Le Fruit des Fendus
de Patrick Boutin

critiqué par Débézed, le 17 mai 2016
(Besançon - 76 ans)


La note:  étoiles
Petits aphorismes effilés
« Songeons que le baragouin de nos philosophes si fats est moins flexible que le petit aphorisme effilé et passe partout du jeune poète illuminé qui effeuille les pétales d’une rose dans un très large pot. » Avec cette morale bien sentie concluant la petite fable inscrite en préliminaire à ce recueil d’aphorismes, Patrick Boutin expose clairement son intention : nul besoin de baratin, aussi élaboré soit-il, une petite pique bien acérée fait toujours meilleur effet. « Les crimes passionnels ne sont perpétrés que par des tueurs en chérie », voilà un exemple tout à fait parlant. L’auteur a rassemblé dans ce recueil des aphorismes drôles, pleins d’esprit, jouant sur les mots, sur leur sens et sur leur assonance. Même si par modestie pas forcément bienvenue, il s’excuse d’en publier certains qui ne le mériteraient pas forcément, « Toutes mes blagues ne font pas un tabac » et même si « Je sucre les phrase », ce détournement d’aphorismes est parfaitement incorrect car ses mots sont toujours bons, très bons, drôles, désopilants.

Juste pour le plaisir et pour titiller l’envie de l’amateur de bons mots, j’en ai tiré quelques-uns qui m’ont bien fait marrer :

« Poisson pané n’est pas encornet. »
« J’ai regardé « L’amour est dans le pré », c’est dépaysant. »
« Fier qui glousse harasse la foule. »
« On me dit parfois que je ne fais pas mon âge, c’est que je dois faire l’âge de quelqu’un d’autre. »
« J’ai rencontré une femme qui m’a dit : « Je suis ton double », et il m’a fallu l’épouser pour qu’elle ne soit plus que ma moitié. »
« Pour Verlaine, Dieu c’est l’absinthe trinité. »
« Il faut s’offrir pour être belle. »

Pour présenter ce recueil dans toutes ses dimensions, je dois ajouter que Styvie Bourgeois a choisi une illustration de couverture pleine de poésie et de jolies gravures intérieures beaucoup plus friponnes que poétiques même si certains y trouveront peut-être aussi de la poésie.