Farö de Marie-Christine Boyer

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Libris québécis, le 2 août 2016 (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans)
La note : 7 étoiles
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Vivre seul sur une île désertée

Farö est une île de la mer Baltique appartenant à la Suède. Ingmar Bergman y a tourné six films avant de mourir en 2007. Marie-Christine Boyer a choisi le nom de cette île pour en faire le prénom du protagoniste de son premier roman, lequel illustre l’âpreté d’une région boréale. Elle a imaginé un décor insulaire pour enraciner Farö, un loup solitaire habitant une île que tous ont fui à cause des nombreux naufrages survenus autour de cette terre isolée. Un ami, capitaine de bateau, vient chaque mois lui rendre visite. C’est le lien avec le reste de son univers.

Farö n’est pas un être asocial. Ce n’est pas non plus un modèle de communication qui pourrait surfer aisément sur les réseaux sociaux. Mais autrui lui tient à cœur même si, à première vue, il apparaît comme un homme distant. Il vit le silence du moine besogneux dont le travail devient son hymne à Dieu. Farö n’a pas déconnecté de la communauté. Il est resté sur son île pour que Turit, la femme qui l’a quitté, revienne sans danger. Il a érigé une vraie forteresse autour de la côte pour empêcher l’érosion de détruire son habitat. En somme, il sait construire des ponts pour que les relations humaines soient viables. Il en fait assez pour remmener August, un ami en phase terminale, qui est heureux de renouer avec ses racines avant de mourir.

Le roman se déroule sous le spectre de la mort. Mais tous se liguent pour contrer les intentions malveillantes de la grande faucheuse, qui remporte hélas des victoires, mais sans parvenir à décimer la population. Les dieux de la mythologie scandinave veillent aux grains à travers des personnages généreux, comme ce Milosh qui garde la fille de Turit depuis sa mort prématurée sans que Farö sache qu’il en est le père. Tous mettent l’épaule à la roue pour s’assurer d’une existence qui vaille la peine d’être vécue malgré ses vicissitudes. En somme, on s’encourage pour que la mort ne parvienne pas à faucher les germes de la vie.

Le sujet se prêtait aux discours des tenants du nouvel âge. Marie-Christine Boyer a su éviter le piège de la sentimentalité. Tout ne tombe pas tout cuit dans la bouche avec des bons sentiments. Il faut mériter sa pitance. Elle a créé des personnages qui essaient plutôt de se réconcilier avec l’existence. Cette trame supporte un tableau plutôt impressionniste. Dans un paysage maritime, il faut une corne de brume pour signaler sa présence. Celle de l’auteure est timide. C’est à travers un brouillard plutôt opaque que l’on devine la détresse des humains qui ne veulent pas être une coquille vide sur une île abandonnée.

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