Une succulente au fond de l'impasse
de Anne Bragance

critiqué par Marvic, le 29 mars 2016
(Normandie - 65 ans)


La note:  étoiles
Ils étaient trois amis...
François traverse une crise professionnelle et familiale difficile.
En tant que fils qui ne se remet pas de la mort de son père et de la trahison de sa mère.
En tant que mari, rejeté par son épouse qui ne le supporte plus, méprisé par ses fils à qui il sert juste de chauffeur… quand il n'oublie pas.
Et puis en tant qu'agent immobilier, il subit de plein fouet la crise économique. Lui qui gérait une agence prospère se retrouve maintenant à faire du porte à porte jusqu'aux plus petites impasses.
Jusqu'à l'impasse de la Succulente. Nom des plantes, de la maison et surnom de l'unique habitante. Et une habitante fascinante car la rumeur dit que la Succulente est une prostituée.
Poussé par la curiosité, il sonne au portillon. Il rencontre une femme surprenante en peignoir, dans une serre remplie de cactées. Elle ne lui demande rien, l'écoute, et pour la première fois depuis longtemps, il se sent bien. Si bien, que ses visites vont lui devenir indispensables.
"Nous venons dépasser le cap de l'équivoque et c'est aussi bien. L'amitié entre un homme et une femme est d'essence très volatile, un rien peut provoquer un précipité qui en altère la nature."

Emma est la Succulente. C'est elle qui prend la parole dans la deuxième partie du roman.
Pourquoi a-t-elle quitté son île de Noirmoutier ? Elle n'a pas dit toute la vérité à François. Un mariage raté, un veuvage qui la laisse nantie et surtout un "rêve de désordre". Envie de vivre son corps et tout le plaisir qu'elle peut prendre et surtout donner.

Et puis la discrète Bénédicte. Belle-sœur d'Emma, seule aussi, atteinte de sclérose en plaques. Mal mariée, orpheline comme François et Emma, elle a besoin d'aide pour vivre, se déplacer.

Jolies rencontres de trois personnes au destins parallèles. La perte du père, des mariages hasardeux, une vie de couple et une sexualité absentes.
Un roman court, délicat, sensible et pudique.
"Au fond, il n'est pas si difficile de se tenir à hauteur d'amitié."
Une pause de tendresse bien agréable.