Les incendiés
de Antonio Moresco

critiqué par Nathafi, le 10 septembre 2016
(SAINT-SOUPLET - 57 ans)


La note:  étoiles
Dans le chaos du Monde
Charmée par Fable d'amour et La petite lumière, j'ai attendu impatiemment que paraisse ce troisième livre aux Editions VERDIER. J'ai donc ouvert "Les incendiés" telle un enfant qui a reçu de Père Noël le cadeau tant attendu.

Un homme fuit tout ce qui l'entoure et croise une jeune femme aux dents en or qui lui annonce avoir mis le feu au monde pour lui.
Cette phrase bien étrange pourrait résumer l'essentiel de l'histoire.
Dès les premières pages, on s'aperçoit que le ton a changé. Beaucoup plus sombre, beaucoup plus glauque, ce livre nous entraîne dans le chaos du Monde avec tout ce qu'il a de plus retors. Arrivent la luxure, la perversion, la cruauté, les armes, le sang, la lutte. "Les incendiés" vont mener bataille seuls contre le reste du monde, déterminés et impitoyables. Effrayant, glaçant souvent, ce périple rappelle notre société actuelle, un monde à feu et à sang, dénonce ses multiples dérives.

Mais comme c'est du Moresco, quand même, on tourne certes les pages en grimaçant, mais on prête attention à cette femme et cet homme, au couple insolite qu'ils forment, à ce qui les unit, et à l'histoire d'amour naissante. Un amour exclusif, destructeur, une passion effrénée. Les longues scènes sensuelles sont de toute beauté, tantôt réalistes et crues, tantôt empreintes de tant de délicatesses. Le feu, oui, le feu de la passion dans ce qu'il peut avoir de plus ardent, jusqu'au bout, l'homme qui fuit et la femme aux dents en or ne vivent plus que l'un pour l'autre et veulent brûler ensemble, enlacés, soudés.

On oublie le conte et la fable, on entre dans le fantastique. Un livre puissant, mais dur, une lecture bousculée par la violence, avec en filigrane cet amour exceptionnel, s'offrant en sacrifice, comme si lui seul pouvait sauver le monde.