Lilian et le Roi : La biographie
de Olivier Defrance

critiqué par VLEROY, le 30 juillet 2016
( - 45 ans)


La note:  étoiles
Un ouvrage de référence
Née en 1916 à Londres, elle est la septième enfant d'un couple d'Ostendais réfugié en Angleterre en raison de la guerre. Son père Henri Baels sera notamment avocat, échevin, administrateur de sociétés de pêcherie, député à la Chambre, ministre de l'Agriculture et des Travaux publics, et gouverneur de la province de Flandre Occidentale à partir de 1933. Elle fréquente l'école primaire des Sœurs de Saint-Joseph à Ostende, puis l'Institut Val Notre-Dame à Antheit et l'Institut des Dames du Sacré-Coeur à Bruxelles. Elle passe ensuite deux années dans une finishing school (une sorte d' "école des bonnes manières") à Londres et y loge parfois chez l'ambassadeur de Belgique. Lilian parle le français, le néerlandais et l'anglais. L'auteur consacre tout un chapitre à ses fréquents séjours en Autriche dans les années 30 et à ses projets de mariage avec Peter Draskovich.

Veuf de la reine Astrid, le roi Léopold III tombe sous le charme de cette jeune femme belle, cultivée et ambitieuse avec qui il joue au golf. Il l'épouse secrètement et religieusement en 1941. Contrairement à ce que prévoit la Constitution belge, leur mariage est célébré quelques mois plus tard, ce qui provoque une grande polémique et déçoit beaucoup de Belges. Le mythe du roi veuf et prisonnier s'effondre. On reprochera également au souverain d'avoir remercié Hitler pour les félicitations et les fleurs qu'il avait envoyées lors de leur mariage.

En 1941, la princesse Lilian devient donc un personnage public qui ne laisse personne indifférent et qui a suscité la controverse lors de la Question Royale (1945-1950). De nombreuses rumeurs ont circulé à son sujet, et l'historien Olivier Defrance a le grand mérite de nous offrir enfin une biographie sérieuse, objective, bien documentée et très agréable à lire. Son livre propose des documents inédits jamais exploités qui apportent un éclairage nouveau sur la déportation par les Allemands à Hirschtein, la Question Royale, ses problèmes conjugaux (lorsqu'elle découvre que Léopold III a une maîtresse), ses relations difficiles avec d'autres membres de la famille royale (Elisabeth, Baudouin et Fabiola, Albert et Paola, Marie-Christine, Joséphine-Charlotte, Léa). Sans jamais prendre parti.

Olivier Defrance évoque aussi son travail à la tête de la Fondation Cardiologique Princesse Lilian et la vie au domaine royal d'Argenteuil. Plusieurs tentatives de rapprochement ont lieu, mais c'est Albert II, devenu roi et nouveau chef de famille, qui parviendra le mieux à une réconciliation avec sa belle-mère. Un seul petit regret : l'auteur n'évoque pas la vente de ses bijoux dans les années 80, et le sort de certains bijoux de la reine Astrid qui suscite de nombreuses interrogations.

Bref, bravo à Olivier Defrance pour cette biographie qui devient désormais l'ouvrage de référence le plus complet et le plus objectif sur la princesse Lilian (par contre, on peut désormais ranger aux oubliettes l'ancien livre d'Evrard Raskin qui était bien trop impartial et moins bien documenté).