Alexandra David-Neel : Les Chemins de Lhassa
de Christian Perrissin (Scénario), Boro Pavlović (Dessin)

critiqué par Bluewitch, le 3 mai 2016
(Charleroi - 44 ans)


La note:  étoiles
Le chemin plus important que la destination
Alexandra David-Neel a toujours eu le goût du voyage et de la liberté. Dès son plus jeune âge, une vie morne dans une famille sans amour l'amène à développer son sens de la fugue et ses rêves d'horizons nouveaux. Aujourd'hui encore, son nom résonne comme celui d'une des plus grandes exploratrices du vingtième siècle. Première femme occidentale à avoir pu pénétrer la capitale tibétaine de Lhassa, philosophe, orientaliste, bouddhiste tôt convertie et assidue, elle possédait un charisme qui n'avait pour égal que son érudition. Et peut-être aussi son obstination...

C'est à quarante-trois ans, en 1911, qu'elle entame son troisième voyage en Inde, le plus important, celui qui devait la tenir éloignée de l'Europe pendant quatorze années. Soutenue financièrement à distance par son mari Philippe, accompagnée de celui qui deviendra son fils adoptif, Aphur Yongden, elle parcourra le nord de l'Inde, le Népal, le Sikim, séjournera au Japon, suivra les enseignements du Gomchen, un yogi réputé et exigeant qui l'initiera de façon extrême à la méditation. Mais son objectif demeurera le même : entrer à tout prix au Tibet, ce pays des neiges, ce pays interdit.

C'est la rencontre d'Alexandra avec l'agent britannique David McDonald qui est le prétexte narratif de cet album. Précédée par sa renommée, elle trouve un Anglais fasciné par son périple et, surtout, par le fait qu'elle ait pu résider deux mois sans se faire prendre dans la capitale d'un pays où tout étranger est interdit de séjour. Le contexte politique est en effet tendu et les frontières tenues militairement par les Anglais, en pleine stratégie d'expansion colonialiste. Scénaristiquement, cette bande dessinée est très bien construite, avec le dialogue de l'exploratrice et de l'agent en fil rouge, le reste du récit étant composé de flashbacks équilibrés.

Le dessin de Boro Pavlovic est fouillé, quasi photographique et coloré, alternant la beauté des paysages d'altitude avec la rudesse des conditions de vie extrêmes. Finalement, l'ensemble donne un biopic didactique, enrichi d'un dossier en fin d'ouvrage qui permet d'élargir notre vision de l'héroïne et de la situation tant géographique que sociopolitique. Cet album prend sa place dans la collection Explora qui avait déjà illustré la vie de Marco Polo, Magellan, Fawcett, Darwin,...

Un bel objet.