Ma part de Gaulois
de Magyd Cherfi

critiqué par CHALOT, le 9 septembre 2016
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
récit "sociologique"
« Ma part de Gaulois »
Récit
De Magyd Cherfi
Editions Acte Sud
259 pages
Août 2016
Récit autobiographique

Magyd nous emmène dans la Cité, celle de sa jeunesse à Toulouse en 1981 au moment où Mitterrand va être élu président de la République ;
C’est l’année du bac que notre héros prépare sans trop y croire alors que pour sa mère c’est le sésame indispensable.
Dans ce livre nous rencontrons ses amis et aussi tous ceux, de sa génération qui vivent dans la cité et qui n’arrêtent pas de le chahuter, de le traiter de « pédé ».
Ce n’est pas facile pour un jeune beur comme on dit qui ne fait pas comme les autres parce que lui, il aime la lecture, la poésie et le théâtre.
Il est au confluent de deux cultures, celle de ses origines et celle de la France, son pays.
Nous sommes au cœur du débat sur l’intégration et du rendez-vous manqué déjà à cette époque entre la République et ses banlieues.
Des jeunes filles essayent de résister, de vivre…. mais attention ! il est des comportements qui sont normaux dans certains quartiers et interdits dans d’autres car cela ne se fait pas.
Les hommes naissent libres et égaux, dans les textes, dans les principes affichés et enseignés mais pas toujours dans la réalité.
Bija, une fille de la bande de Majid, cette bande qui organise du soutien scolaire et fait du théâtre apprend à ses dépens que la violence contre les femmes existe et demeure avec cette chape de plomb qui permet de perpétuer des abominations.
« Elle s’est écroulée de tout son corps…… Nous n’avions pas besoin d’explication, les coupables se désignaient eux-mêmes dans ce déchaînement inhumain. Son frère Nacer, son père, ou les deux. »
En avançant et en vivant son adolescence, Magyd réfléchit, se construit une identité fruit de ce qu’il est, de ses rencontres et de sa soif de voir le changement.
« C’est beau la langue arabe, comment se fait-il que ce peuple se soit à ce point encombré de tabous ? »
La faute est partagée et la République en prend sa part…..
Des Magyd, des des Momo, des Bija, il y en a beaucoup qui avec rage et détermination veulent établir un lien fort entre leurs racines et la République du vivre ensemble…..
Le chemin est long mais il est parsemé aussi de succès et non pas seulement d’échecs.
Le récit est vif et haut en couleurs avec des dialogues retranscrits à l’identique dans le cadre d’un roman qui vous prend aux tripes.

Jean-François Chalot