Les secrets de l'univers
de Hubert Reeves

critiqué par Colen8, le 15 juin 2016
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Initiation à ses merveilles, à ses miracles, à ses mystères
Heureux les astrophysiciens qui tentent de découvrir les mystères de l’Univers pour nous en expliquer les merveilles. Tout comme Carl Sagan, grand astrophysicien et fameux auteur de science fiction, Hubert Reeves appartient à cette tradition de savants et écrivains à la fois, qui font la joie du grand public. Et heureuse cette initiative de rééditer plusieurs de ses textes parus entre 1981 (Patience dans l’Azur) et 2006 (Chroniques des Atomes et des Galaxies) autant pour ses lecteurs fidèles que pour ceux qui vont ainsi l’apprécier à leur tour, (et même si contrairement au titre de l’un d’eux ce ne sont pas tout à fait les dernières nouvelles du Cosmos). A celles et ceux qui seraient tentés de décrocher en cours de lecture ces dernières Chroniques d’une petite centaine de pages constituent un condensé de nature à leur en livrer la quintessence.
Présentés comme une fresque de la connaissance les récits d’Hubert Reeves balaient le spectre de l’infiniment grand à l’infiniment petit, des premiers instants après le Big Bang à l’apparition du vivant en reprenant la physique, les quatre forces fondamentales, les particules élémentaires. Le phénomène se poursuit avec la chimie, la nucléosynthèse à l’origine des atomes, les molécules, puis la biologie et son évolution qui mène à la forme d’intelligence qui est la nôtre. Ces récits nous familiarisent avec les notions inhabituelles : l’émergence de la complexité sur la très longue durée grâce à l’énergie, l’organisation et donc l’information qui en découlent, à l’opposé le principe thermodynamique de l’entropie. D’infimes déséquilibres transforment un magma limité à des photons, des électrons, des neutrinos, des protons, des neutrons en une immense diversité de matières, celles qui fondent notre émerveillement sur une fragile planète bleue quelque part dans le cosmos.
La grande qualité d’Hubert Reeves est d’expliquer encore et toujours dans un langage ordinaire un domaine resté étranger à l’humanité jusqu’à la relativité générale d’Einstein il y a tout juste cent ans. Depuis lors les théories confirmées par les observations et les expériences de laboratoires se sont enchainées. Dans cette tentative de reconstitution de « l’histoire » de l’Univers, l’astrophysicien cosmologiste s'efforce de remonter jusqu’aux premiers instants du Big Bang, d’où découlent l’âge de l’Univers, son expansion, le rayonnement fossile, la matière sombre, l’énergie sombre, les ondes gravitationnelles. Pour aider à comprendre il s’appuie tantôt sur des analogies, tantôt sur des métaphores. Il reformule les théories invoquées sous toutes les coutures, n'hésite pas à suivre une démarche d’enquêteur opiniâtre curieux de les découvrir. Il nous en montre la cohérence, les articulations, sans omettre bien entendu les nombreuses questions non encore résolues. Parmi celles-ci se pose depuis l’origine la quête du sens, impliquant donc des remarques d’ordre métaphysique ou philosophique.