Le sentiment de l'inachevé
de Dominique Sampiero

critiqué par Nathafi, le 3 mai 2016
(SAINT-SOUPLET - 57 ans)


La note:  étoiles
Thérapie du coeur
A quel point le passé peut-il peser sur la vie d'un être ? Les premières étapes de la vie ont-elles une influence sur l'avenir de chacun(e) ?

En lisant le dernier livre paru de Dominique Sampiero, ces questions se posent, inévitablement.

Jean-Claude est un petit garçon qui grandit dans une famille modeste du nord de la France, avec ses frères. Sa famille accueille de nombreux enfants de la DDASS, des filles plutôt.
Des liens presque fraternels se créent entre ces enfants. Laurence, petite fille fragile et attardée, émeut Jean-Claude. Il la prend sous son aile, tel un grand frère. Seulement, grandissant, les deux pré ados jouent à des jeux plus honteux. Le jeune homme trouve en cette relation un refuge, il fuit ainsi son quotidien, s'abreuvant de ces amours et des livres qu'il dévore. Aussi il aime se rendre chez ses grands-parents, qui lui laissent entière liberté.

Un matin, au loin, l'éclaircie. Derrière la buée des fenêtres, lumière de bruit de pas au loin, visage ouvrant à peine les yeux, lèvres effleurant le cercle noir et sa brûlure café, un jardin m'ouvre sa porte. Là-bas, dans le clignotement de l'herbe, c'est ma troisième maison.

Jean-Claude grandit, et sa vie ne se passe pas sans heurt. A chaque épreuve il repense à ses premières heures d'existence, sa naissance par exemple, quel passage émouvant ! L'auteur prête à cet enfant naissant un regard et une âme bien consciente de ce qui l'entoure. Il deviendra un homme qui souffre, qui se trouve dans un mal-être permanent, qui recherche à tout prix des moments de plaisir, souvent furtifs. Un éternel insatisfait, d'où ce sentiment d'inachevé.

Tout au long du livre, M. Sampiero manie la plume avec beaucoup de poésie, ce qui tranche étrangement avec le thème abordé. C'est une ouverture du coeur, une analyse de l'âme qui émeut, remue, secoue. Bien des rancoeurs se révèlent, la conscience est malmenée, ce lourd poids du passé s'avère difficile à porter.