La jeune épouse
de Alessandro Baricco

critiqué par Sissi, le 23 août 2016
(Besançon - 53 ans)


La note:  étoiles
La mère, le père, l'oncle, le fils et la jeune épouse...
Au début du 20ème siècle, une jeune fille se présente un jour au domicile d'une riche famille d'industriels comme étant "La jeune épouse", celle qui, comme convenu trois ans auparavant lors d'un arrangement, doit prendre le fils de la famille pour époux.
Elle a à présent dix-huit ans et s'en revient d'Argentine pour retrouver son fiancé, sauf que ce dernier est parti entre temps pour affaires en Angleterre et qu'il semble s'être volatilisé.
La jeune épouse s'installe donc au sein de cette étrange famille, car c'est bien l'étrangeté qui règne dans cette famille, comme c'était déjà le cas dans Seta (Soie) où les mensonges, les secrets et les non-dits se dissimulent derrière une apparente légèreté et une façon de vivre drôle et fantasque.
Modesto, l'homme à tout faire, déclame la météo cinq fois chaque fois à l'ouverture des volets de ses maîtres, et ce n'est pas la seule règle de la maison qui intrigue.
La jeune épouse se voit donner un certain nombre de recommandations plutôt farfelues, et son initiation sexuelle se fait très naturellement avec tous les membres de la famille, ce qui n'est pas sans rappeler le film Théorème d'ailleurs.
La jeune épouse y perdra son enfance, sa légèreté, son insouciance, et chaque personnage son secret et son masque.

Dans une atmosphère un peu dérangeante et encore une fois très étrange, ce livre fascine, de par son intrigue et sa galerie de personnages mais également grâce à une mise en abîme judicieuse et déroutante, où l'auteur reprend la parole, et ce de plus en plus fréquemment au cours du livre, pour nous parler de ce livre qu'il est en train d'écrire et que nous lecteurs sommes en train de lire, passant de la première personne à la troisième, du temps présent au temps du récit qu'il reprend parfois de manière impromptue, embarquant ainsi le lecteur dans une sorte de tourbillon assez fabuleux.
La fin, inattendue, est déroutante également.

On ressort de ce livre tourmenté mais heureux d'avoir vécu un très bon moment de littérature.