La bonté humaine
de Jacques Lecomte

critiqué par Colen8, le 30 mars 2016
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Tout le monde il est gentil, enfin presque toujours
Les enquêtes sociologiques le confirment, la bonté est au cœur de l’humanité depuis des millénaires. S’agissant de l’enfant, par conséquent de l’homme en devenir, c’est contraire aux affirmations ayant longtemps prévalu émises par les psychanalystes Freud et Piaget ou le comportementaliste Skinner. Mêmes observations chez les primates dont les liens d’amitié, de coopération sont en contradiction avec les publications de Konrad Lorenz. Faite de compassion devant la souffrance, de sollicitude face à un besoin d’aide, de conscience morale pour dénoncer l’injustice, la bonté se pose en rempart contre les violences trouvant leurs sources dans la tricherie, la criminalité, la barbarie. L’expression de la bonté, de la générosité, de la gentillesse spontanée n’est en aucun cas synonyme de naïveté. Tel est le message délivré par ce docteur-enseignant en psychologie positive, une discipline encore récente qui se veut à la fois optimiste, réaliste et surtout porteuse d’espoir.
A l’appui de sa thèse il cite quantité d’exemples d’entraide et de solidarité entre des inconnus sans liens entre eux, des Juifs accueillis et cachés pendant l’occupation allemande, des déportés se soutenant dans les camps de concentration, des sauveteurs comme les pompiers, l’engagement des bénévoles sans lequel les associations humanitaires n’existeraient pas. Une annexe d’une trentaine de pages explique d’où vient la croyance largement répandue à tort en Occident que la méchanceté est inhérente à notre nature. Ce sont des théologiens, des philosophes, des idéologues qui se sont concentrés sur cette idée sans avoir vraiment été réfutés. La neurobiologie, les images de l’IRM fonctionnelle, les expériences de l’économie empirique sont là pour confirmer le contraire. L’activation des circuits de la récompense se voit chez les sujets altruistes privilégiant l’honnêteté, la confiance, la coopération, la justice plutôt que le chacun pour soi, l’intérêt personnel et l’égoïsme. On a du mal à le croire au vu de ces torrents d’images de violence déversées en continu dans les médias, et pourtant.
Tout comme l’aptitude universelle au langage, la bonté est innée chez le bébé puis le jeune enfant. Toutes les occasions lui sont bonnes pour témoigner de la générosité, du soutien, de l’attachement autour de lui. L’exemple des proches, l’éducation agissent ensuite pour renforcer ces prédispositions naturelles. A l’opposé le stress post-traumatique observé chez nombre de vétérans des conflits armés traduit la répugnance innée elle aussi d’un individu à tuer qui que ce soit, fut-il son ennemi. On peut mettre à part les psychopathes, des personnages sans distinction d’origine, de genre, de catégorie socioprofessionnelle, marqués par l’insensibilité sociale, inaptes à percevoir l’émotion d’autrui, à ressentir la compassion. Loin de là tous ne sont pas criminels. Même s’ils ne comptent que pour 2% environ d’une population donnée, portés par une ambition sans scrupule, surreprésentés dans les hautes fonctions, ils ont un pouvoir d’entrainement puissant dont on a pu observer les effets dévastateurs dans le présent comme par le passé.