Nos amies les bactéries
de Alanna Collen

critiqué par Colen8, le 20 septembre 2016
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Vaincre l’obésité, et tant d’autres pathologies chroniques
« Pour votre santé évitez de manger trop gras, trop sucré, trop salé ». Cette prescription et d’autres slogans publicitaires comparables sont insuffisants une fois enclenché le processus des kilos en trop. Les nutritionnistes ne savent pas vraiment éviter l’effet yo-yo de la reprise de poids après l’arrêt de la plupart des régimes amaigrissants. La génétique n’explique pas tout, l’épi-génétique non plus. Le décryptage du génome humain dans ce domaine a déçu bien des espoirs sur lesquels on avait tant misé. L’organisme est une chose, son environnement une autre. Ni l’un ni l’autre ne permettent de comprendre réellement comment se construit, puis s’entretient la santé. Un élément déterminant est en fait la composition du micro-biote (flore intestinale) trop négligé par le milieu médical depuis les années 1940.
On n’a pas idée de ce qui se joue à la naissance. L’accouchement du bébé par voie basse s’accompagne d’un ensemencement de son tube digestif par des bactéries présentes dans le vagin de la mère qui vont lui conférer sa première réponse immunitaire. Le lait maternel poursuit la colonisation de son micro-biote d’où il tirera ensuite sa résistance sanitaire. Privés de ces apports bactériens en raison des proportions croissantes de naissances par césarienne en milieu stérile puis de l’alimentation au biberon, des générations de nourrissons se montrent plus sensibles aux infections de toute nature.
Un cercle vicieux capable de leur pourrir la vie se met en place silencieusement jusqu’à l’âge adulte. Des traitements antibiotiques administrés parfois dès les premiers jours déséquilibrent le système intestinal, fragilisent le système immunitaire, favorisent les processus inflammatoires. La vaccination généralisée qui était parvenue à endiguer les dramatiques épidémies infectieuses d’avant la découverte de la pénicilline n’est pas en cause. Dépasser les arguments habituels liés à l’alimentation industrielle ou à la sédentarité est une nécessité pour comprendre la prévalence accrue de ces maladies dites de civilisation qui leur a succédé. Inclure plus de fibres végétales que n’en comportent même les régimes alimentaires adaptés est une nécessité pour ainsi dire vitale.
Les scientifiques tentent désormais de comprendre les interactions complexes entre un organisme vivant, n’importe lequel, et les milliers de milliards de bactéries amies ou ennemies qu’il héberge, ces microbes qui ont fait preuve depuis les débuts de l’évolution d’adaptation et de résistance peu communes. Hypothèses, expériences et études cliniques se multiplient sur l’origine infectieuse, possiblement contagieuse des allergies, des réactions inflammatoires, des maladies métaboliques, auto-immunes, neurologiques, voire psychiatriques. C’est ce qui ressort de cette méta-analyse d’une jeune docteure britannique en biologie évolutionniste, construite comme une enquête policière. En se gardant bien de confondre corrélation et lien de causalité entre deux séries de paramètres elle a creusé la question après avoir été (mal) soignée pendant des années aux antibiotiques des conséquences fâcheuses d’un séjour en forêt malaise tropicale.