petit Pays" contre balance bien l'écriture plus factuelle d'un ouvrage de Hatzfeld.

Tendresse et cruauté

7 étoiles

Critique de Bernard2 (DAX, Inscrit le 13 mai 2004, 74 ans) - 1 avril 2018

Livre tendre et touchant, où humour et drames sont entremêlés.
Gabriel nous parle de sa vie de tous les jours, des anecdotes et des bêtises que peut faire un enfant de son âge. Puis tout bascule dans le cauchemar d'une guerre atroce. Ce monde des adultes, ce monde de haine et de sang va gâcher une belle innocence pour faire place à l'horreur indicible provoquée par des hommes d'une cruauté sauvage.
Un premier roman dont on ne sort pas intact.

Témoignage de guerre

8 étoiles

Critique de Killing79 (Chamalieres, Inscrit le 28 octobre 2010, 44 ans) - 19 janvier 2018

La rentrée littéraire 2016 a vu débarquer un livre sorti de nulle part. « Petit pays », premier roman de l'auteur, compositeur, interprète Gaël Faye a créé un raz de marée en remportant plusieurs prix littéraires et en enthousiasmant la critique. J'ai profité de sa sortie poche pour me faire mon idée.

Gaël Faye se met dans la peau d'un enfant afin de nous narrer de l’intérieur, l’arrivée de la guerre civile qui a décimé un peuple du Burundi. Le lecteur est donc mis en situation par l'intermédiaire de deux éléments : La naïveté de l’enfant et la dureté des événements. Toute la beauté du texte réside d'ailleurs dans ce mélange de genres. On suit les pérégrinations de Gabriel avec ses préoccupations de gamin mais on sent bien la guerre et ses violences en toile de fond. Cette manière de raconter permet d'aborder ce thème douloureux avec un peu de légèreté sans toutefois éluder les faits.

Ce roman parle aussi de la différence et du rejet de celle-ci. Quand on voit que des habitants d'un même pays, de même couleur, sont capables de se détester sur des questions de physiques ou d'origines, on n’est pas vraiment surpris de constater que la peur de l’étranger est immortelle et universelle. En période de crise, le repli sur soi est une arme de défense qui divise les gens. Il faut choisir son camp et ça débouche sur des carnages. Ce livre en est le parfait témoignage.

Gaël Faye signe un beau premier roman. Sans jamais tomber ni dans le pathétique ni dans le morbide, il met en lumière un épisode dramatique que l'on connait peu. Je regrette seulement que l’ouvrage soit un peu court. Son manque de consistance risque de ne pas laisser de traces dans ma mémoire. Malgré ce petit regret, je conseille cette lecture qui est nécessaire pour l’Histoire et traitée de belle manière par un écrivain plein d'avenir.

la guerre vue par des enfants

9 étoiles

Critique de Pierraf (Paimpol, Inscrit le 14 août 2012, 66 ans) - 12 novembre 2017

J'ai mieux compris grâce à ce livre les fondements de la haine raciale entre Tutsis et Hutus.
Cette période violente est vue au travers des yeux de gamins, ce qui lui donne un éclairage différent à la fois attendrissant, humoristique et effroyable.
Aux images de violence se mêlent des amitiés et des drames familiaux.
Très chouette petit livre, que j'ai dévoré. Je connaissais et j’appréciais Gaël Faye en tant que rappeur, je découvre un écrivain fin et subtil.
C'est un livre à faire lire par tous les mômes de notre pays pour mieux comprendre pourquoi il y a des gens qui sont prêts à mourir pour émigrer vers nos contrées.

un peu déçue quand même

6 étoiles

Critique de Odile93 (Epinay sur Seine, Inscrite le 20 décembre 2004, 69 ans) - 9 octobre 2017

Je n'aurais certainement pas été déçue par ce livre si je n'avais auparavant lu aucun livre traitant du génocide des Tutsis mais dans ma bibliothèque, il y avait " Une saison de machettes" de Hatzfeld pour la description des faits et également une histoire d'enfants au Rwanda qui m'avait beaucoup plu et émue, je veux parler de "La femme aux pieds nus" de Scholastique Mukasonga.

Alors oui, l'histoire de ces petits garçons témoins de cette violence est attendrissante et terrible mais je n'ai pas terminé ce livre.

Par contre, je comprends que ce livre ait remporté le prix des lycéens car il est écrit dans un langage simple, parle d'enfants auxquels les jeunes peuvent facilement s'identifier.

Le temps du bonheur, le temps d'avant...

8 étoiles

Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 65 ans) - 9 octobre 2017

Gabriel est un petit garçon heureux entouré de sa sœur Ana, sa maman Yvonne, superbe femme rwandaise et son papa Michel "petit français du Jura".
La séparation de ses parents, un choc qu'il ne comprend pas, marquera la fin de ce bonheur.
Laissé volontairement dans l'ignorance par son père, Gabriel ne semble pas concerné par ce qui se passe autour de lui ; il lui faudra attendre d'être au collège pour comprendre que rien n'est simple, pour découvrir que les élèves Hutus et Tutsis ne se mélangent plus. Puis, ce sont les tueries, les massacres.

Récit instructif, intéressant, mais surtout très touchant que ce point de vue d'un enfant vivant au cœur du génocide, entre drames familiaux et politiques, perdant ses amis, ses repères.
Par petites touches, par scènes, Gaël Faye témoigne de la montée du drame décrivant merveilleusement cette phrase prononcée par Donatien, un employé de maison :
"Le bonheur ne se voit que dans le rétroviseur".

"Quand on quitte un endroit, on prend le temps de dire au revoir aux gens, aux choses et aux lieux qu'on a aimés. Je n'ai pas quitté le pays, je l'ai fui. J'ai laissé la porte grande ouverte derrière moi, et je suis parti, sans me retourner. Je me souviens simplement de la petite main de papa qui s'agitait au balcon de l'aéroport de Bujumbura."

Crescendo littéraire

8 étoiles

Critique de Papyrus (Montperreux, Inscrite le 13 octobre 2006, 64 ans) - 12 septembre 2017

« Le génocide est une marée noire, ceux qui n'y sont pas noyés sont mazoutés à vie ! »

Ce roman est construit comme un crescendo littéraire. De cette insouciance de l’enfance passée dans un pays où règne l’harmonie familiale, le Burundi, on saisit tous les parfums. Avec Gabriel, on partage ce quotidien fait de petits bonheurs même si la vie n’est pas toujours simple et que les tensions conjugales l’assombrissent parfois. Au fil des chapitres, L’auteur nous fait ressentir l’infâme engrenage de la violence haineuse et ses manifestations de plus en plus palpables. La multiplication des événements inquiétants avec une surenchère des actions violentes viennent peu à peu impacter le monde protégé de Gabriel et sa perception du monde, modifiant son rapport aux autres, proches, amis, membres de la famille et parents. Le piège se referme. Le jeune métis ne pourra pas échapper à l’horreur du génocide.
Ce livre, émouvant, drôle, plein de fraîcheur et de spontanéité, devient peu à peu sombre, dense et tragique, particulièrement intense et déchirant dans les dernières pages et jusque dans ses dernières lignes.

"Petit pays" de Gaël Faye : élixir de plume

9 étoiles

Critique de Lettres it be (, Inscrit le 7 mai 2017, 29 ans) - 23 mai 2017

L’écriture, aussi légère puisse-t-elle être, pèse parfois aussi lourd que le plomb. Avec « Petit pays », Gaël Faye fait vivre le génocide rwandais à travers les mots de Gabriel. Faire exister un récit là où tout a disparu. Pour l’auteur né au Burundi, cet écrit n’est jamais une complète autobiographie. L’auteur raconte plus qu’il ne se raconte. Des phrases qui virevoltent, des mots qui s’entrechoquent, des sonorités qui s’accomplissent … Ce roman récompensé par le Goncourt des lycéens 2017 catapulte son auteur au rang des Grands discrets. Quand écrire devient une prouesse, et lire un voyage.

// « C’est chaque fois la même chose, le jour de mon anniversaire, une lourde mélancolie s’abat sur moi comme une pluie tropicale quand je repense à Papa, Maman, les copains, et à cette fête d’éternité autour du crocodile éventré au fond du jardin … » //


# La bande-annonce

(Quatrième de couverture) : Avant, Gabriel faisait les quatre cents coups avec ses copains dans leur coin de paradis. Et puis l’harmonie familiale s’est disloquée en même temps que son « petit pays », le Burundi, ce bout d’Afrique centrale brutalement malmené par l’Histoire.

Plus tard, Gabriel fait revivre un monde à jamais perdu. Les battements de cœur et les souffles coupés, les pensées profondes et les rires déployés, le parfum de citronnelle, les termites les jours d’orage, les jacarandas en fleur … L’enfance, son infinie douceur, ses douleurs qui ne nous quittent jamais.


# L’avis de Lettres it be

Avant de devenir cet auteur allègre et brillant, Gaël Faye est un musicien acharné, un équilibriste des mots. Il est à l’origine de nombreux morceaux de rap aux sonorités world music par moment, mais toujours avec ce désir de faire danser les mots pour exprimer toute leur musicalité. Pour découvrir son dernier EP « Rythmes et botanique » et par là même découvrir cet auteur-compositeur-interprète de talent, référez-vous à cet excellent article du site Le Rap en France. Et parce que la comparaison est aisée mais intrigante, nous ne pouvions rater le rapprochement d’avec un autre artiste malaxant le son pour en tirer la substantifique moelle : Stromae. Même silhouette élancée, même trajectoire de vie oscillant entre drame familial et étincelle de vie permanente, même talent démesuré dans chaque entreprise artistique, mêmes racines partagées entre Afrique et France pour l’un, Belgique pour l’autre. La comparaison n’ira pas plus loin, mais jugez quand même.

1994

10 étoiles

Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 27 février 2017

1994

Cette année aurait pu être une belle année, finir le millénaire en beauté, mais non, tout faux ; pour beaucoup ce fut le début de la fin du bonheur. Avant ça, quand on demandait "ça va ?" à son voisin... il répondait "ça va". Après ça, la réponse fut "ça va un peu".
Le Burundi, petit voisin du Rwanda a souffert de la même horreur dans l'indifférence du monde.
Les burundais vivent sur l'axe du grand rift, à l'endroit même où l'Afrique se fracture. Les hommes de cette région sont pareils à cette terre. Sous le calme apparent, derrière la façade des sourires et des grands discours d'optimisme, des forces souterraines, obscures, travaillent en continu, fomentant des projets de violences et de destruction qui reviennent par périodes successives comme des vents mauvais. Un spectre lugubre s'invite à intervalle régulier pour rappeler aux hommes que la paix n'est qu'un court intervalle entre deux guerres. Cette lave venimeuse, ce flot épais de sang est de nouveau prêt à remonter à la surface. ils ne le savaient pas encore, mais l'heure du brasier venait de sonner.
Le génocide est une marée noire, ceux qui n'y sont pas noyés sont mazoutés à vie !

Venez donc partager l'univers de Gaby, des jumeaux, de Gino, Francis, Armand et les autres. Ecoutez leur rire et leur gaieté quand tout s'effondre. Lisez ce magnifique premier roman que Gaël Faye a réussi de manière éclatante. Des mots qui chantent et se bousculent... et pleurent l'horreur.
A lire absolument.

Le burundi en guerre

6 étoiles

Critique de Gregou (, Inscrit le 20 février 2013, 37 ans) - 20 février 2017

Roman de Gaël Faye qui est une autobiographie romancée du rappeur retraçant l'atmosphère très pesante qui régnait au Burundi pendant la période du génocide Rwandais. Cette guerre ethnique entre Hutus et Tutsis a fait 800 000 morts en seulement 3 mois. Gaël Faye retranscrit très bien la tension montante et la peur grandissante face à cette tuerie sanguinaire. Il réussit brillamment à mêler bribes autobiographiques et inventions romanesques. Une belle réussite pour ce premier ouvrage, l'écriture est fluide, simple, agréable. J'ai beaucoup appris sur cette épisode terrible de l'Afrique noire. Le fait d'avoir lu ce roman m'a donné envie de me documenter et d'en apprendre plus sur cette période sombre de l'histoire.

Petit pays, grand livre

9 étoiles

Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 59 ans) - 1 février 2017

Le Goncourt des lycéens est selon un certain nombre de critiques souvent meilleur que certains « Goncourt ». On peut ici facilement comprendre pourquoi ce roman, de nature autobiographique, a pu plaire à la jeunesse à qui elle parle au vu du profil du héros et narrateur, un jeune métis de père français et de mère réfugiée tutsi rwandaise.

Il décrit la vie de ce pré-adolescent au début des années 90 dans la capitale du Burundi, des prémices et conséquences pour sa famille, son entourage et pour lui-même du génocide perpétré au Rwanda en avril 1994 et de manière générale des haines exacerbées entre les ethnies de ces deux petits pays.

Heureusement il ne se lance pas dans des explications historico-didactiques et c’est à travers son vécu qu’on ressent l’atmosphère réaliste sans sombrer dans des descriptions longues et pénibles , bien qu'il soit difficile d'esquiver certains épisodes violents et sanglants. Ceux qui hésitent à aborder ce roman de peur d’être confrontés à de longues et pénibles descriptions sanguinolentes, qu’ils soient rassurés ; on observe une pudeur remarquable tout dans la mesure et la retenue.

En naviguant entre les émotions et la naïveté d’un jeune garçon face aux événements liés à la guerre civile burundaise qui échappent à la compréhension face aux différents drames décrits au fil du récit, on découvre une ambiance familiale plombée et une existence entourée de copains issus de milieu privilégié.
On perçoit, plus que le bonheur insouciant évoqué par d’autres lecteurs, une forme de détachement qui l’a sans doute sauvé de cette folie (meurtrière ou non) qui a emporté certains de ses proches.

Le style d’écriture trahit par moment par son phrasé (volontaire ou non ?) l’origine de l’auteur et accentue le caractère exotique du récit et l’usage de la langue est savoureux.

La question est à présent de voir ce qu’il sera possible d’encore écrire autre chose d’aussi remarquable pour cet artiste qui, certes, possède d’autres cordes à son arc.

Un livre coup de poing

7 étoiles

Critique de Psychééé (, Inscrite le 16 avril 2012, 35 ans) - 20 janvier 2017

Ce petit pays, c’est le Burundi. Gabriel y a grandi avec sa sœur, sa mère rwandaise, son père français et ses amis. Il vivait dans un beau quartier d’expatriés, avec un cuisinier, un jardinier et tout le toutim. Une enfance heureuse, parsemée de fous rires avec ses copains jusqu’au coup d’état de 93 et l’assassinat du Président. Alors que l’on prétendait à la démocratie et au droit du peuple de choisir le parti qu’ils éliraient, une guerre civile éclate. D’abord au Rwanda, puis au Burundi. Tout bascule.
Gabriel prend le temps de nous raconter vingt ans plus tard cette douce enfance remplie de bonheur pour mieux ensuite nous frapper de plein fouet par la violence qui l’a suivie et marqué à jamais : « Le bonheur ne se voit que dans le rétroviseur. Le jour d’après ? Regarde-le. Il est là. A massacrer les espoirs, à rendre l’horizon vain, à froisser les rêves. » On ressent avec lui ses peurs et son incompréhension face à ces haines raciales qui lui échappent, les tensions et massacres entre Tutsis et Hutus et l’expulsion des Français. Son récit est la preuve que l’on n’oublie pas le passé, que ses souvenirs soient bons ou mauvais. Ils restent à jamais gravés en nous. On peut les idéaliser, se sentir à des années lumière d’eux quand on a traversé tant d’épreuves mais ils sont bel et bien là. C’est l’histoire d’un enfant français et rwandais qui a dû grandir trop vite, l’histoire peut être de Gaël Faye puisqu’elle a des nuances autobiographiques. En tout cas, une histoire qui mérite d’être connue parce qu’elle met en lumière le Burundi – dont, avouons-le nous ne parlons jamais – le Rwanda et qu’elle nous fait voyager à travers ses odeurs et son Histoire.

Vivre au Burundi

8 étoiles

Critique de Dirlandaise (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 68 ans) - 8 janvier 2017

Premier roman largement autobiographique pour ce chanteur, compositeur et interprète franco-rwandais. Le héros est un jeune garçon d’une dizaine d’années habitant le Burundi plus précisément la ville de Bujumbura. Son père est français et sa mère rwandaise. Gaby habite un quartier de privilégiés et évolue au sein d’un groupe d’amis de son âge. Le roman relate différents événements de la vie quotidienne du jeune garçon au Burundi en 1992 lors du coup d’état amenant la série de massacres au Rwanda. Vivant dans un monde protégé, Gaby ne se rend pas compte des problèmes que son père doit affronter au niveau économique et politique. Il en prend lentement conscience lorsqu’une partie de sa famille rwandaise est assassinée et que son père doit prendre la décision d’envoyer sa famille en France afin d’échapper à la guerre civile burundaise.

Le roman est parfois très amusant compte tenu du contexte politique et social de l’époque. Gaby passe le temps des vacances avec ses copains et pour tromper l’ennui multiplie les frasques et les aventures rocambolesques. L’histoire de la bicyclette volée m’a fait sourire ainsi que d’autres petits faits amusants. La situation sociale et politique ira en se dégradant de plus en plus pour déboucher sur l’horreur totale des massacres au Rwanda ainsi qu’au Burundi.

Savoureux premier roman de cet auteur doué d’un talent hors pair de raconteur et possédant, à mon avis, un bel avenir d’écrivain devant lui.

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