Le grand marin de Catherine Poulain

Le grand marin de Catherine Poulain

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Lucia-lilas, le 20 avril 2016 (Inscrite le 21 février 2016, 57 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 8 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (657ème position).
Visites : 6 325 

Bon vent!

Quel grand livre que ce Grand marin ! C’est une œuvre essentielle qui vous transporte réellement, qui vous parle des hommes, du sens de la vie, de la mort, de notre rapport au monde, à l’univers… Bref, UN GRAND !
Elle, c’est Lili et elle part, elle quitte Manosque-les-Couteaux. Cela ressemble à une fuite. On n’en saura pas plus.
Elle va pêcher en Alaska ! La bonne blague, lui dit-on, toi, petit bout de femme, petit gabarit, tu vas affronter un monde d’hommes, un monde violent où tu risques la mort à chaque minute. Ah, ah, laisse-nous rire…
C’est pourtant ce qu’elle fait malgré les « God bless you », les mises en garde : attention « aux lignes qui s’en vont dans l’eau avec une force qui t’emporterait si tu te prends le pied, le bras dedans, à celles que l’on ramène qui, si elles se brisent, peuvent te tuer, te défigurer… Aux hameçons qui se coincent dans le vireur et sont projetés n’importe où, au gros temps, au récif que l’on n’a pas calculé, à celui qui s’endort pendant son quart, à la chute à la mer, la vague qui t’embarque et le froid qui te tue… Embarquer, c’est comme épouser le bateau le temps que tu vas bosser pour lui. T’as plus de vie, t’as plus rien à toi. ». Le ton est donné.
Elle embarque à bord du Rebel avec Simon, John, Vick, Jesse, Jesús, Dave et Jude « l’homme-lion, le grand marin », le taiseux pas aimable qui fascine, celui qui « travaille dans la vague. ».
Appâter, jeter les palangres à la mer, les remonter en veillant à ne pas passer par-dessus bord, éventrer les poissons vite, très vite, encore plus vite, en ayant des yeux derrière le dos, lutter corps à corps avec la bête qui se débat, briser la glace dans la cale, souffrir du froid tenace malgré la fièvre, de l’humidité, de la faim, des blessures, de l’absence de sommeil, tenir debout alors que les yeux se ferment, asperger le pont d’eau glacée, rincer les cirés et recommencer, jeter les palangres… Et les cris des hommes, le bruit des machines, de la houle et du vent à peine supportables…
La terre n’existe plus, c’est un autre univers. On est au milieu des éléments, petite chose ballottée au gré des tempêtes, de l’océan qui bouillonne, des vagues violentes.
Le retour sur la terre ferme est aussi une épreuve, le rythme retombe, on tue le temps en buvant encore et encore, on attend le prochain départ car c’est en mer que l’on est « dans la vraie vie », « dans la vie magnifique, luttant au corps à corps avec l’épuisement,… la fatigue et la violence de l’au-dehors. » L’envie de repartir est irrésistible : être dans le mouvement, dans « … le souffle, qui jamais ne s’arrête » et s’épuiser à en mourir : « Et l’on va donner nos forces jusqu’à en tomber morts peut-être. Pour nous la volupté de l’exténuement. »
Et quand la pêche à la morue est passée, on repart pour celle au flétan, au crabe, au saumon… Lili veut être sûre d’avoir vécu avant de mourir : « Ça me rend folle quand on m’oblige à rester, dans un lit, une maison, ça me rend mauvaise. Je suis pas vivable. Être une petite femelle c’est pas pour moi. Je veux qu’on me laisse courir… J’ai peur des maisons. » Elle veut « vivre dehors », être une « runaway, une bête coureuse des routes ». Même son grand marin ne pourra pas la fixer, peut-être parce qu’il en était incapable lui-même…
Je me suis laissé totalement embarquer par les mots de Catherine Poulain qui m’ont littéralement transportée, ravie, dans tous les sens du terme : j’ai pêché auprès de Lili, lancé violemment les milliers d’hameçons dans une mer en furie, tendu un visage bleui au vent glacial qui lacérait ma peau, souffert d’imaginer ses mains meurtries et sa fatigue lancinante rongeant son corps, admiré la beauté infinie de la mer et des cieux, goûté avec elle « la poche de laitance du poisson », avalé, enfin, à mon tour, l’océan, dans ce rapport sensuel aux hommes, aux poissons, à la mer et au vent. Je me suis offerte à la vie…
Quel voyage, vraiment quel grand voyage !

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Lili la sauvage

7 étoiles

Critique de Henri Cachia (LILLE, Inscrit le 22 octobre 2008, 62 ans) - 12 novembre 2018

... « … Je me lève aux aurores. Je saute au bas de ma couchette. Ça m'appelle. Le dehors, l'air d'algues et de coquillages, les corbeaux sur le pont, les aigles dans le mât, le cri des mouettes dans les eaux lisses du port. Je prépare le café pour les deux hommes. Je sors. Je cours sur les docks. Les rues sont désertes. Je rencontre le jour nouveau. Je retrouve le monde d'hier. La nuit l'a caché puis rendu. Je rentre au bateau hors d'haleine, Jesse et Ian se lèvent à peine. Les gars qui seront de l'équipage ne vont pas tarder à arriver. Je bois le café avec eux. Mais qu'ils sont lents. Mon pied remue sous la table. Je pourrais pleurer d'impatience. Attendre est une douleur... »...

Lili est une vraie runaway.
L'extrait ci-dessus montre combien elle est pressée de se jeter à l'eau. De ne jamais s'arrêter. Travailler encore et toujours pour tomber d'épuisement sur sa couchette, qu'elle a fini par gagner, en montrant qu'elle serait à la hauteur... Avant, elle dormait à même le sol.
On ne sait pas ce qu'elle fuit Lili, comme beaucoup de marins croisés tout au long de ce premier roman (publié par son autrice, qui écrit pour elle-même depuis son adolescence), puisqu'on sait qu'elle est partie de Manosque très jeune, et qu'elle ne veut surtout pas y retourner. Ça jamais !!!

Un beau roman, sur l'envie d'ailleurs...


Dépaysement

10 étoiles

Critique de Clacla44 (, Inscrite le 4 mars 2011, 35 ans) - 21 octobre 2018

Bercée par l'iode, les embruns et les vagues, j'ai été dépaysée par ce récit. J'ai découvert les marins, leur vie sur terre et sur mer. J'ai partagé avec eux leur recherche d'eux-mêmes, leurs peines et leurs traumatismes nommés à demi-mots. Ce roman m'a touchée et totalement embarquée. Je l'ai lu il y deux mois et j'ai l'impression d'y être encore.

Un monde d'hommes

10 étoiles

Critique de Fd (Chexbres, Inscrite le 26 décembre 2017, - ans) - 5 janvier 2018

Ecriture rapide, phrases courtes, vocabulaire puissant, précis; pas de fioritures pour décrire des personnages paumés, des ruelles glauques, l'odeur pénétrante du poisson, un travail harassant jusqu'à l'épuisement; un lever de soleil, caressant, sur une mer apaisée et une femme, une seule, dans ce monde d'hommes. Une atmosphère à couper le souffle, il faut se cramponner au bastingage.

The last Frontier !

10 étoiles

Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 58 ans) - 11 novembre 2017

Catherine Poulain, est née en 1960. Elle commence à voyager très jeune et à multiplier les expériences professionnelles. Ouvrière dans des conserveries de poissons en Islande, saisonnière agricole en France et au Canada, barmaid à Hong Kong, employée sur des chantiers navals aux Etats-Unis, dans la pêche durant dix ans en Alaska.
Le grand marin est son premier roman (Editions de L'Olivier- 2016)

Lili (la narratrice) et Jude (Le grand marin) sont les 2 personnages centraux de ce roman qui semble hautement autobiographique.
Lili -petite française- quitte brusquement Manosque-les-couteaux, direction l'Alaska ùu elle rêve d'embarquer pour pêcher au large.
Arrivée à Kodiak, elle parvient à rejoindre l'équipage du "Rebel", un palangrier pour la morue noire.
Avec Simon, John, Vick, Jesse, Jesús, Dave et Jude; elle va donner toutes ses forces (et plus encore) pour tenir sa place, celle d'une "greenhorn", une demi portion.
Des hommes qui vont devenir sa famille avec qui elle va partager des confidences sur des vies de solitude. Une vie d'errance d'un bateau à l'autre, des quais de Kodiak à ceux de Dutch. Pas de femmes, pas d'enfants, pas de maison.
"Ils étaient dans la vraie vie. Connaître des jours, des nuits, des aubes belles à en renier son passé; à y vendre son âme".
Des hommes qui ont le "Mal de terre" et qui, pour retrouver l'équilibre, vont "repeindre la ville d'un rouge cramoisi" (se saouler).
Des hommes, des tueurs au long cours, des mercenaires; qui risquent de perdre la vie mais qui -au moins- l'auront trouvée avant.
Lili "le moineau" s'identifie totalement à ce mode de vie. Elle est une "runaway", une bête coureuse de route, incapable de se fixer.
Lili en quête de Point Barrow... The last frontier.
Elle va vivre une belle histoire d'Amour avec Jude,"l'homme-lion qui tient sa puissance de son cri, de l'écho de sa voix lorsqu'elle se perd dans la vague". Un taiseux taillé pour le job et que tout l'équipage respecte et évite.

Un roman époustouflant sur des hommes qui vivent intensément parce qu'ils peuvent entrevoir la mort en face. Un métier d'hommes affirment certains. Un métier de passion extrême surtout, qui vous dévore au plus profond mais qui offre les moments de vie des plus intenses.
380 pages qui je n'ai pas vu passer. Un style efficace (de courtes phrases qui claquent) au service d'hommes méconnus.
"Fly till you die" est inscrit sur le T-shirt préféré de Lili !
Précipitez vous vers ce miracle littéraire.

de la mer et des hommes

10 étoiles

Critique de Cyclo (Bordeaux, Inscrit le 18 avril 2008, 78 ans) - 22 novembre 2016

Pour le grand amateur de voyages au long cours sur les océans, ce livre est une aubaine. L'héroïne et narratrice de ce roman, la sensible Lili, décide un beau jour de quitter la France et Manosque (en fait, elle fuit on ne sait quoi) pour l'Alaska et apprendre le métier de pêcheur. Elle est embauchée sur le Rebel, navire de pêche à la morue et au flétan, où on lui donne sa chance, mais sans lui faire de cadeaux : elle devra se faire respecter dans ce monde d’hommes, faire les quarts comme eux, travailler dur. Elle va rencontrer Jude, qu’on appelle "l'homme-lion" à cause de sa crinière et qui deviendra pour elle le "Grand marin". Elle va donc apprendre à jurer, à gueuler, à dormir par terre, à fumer et à boire. Car tout le monde, ou presque picole sec. Lili fera donc comme eux et en fin de compte, saura se faire respecter.

On se laisse bercer par les eaux intranquilles de l’Océan glacial, par le froid et les intempéries, les avaries de matériel, les pieds trempés dans les bottes trop usagées, les mains abîmées par des gants déchirés. Dans cette histoire de marins, Lili, seule femme à bord, ne se plaint jamais, même quand une arête de poisson s’est fichée dans sa main, l’infectant dangereusement. Le travail est rude : sur le pont, on décroche les poissons, on les vide et les nettoie (Lili mange leurs cœurs), on accroche les appâts, et on recommence. Le lecteur croit qu’il va s’ennuyer, car tout cela est bien répétitif, mais non, on est embarqués à bord, on participe, on découvre même l’ivresse due au manque de sommeil... Mais, à côté, "le reste du monde vous semble fade, vous ennuie à en devenir fou". Je confirme qu'après trois mois en mer, le retour à terre est difficile !

Et puis, il y a l’amour, qui paraît bien secondaire pourtant, par rapport à la solidarité, à la fraternité qui unissent ces marins qui ont atteint le bord du monde, "The Last frontier". Peu de femmes ici, dans les ports : des serveuses, des femmes faciles, des Indiennes déculturées. Lili, surnommée "Moineau" à bord, est une héroïne comme on les aime, qui sait joindre les larmes et les rires au fil de ses émotions. Elle, la bleue ("green" en anglais) réussit à se faire une place, à gagner l’estime et la confiance de ses rudes compagnons de bord (et de bordée). "Le grand marin" est, à mille lieues de nos romans parisiens, un livre magique. Un livre de passion sur les "travailleurs de la mer", ici magnifiés.

Drôle de "moineau"

8 étoiles

Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 65 ans) - 19 septembre 2016

Pour quelle raison une jeune femme quitte-t-elle le midi de la France, traverse-t-elle les Etats-Unis pour venir pêcher en Alaska ? Quelle force la pousse à endurer de pareilles épreuves, la pousse à se surpasser ? Que cherche-t-elle à prouver, à se prouver ?
"Qu'est-ce qui t'a fait venir ici ?
- j'sais pas, j'suis partie. Enfin si, je savais, bien sûr que je savais… j'étais sûre de cela au moins, que ce serait différent ici. Je me disais que ce serait propre sur l'océan."

Être une femme, jeune et frêle dans le monde viril des pêcheurs est déjà en soi une épreuve ; mais embarquer et vivre l'intensité à la limite de l'enfer d'une pêche au flétan, à la morue ou au crabe relève d'un incroyable défi. Vivre le froid glacial, la faim, l'humidité permanente, sans droit à l'erreur, en oubliant fatigue, blessures ou maladie. Vivre dans un espace réduit où règne la loi du plus fort surtout quand on est un "green", sans même être sûr d'être payé.
Lili va et veut vivre tout ça. C'est là qu'elle se sent "vivante".
La vie sur la terre ferme est encore plus miséreuse ; l'ennui, l'alcool, des paumés, des alcooliques, une galerie hétéroclite d'indiens, de paumés, d'alcooliques, de rêveurs.
"Moi ça m'a pris comme un désir obscur, aller voir au bout de l'horizon, derrière "the last frontier", je murmure. Mais des fois je pense que c'était un rêve. Que c'est un rêve. Que rien ne peut sauver rien, et que l'Alaska n'est qu'une chimère."
Et puis il y a le Grand Marin. Sur le bateau.

Si au début, j'étais juste intéressée par ce destin original, j'ai vite embarqué avec Lili dans ce roman oppressant, violent, dense. Son courage, son obstination, son acharnement à la limite de la folie, fascinent le lecteur, au milieu des descriptions brutales, réalistes, détaillées de pêches.
Un roman impressionnant et dense.

Le grand marin… un goût d'absolu

8 étoiles

Critique de Hcdahlem (, Inscrit le 9 novembre 2015, 64 ans) - 17 mai 2016

Déjà couronné par de nombreuses distinctions, Le prix Mac Orlan, le prix Joseph Kessel, le Prix Henri-Queffélec, deux Prix Gens de mer et le Prix Ouest-France Etonnants voyageurs, ce premier roman est étonnant à plus d’un titre.
D’abord parce que Catherine Poulain est sans aucun doute l’un des plus étonnants voyageurs de notre littérature. Sur les raisons qui la poussent à quitter la Provence, elle restera très discrète, comme si un beau jour cela était devenu une évidence de vouloir partir en Alaska, de vouloir atteindre « The Last Frontier »… Elle laisse tout pour se marier avec l’océan. Un avion pour New York, un car Greyhound pour rejoindre d’Est en Ouest Seattle et la voilà à Anchorage.
Ensuite parce que rien ne semble devoir arrêter ce bout de femme. Dans une contrée des plus hostiles, dans un milieu presque uniquement masculin, sur un bateau offrant des conditions de vie plus que rudimentaires et des conditions de travail dantesques, elle va finir par se faire accepter.
Parce qu’elle ne laisse pas la souffrance prendre le dessus, parce qu’elle ne concède pas le moindre terrain à la faim, à la fatigue, au froid. Parce qu’à aucun moment elle ne remet son choix en question.
Mieux même. Quand ses compagnons d’infortune lui racontent leurs misères, les blessures, les naufrages, elle les envie presque. Comme eux, elle veut aller au-delà des limites. Son but – qu’elle n’atteindra pas – serait d’atteindre cette dernière frontière, à Point Barrow, au bout du bout.
En attendant, elle vit sa première expérience à bord : «Nous appâtons, des heures et des heures jusqu’à la nuit très sombre, traçant notre route d’écume, sillage éphémère qui déchire les flots et disparaît presque aussitôt, laissant le grand océan vierge et bleu, puis noir.» Le poisson se fait rare, la tempête menace.
«On tombe sur le banc de morues noires la troisième nuit. La mer ne s’est pas calmée. Simon et moi continuons de perdre l’équilibre, au gros de l’effort, et d’aller nous écraser contre les angles des casiers sous le regard excédé des hommes. On se relève sans un mot, comme pris en faute. Mais ce soir-là on n’en aura pas le temps. La première palangre arrive à bord et c’est une déferlante de poissons qui jaillit à nous en un flot presque ininterrompu. Les hommes hurlent de joie.
Mais Lili ne peut partager cette allégresse. Une vilaine blessure à la main l’oblige à quitter le bateau. Sans vraiment savoir quand elle pourra reprendre la mer, elle cherche à s’occuper, travaille sur le port, repeint les bateaux, répare les outils. L’oisiveté serait la mère des vices, même si elle n’hésite pas à accompagner les marins qui vont peindre la ville en rouge. A-t-on vraiment besoin de lui expliquer que «Ça veut dire aller se cuiter», tant les distractions sont peu nombreuses. La bière et le whisky sont les meilleurs compagnons des marins, quelques-uns ont une femme et une maison, d’autres se contentent d’une visite dans un cabaret, voire d’un peu de drogue.
Lili entend rêve de remonter à bord, d’affronter la mer et les flétans. De regarder la mort en face. Malgré les mises en garde. Malgré les témoignages effrayants : «Embarquer, c’est comme épouser le bateau le temps que tu vas bosser pour lui. T’as plus de vie, t’as plus rien à toi. (…) Je ne sais pas ce qui fait que l’on veuille tant souffrir, pour rien au fond. Manquer de tout, de sommeil, de chaleur, d’amour aussi, il ajoute à mi-voix, jusqu’à n’en plus pouvoir, jusqu’à haïr le métier, et que malgré tout on en redemande, parce que le reste du monde vous semble fade, vous ennuie à en devenir fou. Qu’on finit par ne plus pouvoir se passer de ça, de cette ivresse, de ce danger, de cette folie oui ! »
Avec Joey, Simon, Dave, Jesse, Jude et les autres, elle va se battre de toutes ses forces. «La mer nous malmène. Nos pieds sont gelés. Debout sur le pont arrière, nous travaillons sans un mot, le cou rentré dans les épaules, les bras plaqués contre le corps. Nos gestes sont mécaniques. Les reins vont et viennent au rythme de la gîte. Le son rauque, lent et répété de la vague…»
Quant au fruit de leurs efforts, il sera en partie ruiné par la perte d’une partie du matériel qu’il faudra rembourser à l’armateur et par une amende salée pour n’avoir pas respecté les quotas. Ce n’est pas encore cette fois qu’elle repartira cousue d’or…
La maigre consolation de cette difficile campagne s’appelle Jude. C’est lui «le grand marin» qui donne le titre à ce roman et qui partagera, le temps de brèves étreintes, la couche de Lili. Jude qui va s’en aller pour les mers du Sud, Jude qui va attendre Lili. Mais cette dernière ne lâche pas son idée fixe, pas plus qu’elle ne veut rendre les armes face à l’adversité. Elle a encore des choses à prouver. Elle veut remonter à bord du Rebel pour ne nouvelle campagne de pêche.
Catherine Poulain réussit le tour de force d’entraîner le lecteur dans ce qui peut sembler une folie. Après l’effroi, c’est une sorte de fascination qui le gagne. Une addiction. A tel point que quand le roman se termine, on éprouve une sorte de manque et on attend avec impatience la suite du périple de Lili.
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