Mon nom est Dieu
de Pia Petersen

critiqué par Pucksimberg, le 22 juillet 2016
(Toulon - 44 ans)


La note:  étoiles
Quand Dieu débarque sur Terre pour renouer avec les hommes ...
Dieu est sur Terre, à Los Angeles, complètement déprimé et perplexe quant au comportement des hommes. On lui attribue divers noms, on ne le respecte plus et on ne l'aime plus. Et il en souffre cruellement. Lors d'un concours organisé par Disney, dans lequel il s'agit d'élire le meilleur père Noël, Morgane vit sa rencontre avec Dieu, l'un des candidats, comme un choc. Peu bavard, peu souriant, un peu sec dans ses propos, il agace autant qu'il captive. Dieu lui demande de rédiger sa biographie. Comment refuser une telle proposition ? En même temps, quelle preuve a-t-elle qu'il s'agisse bien de Dieu et non d'un SDF ou d'un fou ?
Jansen a fondé une secte, concurrente de la Scientologie et s'approprier Dieu comme mascotte dans son groupe serait un atout majeur. Morgane doit rédiger un article sur ce Jansen qui captive les foules grâce à son don pour la manipulation ...

Pia Petersen s'attaque à gros en choisissant un personnage comme celui de Dieu, incarné dans le corps d'un homme. Humanisé, il a les mêmes réactions que nous, il a des besoins alimentaires et sexuels et souffre d'une forte déprime. Morgane sera même l'infirmière de ce Dieu qui a besoin de médicaments pour retrouver le sourire. Le roman a des allures légères quand on voit Dieu perdu dans nos habitudes. Certains passages sont franchement amusants. En même temps l'auteure parle d'un sujet sérieux et de notre relation à Dieu. Tous les personnages qui croisent cet être suprême le prennent pour un cinglé et même face à certaines preuves refusent de l'entendre. Les Hommes ont créé leur Dieu, l'ont façonné à leur image et quand ils se voient face à lui ils refusent de le reconnaître. On en vient à critiquer les textes sacrés et l'Eglise qui ont figé une image divine qui n'est pas forcément juste. Tout ceci est perceptible à travers les propos de certains personnages. Le roman n'apparaît pas de manière immédiate comme un texte engagé. Et pourtant ...

Le lecteur prend plaisir à découvrir la relation qui se tisse entre Morgane et Dieu. Les personnages secondaires sont aussi intéressants et permettent d'enrichir l'histoire. L'argent devient véritablement la nouvelle religion et même les lieux sacrés semblent soumis au capitalisme. Ce fait n'est pas nouveau, Verhaeren le regrettait amèrement des "Les Villes tentaculaires" où la Bourse devenait la cathédrale des temps modernes.