L'étoile du chien qui attend son repas
de Hwang Sok-Yong

critiqué par Pucksimberg, le 7 août 2016
(Toulon - 44 ans)


La note:  étoiles
La jeunesse sud-coréenne dans les années 60
Dans ce roman polyphonique, le lecteur découvre un groupe de jeunes dans les années 60 en Corée du sud, un peu désorientés. Il y a ceux qui souhaitent aller à l'université et ceux qui en ont assez de l'école et veulent exister : "L'éducation scolaire, plutôt qu'un intellect inventif, formerait finalement un individu intégrable dans un système uniforme, à l'intérieur duquel elle perpétuerait le pouvoir du dominant." Chun fait partie du deuxième groupe. Il préfère tout arrêter pour vivre différemment. Il est plutôt marginal et se plaisait à amuser les copains quand il était encore à l'école. Attention, tous ces jeunes ne sont pas forcément des cancres. Ils aiment la littérature, la lecture de poèmes, certains écrivent, d'autres dessinent. Il est question des Beaux-arts et de la culture. Aux poètes asiatiques s'ajoute la littérature européenne, surtout française, qui intéresse cette jeunesse. Ces jeunes sont sans repères. Ils ressentent encore le poids de l'occupation japonaise, il y a encore des manifestations dans les rues car la démocratie n'est pas en place. Les répressions sont assez violentes quand on s'oppose au pouvoir.
Chun décide de partir avec Inho vivre dans une grotte. Dans notre monde occidental, la fuite de l'école serait condamnée, ici, elle n'est pas pour autant valorisée, mais elle permet l'apprentissage de ces jeunes qu'un simple savoir livresque n'aurait offert.

Ce roman, en partie autobiographique, est intéressant par le fait qu'il nous présente un contexte et des personnages qui ne nous sont pas familiers. Cette histoire de la Corée du sud, en toile de fond, et le mode de vie des habitants sont évoqués. Par ce biais-là, le lecteur voyage. Le fait d'alterner les points de vue permet d'apporter un éclairage différent sur les personnages et sur l'intrigue. Le lecteur a le sentiment de découvrir un groupe et non un seul personnage même si Chun reste le fil d'Ariane de ce roman.
Hwang Sok-yong écrit bien et alterne des scènes calmes où les personnages dialoguent sur des sujets culturels avec des scènes frappantes, très visuelles et assez inattendues. Il y a une harmonie et un équilibre très plaisants pour le lecteur.

Le roman n'est pas pour autant léger. Il est question aussi de tentative de suicide, de guerre, de prison, sans pour autant que des pages entières leur soient consacrées. L'auteur évoque la guerre du Vietnam au début et à la fin du roman, mais ne développe aucune page sur elle.

"L'Etoile du chien qui attend son repas" permet de découvrir la jeunesse sud-coréenne dans les années 60, il permet aussi de rendre compte d'une époque et de comprendre cette phase de transition, cette ville de Séoul encore bien éloignée de la Corée du sud moderne d'aujourd'hui. Dans son pays, Hwang Sok-yong est très apprécié et reste un des meilleurs écrivains de notre époque. Déjà 800 000 lecteurs dans ce petit pays pour ce roman.