Un écrivain, un vrai
de Pia Petersen

critiqué par Pucksimberg, le 3 juillet 2016
(Toulon - 44 ans)


La note:  étoiles
Un écrivain, star d'une téléréalité
Gary Montaigu est un célèbre écrivain, récipiendaire du Booker Prize, qui a accepté d'être la star exposée sous les caméras d'une nouvelle émission de téléréalité nommée "Un écrivain, un vrai". Il devra écrire son roman sous les yeux des téléspectateurs qui ont évidemment droit au chapitre en faisant des suggestions ou en contestant certains choix par l'auteur. C'est donc un roman participatif. Chaque chapitre rédigé est ensuite illustré pour parler au plus grand nombre. Sera-ce un moyen de rendre la littérature accessible à tous ou bien un moyen d'appauvrir le talent d'un auteur ?
Parallèlement à ce travail d'écriture, on suit aussi le quotidien de cet auteur, son épouse Ruth autoritaire et véritable virago, Alana fortement séduite par cet auteur et d'autres personnages en lien avec cette émission du cameraman au producteur. Il est évidemment question de storytelling et des mensonges scénaristiques de ces émissions.

Le roman repose tout d'abord sur un sujet original qui permet de s'interroger sur la fonction de l'écrivain dans notre société contemporaine. Le lecteur réfléchit aussi sur la liberté et sur l'incapacité qu'ont les hommes actuellement à raisonner librement, préférant regarder des émissions dont le message est prémâché. Et puis il y a cette impression d'être constamment observé, vu à travers la caméra, suivi dans la rue, fixé par des passants comme si le regard avait un poids.

Pia Petersen parvient à retranscrire des atmosphères à merveille. La première cérémonie évoquée dans le roman rappelle les ambiances dans "Gastby le magnifique". Quand elle décrit New York on s'y croirait réellement. Les lieux sont très bien retranscrits et l'imaginaire qu'on lui associe aussi, avec cette idée que c'est une ville où tout est possible. Les rapports humains ne sont pas admirables dans ce texte : absence de la fidélité, soumission au sacrosaint argent, violence physique ... On a le sentiment d'assister à la déliquescence d'un monde qui en vient à oublier l'essentiel et les discrètes allusions à la fin du monde soulignent sans doute une certaine vision pessimiste.

Il est bon de se questionner sur le rôle de l'artiste aujourd'hui et de voir qui l'écoute et qui le lit.