Frankenstein Underground
de Mike Mignola (Scénario), Ben Stenbeck (Dessin)

critiqué par Blue Boy, le 21 mai 2016
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
Retour vers l’enfer
Résumé de l'éditeur : Après avoir affronté Hellboy en combat singulier, le monstre de Frankenstein s’échappe d’un horrible laboratoire mexicain où il était retenu prisonnier et rencontre lors de sa fuite dans le désert des créatures étranges… Il y découvrira certains de ses plus grands secrets du monde mystérieux de l’univers de Hellboy !

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Mike Mignola, créateur de la série « Hellboy », a tenté de s’approprier le mythe de Frankenstein, intégrant ainsi le monstre deux fois centenaire au monde du comics tendance super héros. Cette fois, il s’est limité au scénario, laissant les pinceaux à Ben Stenbeck comme il l’avait fait avec « Lord Baltimore ». Il s’agirait ici d’un spin-off qui voit le monstre évoluer dans l’univers souterrain de « Hellboy », alors que les deux créatures s’étaient déjà rencontrées dans le dernier tome de la série de Mignola.

Devenu une icône de la culture populaire, le monstre de Frankenstein, près de 200 ans après le roman de Mary Shelley, continue à fasciner. Personnage maudit, abandonné par son créateur à qui il vouera une haine féroce, rejeté par les humains et même par la mort qui ne veut pas de lui, il ne pourra trouver la paix. Il semble désormais condamné à errer dans les solitudes glacées du grand Nord après avoir échappé au docteur Frankenstein qui veut venger ses proches décimés par la créature. L’enfer sur Terre, en somme.

Et si le salut du monstre passait par l’enfer, le vrai, celui situé dans les entrailles de la Terre ? C’est à partir de cette interrogation que Mike Mignola va établir son scénario… C’est ainsi que l’on retrouve la créature de Frankenstein au Mexique, au milieu des pyramides mayas, en compagnie d’une sorcière qui possède le don de communiquer avec les dieux locaux… Autant le dire, si le point de départ n’est pas dénué d’intérêt, ledit scénario est tout de même tarabiscoté avec de gros morceaux de biscoteaux dedans. Donc une grosse prise de liberté de la part de l’auteur par rapport à l’esprit du roman. Après tout, pourquoi pas, il n’y a rien de sacrilège à transposer le mythe vers les théories de la Terre creuse et l’univers de Jules Verne. Mais là où le bât blesse, c’est que l’accent a été clairement mis sur les scènes de combat aux effets grandiloquents au détriment d’un récit pas suffisamment intelligible pour être marquant. Cela se laisse lire toutefois, mais le lecteur non familier de ce type de comics risque de s’égarer quelque peu dans ces souterrains… Même la fin peut prêter à sourire, mais là impossible d’en dire plus…

Rien à dire de particulier sur le dessin qui reste correct même s’il ne s’éloigne guère de l’académisme propre au style « comics ». De même, la mise en page en respecte scrupuleusement les codes. Bien équilibrées, les couleurs pour leur part n’arrachent pas l’œil.

Tout cela pourra sans doute plaire à l’amateur lambda de comics. Pour les autres, qui espéraient retrouver une profondeur autre que géologique et un esprit « shelleyien », voire une tonalité vraiment « underground », ils en seront pour leur frais, cette BD manquant quelque peu d’envergure. Dès lors, si l’on considère qu’elle n’a d’autre utilité que de distraire son lectorat, elle y réussit plutôt bien.