Garde tes larmes pour plus tard
de Alix de Saint-André

critiqué par Isis, le 11 avril 2016
(Chaville - 79 ans)


La note:  étoiles
Secrets de famille
«Garde tes larmes pour plus tard» disait Elda Faraggi à Léa France Gourdji, sa fille, plus connue sous le nom de Françoise Giroud, lorsqu’elle était enfant. D’où le titre de cet ouvrage assez atypique, dans lequel l’auteur tente, avec la complicité de Caroline Eliacheff, l’enfant que F.G. avait eue avec Anatole Eliacheff - aujourd’hui psychanalyste très médiatisée - de débusquer certains secrets de famille, volontairement dissimulés par la célèbre journaliste, tels sa judéité ou le mystère pesant sur les circonstances de la mort de son père.

Avec une ténacité à toute épreuve, Alix de Saint André qui avait noué une amitié improbable avec F.G., tant leur personnalité et leurs opinions étaient divergentes, va exhumer au terme d’une enquête, quelque peu fastidieuse pour le lecteur il faut bien le dire, 25 cartons d’archives qu’elle avait confiés à l’IMEC (Institut Mémoire de l’Edition Contemporaine) dont un manuscrit autobiographique jugé, à l’époque, impubliable par Florence Malraux, car beaucoup trop sulfureux et intime...

Que dire, enfin, de ce long cheminement au sein d’un véritable labyrinthe administratif et paroissial permettant entre autres, à l’auteur de retrouver le certificat de baptême de F.G. ?

Epilogue de cette aventure : Alix de Saint André fera ultérieurement publier à titre posthume, toujours avec l’autorisation de la fille de F.G. ce journal intime dont le titre «Histoire d’une femme libre», s’il convient parfaitement à l’image que l’on se fait de l’intéressée, avait déjà été utilisé par cette dernière, en sous-titre de sa biographie consacrée, cette fois, à Lou Salomé… F.G. aurait-elle apprécié ou même simplement approuvé cette initiative ? La question mérite d’être posée.

Au total, ce travail de recherche, particulièrement laborieux et honnête, si l’on en croit les erreurs et malfaisances qui auraient été commises par d’autres biographes de F.G. (Christine Ockrent et Laure Adler, pour ne pas les citer) se révèle en tout cas bien peu littéraire, tant par la forme (style télégraphique des mails incessants échangés entre Alix et Caroline) que par le fond (assez proche, en définitive, des potins de la presse people).
Au moins devrait-il passionner les admirateurs de Françoise Giroud.