Usine de rêves
de Ilya Ehrenbourg

critiqué par Grandgousier, le 5 juin 2016
( - 58 ans)


La note:  étoiles
une charge contre Hollywood oui, mais documentée et drôle!
Ilya Ehrenbourg (1891-1967), Juif et soviétique, représentant de l’avant-garde de la culture russe des années 1920 et pamphlétaire politique redouté, a commis en 1936 ce petit opuscule de 220 pages dans lequel il s'amuse à révéler les rouages manipulateurs et mercantiles d'Hollywood.
Tout le monde en prend pour son grade: le cynisme du code Hays,les manœuvres de prise de monopole mondial de la Western Electric au moment de l'arrivée du cinéma parlant, la mainmise des studios américains sur Joinville, les conditions de travail désastreuses des ouvriers développant les pellicules dans le noir au contact produits chimiques, etc... Tout ça selon Ehrenbourg pour faire rêver le peuple au soir d'une journée harassante et lui éviter de trop réfléchir à son sort...
Une fois accepté l'évident parti-pris de l'auteur, ce matraquage alerte et très acide est intéressant et agréable à lire tant il décode les travers du cinéma, une industrie soumise comme les autres à la spéculation et aux rapports de force des investisseurs.