Comédie française - Ça a débuté comme ça
de Fabrice Luchini

critiqué par Catinus, le 24 mars 2016
(Liège - 72 ans)


La note:  étoiles
C'est du lourd !
Pour parodier le titre d’un tableau de Magritte, on peut dire : « Ceci n’est pas une biographie ». Ni une autobiographie. Si Fabrice Luchini évoque, çà et là, une fine tranche de sa vie, privée ou publique, cela ne se résume jamais qu’à sorte de flash, une impression du moment de sa vie d’acteur, de récitant. L’homme préfère de loin mettre en avant ceux qu’il adule : Céline, La Fontaine, Molière, Rimbaud, Barthes, Muray, Nietzsche, Flaubert, Cioran, Rohmer … Eh oui, (parfois) Luchini peut être modeste, donnant la préférence à s’effacer devant plus « énorme » que lui. Donc, si vous voulez connaître son côté « people », veuillez vous tourner vers les médias : télé, vidéos sur le web, radio.

Ici, c’est du lourd, du très lourd même parfois ; donc cool : il convient de prendre ce qu’il y a à prendre ( ou à comprendre) …



Extraits :


- Sous quel astre, bon Dieu, faut –il que je sois né,
Pour être de fâcheux toujours assassiné !
Il semble que partout le sort me les adresse,
Je n’en vois, chaque jour, quelque nouvelle espèce,
Mais il n’est rien d’égal au fâcheux d’aujourd’hui.

Molière : « Les fâcheux »


- On cherche ce qu’il dit après qu’il a parlé

Molière : « Les femmes savants »


- L’art de fréquenter les humains repose essentiellement sur l’adresse avec laquelle on est capable d’accepter et de déglutir un repas dont la cuisine n’inspire aucune confiance. Si l’on arrive à table avec une faim de loup, tout va bien (…), mais on n’a pas cette fringale quand on veut ! Que le prochain, hélas, est dur à digérer.
Nietzsche

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En bonus, « le voyage au bout de la nuit », de Céline interprété par Fabrice Luchini :
https://www.youtube.com/watch?v=4-0XNZ1vyBM
Itinéraire d'un coq du Tout-Paris 4 étoiles

Jamais pu supporter ce type et tout ce qu'il déplace. Oh bien sûr, je ne nie pas son grand talent et son emphase - et aussi le fait qu'il est autodidacte - mais le seul fait de l'entendre parler développe chez moi une sensation primaire voire allergique. A mon grand regret. Et, bien sûr, je cherche ensuite des raisons;

La première est qu'il est clair que Luchini est devenu l'inverse de ce qu'il était en mutant vers une sorte de caniche savant qui éberlue et séduit les mondains et les intellectuels qui eux savent; tout en faisant du monde à la TV: il passera au zapping de toute façon...

Je ne parle même pas de ses films (à part les premiers quand il était humble) qui sont pour moi l'essence même d'un vieux cinéma en décrépitude produit par des fonctionnaires de l'art en pantoufles, ceux-là mêmes dont parle Eric Neuhoff lorsqu'il est en forme et point trop un journaliste du Figaro.

De même je suis toujours atterré quand ce genre de type parle d'audace tout en citant de ces multiples couches d'écrivains originaux alors qu'ils vont tous dans le même sens complaisant !

Enfin, juste au pif, je ne pense pas que "Gemma Bovery" ou "Alceste à bicyclette" restera dans les annales.

Antihuman - Paris - 41 ans - 24 octobre 2019


La ronde des superlatifs 7 étoiles

Même s’il semble se défier d’un ouvrage strictement autobiographique en s’effaçant devant les maîtres qu’il vénère, Luchini livre ici quelques épisodes étonnants de sa vie assez peu ordinaire : ses débuts comme apprenti-coiffeur, ses premiers pas au théâtre, au cinéma, les circonstances de sa rencontre avec Barthes, puis avec Rohmer. Pour le reste, Luchini donne quelques clés de son admiration pour Molière, Céline, La Fontaine, Muray, appuyées de nombreux extraits, et de force « énorme, génial, sensationnel, fascinant, hallucinant,.. », et autres superlatifs qui masquent peut-être un défaut d’analyse.

Alceste - Liège - 62 ans - 6 novembre 2016


Peut-être un peu trop sage ? 7 étoiles

J'adore Luchini et j'ai acheté son livre par impulsion. Je ne suis d'ailleurs pas certain de savoir ce que je voulais y trouver. Le Luchini déjanté qui fait son show comme à la télé ou à la radio ? Ou sa face cachée ?

Pour faire court, Luchini nous parle beaucoup, surtout, des auteurs qu'il admire : La Fontaine, Céline, Rimbaud... J'exagère un peu et ce n'est pas rien mais c'est finalement dans la continuité du Luchini que l'on connait. La lecture est rapide, agréable, mais après coup j'aurais aimé autre chose, autre chose de plus personnel que son livre laisse d'ailleurs entrevoir :
- que Luchini parle davantage de son métier d'acteur, de ses techniques, préparations, expériences, etc.
- ou qu'il fasse un journal de bord 100% subjectif

Bref, qu'IL se mette paradoxalement plus en avant !

Botchman - - 51 ans - 16 mai 2016


Un parcours revu dans le désordre 8 étoiles

Ce comédien connu pour s'être forgé un statut d'esthète snob et drôle, alors qu'il assume pleinement ses origines populaires et sa propension à la morosité, revisite sa carrière de manière impressionniste, au gré de ses souvenirs agréables. Il alterne souvenirs lointains et proches de son début de carrière et d'un passé encore presque présent.
Ce livre correspond à une commande d'éditeur. Il s'y présente sous son style habituel, truculent, débordant de verve, souvent burlesque, parfois pathétique. Il touche souvent, fait rire aussi souvent. Je déplore toutefois le caractère oral de son style, probablement inspiré de son cher Céline, mais j'apprécie grandement qu'il nous expose pourquoi il vénère ses auteurs préférés, comme La Fontaine, Rimbaud, Céline ou Muret. J'ai évidemment beaucoup apprécié la description de ses rencontres avec Eric Rohmer, revenant assez fréquemment dans nos discussions cinématographiques sur ce site, et Roland Barthes.
Il précise qu'il n'est pas si évident de faire le bon client qui amuse la galerie à la télévision, ce qui serait moins simple que de présenter des grandes textes littéraires sur scène. Il en énonce un peu sur l'art oratoire, la manière de respirer et d'énoncer au théâtre.
Cet ouvrage est donc évidemment intéressant, instructif par moments, plus souvent divertissant et drôle. Il est à conseiller.

Veneziano - Paris - 46 ans - 28 mars 2016