Les écrivains n'existent pas de Luc Baba

Les écrivains n'existent pas de Luc Baba

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Nathafi, le 6 août 2016 (SAINT-SOUPLET, Inscrite le 20 avril 2011, 57 ans)
La note : 8 étoiles
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l'écrivain malheureux

Etrange titre que celui-ci, suffisamment intriguant pour y prêter quelque attention et se poser quelques questions...

Lui est écrivain, il vit à Liège avec Martine, dépend d'elle financièrement, puisqu'il ne sait rien faire d'autre : écrire. Mais jusque là rien n'est probant, puisque c'est Martine qui paie le loyer et remplit le frigo, au grand dam de ses parents qui n'aiment pas le parasite.

Je suis "auteur".
Personne, à tout prendre... Eluard était comptable, Jarry marchand de tissus, Laforgue banquier. Verlaine fut militaire. Pas de sot métier, vraiment ? Je me ferais bien passer pour quelqu'un aux yeux de tout le monde, parfois, militaire ou banquier, de passage là par hasard, entre deux ports, perdu, comme tant d'autres, avec l'avantage de le savoir.


La vie s'écoule paisiblement, et puis un jour, il croise un de ses voisins qui chute dans l'escalier. Il dépose son manteau sur lui, mais l'homme a succombé. Il le récupère, le pose sur ses épaules et sent comme une drôle d'impression, un grand froid l'envahit, la mort qui plane ?
Ce triste événement a des répercussions insoupçonnables. Certes, chez Martine, c'est confortable, mais ils arrivent au bout de leur histoire. Il prend la mesure de sa triste vie, il s'ennuie, les pages du cahier se noircissent peu. Sans inspiration, las de son existence, il souhaite secrètement partir et finit par le faire, aidé de Martine qui ne le retient pas.

D'autres cieux, d'autres lieux, il se rend à Ostende qui lui évoque son enfance. Ostende toute grise et triste. La mer ? Il ne lui trouve aucun charme. Il loge dans un hôtel propret mais très modeste, et n'a presque plus le sou. Il se remet en question, prend la plume, écrit douloureusement.

Il faut dire que la nuit me verse de la folie à l'intérieur du corps. J'écris, et je sens que les mots sont des parasites plus ou moins accrochés aux parois de mon crâne. J'ai beau faire, ils me peuplent, avec leurs dents qui me mordillent la raison et le fond du regard. Ils me peuplent, et ils se reproduisent. On ne s'en débarrasse jamais.

Alors il part faire un tour, pour se vider la tête, voir autre chose, regarder les bateaux, rencontrer quelqu'un.
Pour le coup, il croise Maud, une femme vieillissante un peu paumée, par laquelle il se fait appeler Bob. Un pansement bienvenu.

Ce livre traite du désamour, de la rupture, aussi de la perte de soi, de la confiance en soi, de l'incertitude.
Bob déambule tel un zombie dans une ville qu'il sent hostile, les souvenirs qui l'y rattachent ne suffisent plus.

A la tombée du jour, le brouillard s'est vissé au port. Le phare tournait de l'oeil, toutes les lampes, les enseignes et les fenêtres allumées laissaient une poussière fine, comme de la craie de couleur, et la cathédrale refroidissait l'âme, avec ses tours grignotées, son air de vaisseau fantôme, sa rosace orangée.

Cette introspection le rend mélancolique, sa plume se pose quelques fois, mais l'exercice est difficile. Il souffre, devient amer et se sent inutile. pourtant, les épreuves de la vie aideraient à grandir, mais le jeune homme est désabusé, tiraillé par la vie qui ne lui offre pas ce qu'il souhaite, ne pouvant vivre de son art, attiré par une fin précipitée.
Beaucoup de poésie dans ces pages, l'écriture de Luc Baba est plaisante, une succession d'images, d'émotions, de sensations diverses qu'il donne en partage au lecteur.

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