Outre-Terre
de Jean-Paul Kauffmann

critiqué par Tanneguy, le 24 mars 2016
(Paris - 84 ans)


La note:  étoiles
Les Kauffmann s'intéressent à la bataille d'Eylau
C'est un projet qu'ils avaient formé dix ans auparavant : assister au deux centième anniversaire de la bataille d'Eylau qui s'est déroulée en février 1807. Et les voilà en route tous les quatre, Monsieur, Madame et leurs deux garçons, de jeunes adultes maintenant. Et d'abord, où se trouve Eylau ? En Russie, comme chacun le sait (?), plus précisément à proximité de Kaliningrad, anciennement Königsberg rebaptisée ainsi après 1945. Ce territoire russe a pour particularité d'être aujourd'hui séparé de la Russie "continentale", enserré entre la Pologne et la Lituanie, d'où l'appellation d'outre-terre qui rappelle l'outremer des pays continentaux...

L'auteur est un fervent amateur de l'épopée napoléonienne, il a travaillé son sujet, il avait fait quelques années auparavant un "pèlerinage" à Sainte Hélène par exemple et il a épluché les documents relatifs à cette bataille malheureuse de Napoléon qui laisse entrevoir le désastre de Waterloo : un carnage ! et en fin de compte une "victoire" qui n'en est pas une réellement ; d'ailleurs les Russes considèrent qu'ils en sont sortis vainqueurs...

J.P. Kauffmann nous raconte tout : son voyage, la bataille, la reconstitution et nous fait part de ses réflexions sur de nombreux sujets, l'histoire de Kaliningrad, les souvenirs laissés par certains participants, les peintures grandioses exécutées à la demande de l'empereur. Il évoque même pudiquement sa propre histoire d'otage pendant 3 ans de ces fous furieux qui aujourd'hui égorgent ces mêmes otages dans des conditions horribles.

Le récit est sobre, simple, facile à suivre même s'il aborde les sujets divers en sautant d'une période à l'autre. Nous le suivons dans ses rêveries parfois mélancoliques, toujours pertinentes qui alimentent nos propres réflexions.

J'ai pris un grand plaisir à suivre ce récit dans le temps et dans l'espace.
Plus et moins 6 étoiles

Kaufffmann est depuis longtemps intéressé par la personne de Napoléon et il a repéré la bataille d'Eylau (8 février 1807) comme moment de retournement du destin de son héros, p.41: .."Eylau présente tous les caractères de la catastrophe qui va le mener insensiblement à Saint-Hélène." D'autres références lui permettent également d'indiquer que l'année 1807 est celle où commencent à se manifester des signes de dégradation physique et mentale de Napoléon.
Il organise donc un voyage familial pour le deux centième anniversaire de cette bataille. Et son récit mêle une très large quantité d'ingrédients plus ou moins liés au sujet principal: le voyage familial, le "Colonel Chabert" de Balzac, le film d'Yves Angelo, Julia l'interprète russe, le tableau de Gros, le récit historique de la bataille, les généraux de Napoléon, la description des lieux visités, diverses remarques en tous genres, etc. Il en résulte un galimatias plutôt intéressant, mais trop confus (il y a de nombreuses redites) et parfois d'une redoutable banalité. Comme dit la critique précédente :"pas de quoi se pâmer pour autant".

Falgo - Lentilly - 84 ans - 17 août 2017


Petite leçon d'histoire 6 étoiles

Voyage en famille, leçon d’histoire, réflexion intérieure...
Outre-terre, c’est un peu tout cela. Une visite dans cette enclave russe (autrefois la Prusse orientale) coincée entre la Lituanie et la Pologne, sur le site de la bataille napoléonienne d’Elnau, aujourd’hui Bagrationovsk.
JP Kauffmann entrelace le récit de ses quelques jours de vacances, ses souvenirs d’un voyage plus ancien, le déroulement de la bataille, l’analyse des tableaux d’époque représentant la scène et des réflexions personnelles.
C’est bien écrit avec de belles descriptions (notamment les paysages d’hiver), documenté, ça se lit bien malgré l’entrelacement volontaire des différents sujets. Pas de quoi se pâmer pour autant.

Romur - Viroflay - 50 ans - 18 août 2016