Descartes et la France
de François Azouvi

critiqué par Falgo, le 11 juin 2016
(Lentilly - 84 ans)


La note:  étoiles
Puissamment original et pour spécialistes
François Azouvi s'est lancé dans une démarche extrêmement originale: situer l'appréciation de Descartes dans les différents contextes intellectuels et historiques qui courent depuis 1637 à nos jours. Ainsi il lui a été nécessaire de "tout" lire à chaque époque, du côté des partisans du philosophe comme de celui de ses adversaires. On sait que Descartes, en 1637, a lancé la philosophie moderne en dégageant cette discipline de la scolastique catholique et en lui fournissant des règles de pensée: "Soyez libres, apprenez à penser". Cette révolution "scientifique",fondée également par Descartes sur ses démarches en physique, a bien entendu été jugée positivement par les générations de penseurs de la liberté et négativement par celles des conservateurs, en particulier pendant des siècles par les ultras de l'Eglise Catholique.
Azouvi fonde son travail sur des dizaines de témoignages, d'écrits et de discours des tenants de l'un et l'autre camp. L'érudition est ici impressionnante, fruit de milliers d'heures de travail et le résultat donne le tournis, tellement il parcourt la vie intellectuelle de plus de trois siècles. C'est d'ailleurs la limite principale de l'ouvrage: il ne peut être lu et compris que par des esprits suffisamment informés des thèses parcourues. Un lecteur "moyen", comme je le suis, s'y perd et, malgré l'intérêt du propos, n'arrive pas à le suivre. J'ajoute de plus que la critique moderne de la méthode cartésienne porte sur les effets de rétroaction des éléments les uns sur les autres, c'est à dire sur l'appréciation, si difficile, des perspectives systémiques. Or ce point, majeur aujourd'hui, n'est pas abordé dans l'ouvrage.